Où se terre Abdoul Sibiri Traoré, le chauffard dont le véhicule s”est renversé sur la route de Lassa ? Pour l”instant nul ne le sait avec exactitude. Mais ce ne serait plus pour longtemps assure le commissaire divisionnaire Almoubareck Maïga du commissariat de police du 2e arrondissement (La Poudrière).
Le faits remontent au 8 janvier dernier.
Rien à priori rien ne différenciait cette journée des autres qui ont vu des milliers de fois Abdoul Sibiri emprunter le petit trajet. Ce jour là notre chauffeur embarque des passagers de la petite bourgade à destination de la capitale. Mais à mi chemin, la Sotrama que conduisait Traoré sortit de la route à la descente d”une pente. Le véhicule roula sur lui même comme un tonneau sur plusieurs mètres avant de s”immobiliser sur son flanc sur le bas côté. Il y eut 7 blessés dont deux dans un état critique. Le conducteur lui même en sortit indemne, pendant que son apprenti ne présentait que de superficielles éraflures.
Alertés par des riverains, les secouristes des services de la protection civile se transportent sur les lieux de l”accident. Les passagers furent transportés au service des urgences de l”hôpital Gabriel Touré. Les blessés dont l”état de santé exigeait une surveillance médicale ont été placés en observation, alors que le chauffeur, son apprenti ainsi que d”autres passagers, moins affectés regagnèrent leurs domiciles.
Abdoul Sibiri Traoré a quitté l”hôpital en laissant son permis de conduire entre les mains des agents du service des urgences. Le cahier de bord et la carte grise du véhicule disparurent miraculeusement. Et comme pour ne rien arranger à cette affaire, jusqu”au passage de notre équipe de reportage hier, le propriétaire de la Sotrama ne s”était même pas manifesté à la police pour s”enquérir de l”état de santé des malades et de sa voiture.
LA TROISIÈME FOIS : Selon des renseignements que nous avons recueillis auprès des agents de la section voie publique du commissariat de police du 2ème arrondissement Abdoul Sibiri Traoré est à son troisième accident. Les populations de Lassa l”attendent également de pied ferme pour lui demander des comptes sur son comportement sur la voie publique. Âgé de 42 ans Abdoul Sibiri Traoré est père d”une famille nombreuse. Les expertises de la police ont permis de découvrir une défectuosité du système de freinage du Sotrama qui serait à l”origine de l”accident de la route de Lassa. A en croire des témoins de cet accident et la version des faits de l”apprenti, c”est en voulant éviter un véhicule qui venait en sens inverse que le véhicule lancé à toute vitesse a fait une embardée avant de terminer sa course sur le bas côté.
Le commissaire Almoubareck Maïga a aussi révélé que dans la seule après-midi d”avant hier, son unité a enregistré 5 accidents avec des conséquences graves sur les passagers. Quatre de ces accidents impliquaient des Sotrama. Mais le plus grave qui a occasionné un cas de décès a été provoqué par un motocycliste.
Les chiffres de cette seule journée de lundi confirment la hausse tendancielle des accidents de circulation dans le District qui ressort d”un document que la mairie du District de Bamako nous a fait parvenir. Le document intitulé "Sécurité routière : Bilan des accidents corporels de la circulation routière dans le district de Bamako, année 2005" fait ressortir que pour cette seule année, on dénombre 2349 accidents corporels ayant entraîné 190 tués, 887 blessés graves et 1348 blessés légers, soit un total de 2425 victimes d”accidents de circulation. Toutefois "si en 2004, 1 accident sur 9 a fait un tué, en 2005, 1 accident sur 12 a provoqué la mort d”une personne".
LA FAUTE DES DEUX-ROUES
En 2005, le mode de transport qui a été impliqué dans les causes d”accident est de loin les engins à deux roues (2209 cas), suivis des véhicules légers (1163). Les piétons et les transports collectifs ont été impliqués respectivement dans 565 et 558 cas. Les poids lourds et les piétons ont occupé la queue du peloton avec dans le même ordre 188 et 86 cas.
Les accidents impliquant les deux roues ont fait au cours de la même année 76 tués. Au même moment, 71 piétons ont trouvé la mort. Les véhicules légers ont fait 14 victimes. Les transports collectifs, les vélos et les poids lourds ont tué respectivement 20, 6 et 3 personnes.
Pour la même année, le mois de décembre a été le plus meurtrier avec 224 tués. les mois de janvier, d”avril et de mai ont comptabilisé chacun plus de 200 morts provoquées par les accidents de la circulation. On recense plus de victimes les lundi, les mercredi et les samedi que les autres jours, selon le document du District de Bamako. La pointe du samedi qui est à 358 cas s”explique par la fréquence des déplacements ce jour.
Les communes V (673 cas) et VI (572 cas) sont particulièrement les plus touchés par le nombre d”accidents. Mais c”est en commune III que se sont passés les accidents les plus graves (63,19 %), suivie des communes I et VI avec respectivement 53,78 % et 56,46 %. Près du quart (523) des accidents survenus dans le District a été constaté par le commissariat du 4e arrondissement.
En tête des routes où se passent le plus d”accidents vient l”Avenue de l”OUA. Elle est suivie du Boulevard de la CEDEAO, de l”Avenue Cheick Zayed, de la Rue Martin Luther King, de la RR14 (Route de Koulikoro), de la RN5 (Route de Sébénikoro), des voies de l”ACI 2000 et de la route de Kati (RN3).
Plus de 60 % des accidents se sont déroulés hors des intersections, près de 29 % dans les intersections et un peu plus de 10 % ont eu lieu dans des endroits non précisés.
Le document de la mairie du District recommande enfin "la formation pour développer une culture de la sécurité routière, une campagne nationale de communication dans les écoles, un renforcement de la signalisation routière et une application rigoureuse des mesures réglementaires en vigueur".
G. A. DICKO
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