Fait divers : Le naufrage d''un couple (1): Les jours heureux

    0

    Haoua et Bachi avaient entamé une idylle sans nuage et rien ne paraissait pouvoir ébranler leur couple.
    rn
    rnPour une fois, nous allons rembobiner le film d”une histoire dont nous avions conté le dénouement il y a deux semaines. En effet, nous avons déjà rapporté à nos lecteurs la manoeuvre machiavélique de cette dame (Haoua) qui avait tenté de faire passer son ex-mari (Bachi) pour un maraudeur et qui avait incité les populations à le lyncher. Sabalibougou où se sont déroulés les faits aurait pu être le théâtre d”un affreux drame si la victime désignée n”avait pas réussi à garder son sang-froid. A la foule surexcitée, l”homme avait expliqué en termes clairs que son ex-femme lui en voulait pour avoir demandé et obtenu le divorce. C”était pourquoi elle avait imaginé cette grotesque mise en scène pour le faire mettre à mort. Nous sommes aujourd”hui en mesure de reconstituer cette rocambolesque histoire qui s”est poursuivie au tribunal de première instance de la Commune V.
    rn
    rnTout a commencé en 2001 à l”extérieur du Mali. Bachi s”y trouvait comme stagiaire dans une école professionnelle et son idylle avec Haoua commença une nuit de décembre. La jeune dame lui fut présentée par un ami commun. Bachi – aujourd”hui cadre dans un service public – se proposa dans un premier temps de se limiter à des rapports purement amicaux avec l”inconnue. Cette précaution, estimait-il, lui permettrait de mieux la connaître avant d”entamer avec elle une liaison sérieuse. Mais les choses allèrent beaucoup plus vite que prévu. Trois semaines plus tard, Bachi changea d”avis et informa Haoua de son intention de la demander en mariage à ses parents. La dame sortait d”une première union malheureuse dans laquelle elle avait eu deux enfants et elle savait que cette proposition était une aubaine, lorsqu”on sait la difficulté qu”éprouvent les divorcées pour se recaser.
    rn
    rnEn outre, elle savait que son soupirant jouissait d”une situation professionnelle enviable. Elle donna alors son accord sur le champ et promit à Bachi d”être pour lui une épouse modèle.
    rn
    rnA la fin de son stage et avant de s”envoler pour le Mali, Bachi demanda à sa dulcinée de le rejoindre au plus vite. Ce que fit Haoua qui débarqua à Bamako le 24 décembre, mais ne rencontrera Bachi que 72 heures plus tard. Très pris par ses responsabilités, l”homme dut solliciter de son patron une permission d”absence pour, dit-il, s”occuper comme il le fallait de sa fiancée. Il piqua droit sur le marché le plus proche où il acheta une dizaine de kilogrammes de viande de bœuf qu”il apporta à Haoua et qu”il accompagna d”une importante somme d”argent. En quittant sa fiancée, il l”informa qu”il ne reviendrait pas avant le lendemain puisqu”il devait recevoir des invités d”un certain âge ce soir là. Bachi convainquit avec peine la dame de ne pas l”accompagner. Car, expliqua-t-il, ses invités étaient des gens très religieux et admettraient difficilement de le voir en compagnie d”une femme qui n”était pas son épouse.
    rn
    rnEN ATTENDANT LE MARIAGE CIVIL.

    rn
    rnAinsi que promis, le lendemain matin, Bachi sur le chemin de son bureau fit escale chez Haoua. Il lui fit une annonce à laquelle elle ne s”attendait certainement pas : les premières noix de kola seraient envoyées à la famille de la dame dans les 48 heures. Haoua, au comble de la joie, ne put s”empêcher d”étreindre son fiancé devant toute la famille, avant de présenter Bachi à ses grands-parents. S”adressant à son grand-père, elle lui annonça la bonne nouvelle en plaisantant. "Tu as désormais un concurrent, dit-elle au vieillard. Puisque tu préfères ta vieille femme, je vais me mettre avec un jeune qui peut te balancer d”un seul revers de main". Le grand-père se mit à rire et adopta le même ton en se tournant vers Bachi. "Je t”avertis que la concurrence sera rude, lui prédit-il, parce que celle que tu veux prendre ne peut pas se passer de moi".
    rn
    rnLes quolibets s”échangèrent pendant quelques minutes avant que Bachi ne prenne congé de sa désormais belle-famille sous les bénédictions de toute l”assistance. Dès le lendemain, il fit envoyer les noix de kola et trois jours plus tard, le mariage religieux fut célébré. Après la cérémonie, Bachi sollicita et obtint de sa belle-famille que Haoua passe la nuit chez lui en attendant que le mariage civil soit à son tour célébré. Lorsque le couple fut seul, Bachi fit comprendre à son épouse que le mariage civil tel qu”elle le souhaitait s”annonçait très onéreux. Il lui demandait donc d”attendre que les temps deviennent financièrement plus cléments. Toutefois, il se proposa de débloquer une somme importante pour qu”elle puisse s”installer confortablement dans son nouveau foyer. Haoua ne se fit pas prier pour accepter ce scénario et se fit fort de convaincre les siens de patienter pour la célébration du mariage civil.
    rn
    rnLa dame, qui reçut l”accord de sa famille, emménagea donc chez Bachi sans tambour, ni trompette. Elle emmena dans ses bagages les deux enfants de son premier mariage et deux petites cousines que Bachi traita comme ses propres enfants. L”homme tint sa promesse de mettre sa femme dans les meilleures conditions. Il dépensa une somme assez coquette dans les frais d”aménagement et d”ameublement. Les efforts financiers qu”il avait consentis firent bien tôt le tour de la ville. Les premières à venir vérifier la véracité des rumeurs furent les amies de Haoua. Toutes furent subjuguées et ne cachèrent pas leur admiration pour le nid douillet qu”avait su construire Bachi pour son épouse. Toutes firent des bénédiction pour que le mariage de Haoua surmonte les épreuves de la vie. La dame de son côté cherchait l”onction et la bénédiction des marabouts pour que l”époux lui reste éternellement fidèle.
    rn
    rnQuelques mois plus tard, Haoua tomba enceinte et accouchera d”un garçon. Pour le baptême du bébé, Bachi – dont c”était le premier fils – se montra plus prodigue que jamais. En plus de deux moutons, il fit abattre un bœuf. Haoua avait invité deux groupes de musiciens traditionnels. Le couple paraissait planer sur un nuage. "La volonté d”une femme, ça se respecte lorsqu”on l”aime", rétorqua Bachi à un de ses camarades qui lui avait fait remarquer qu”il s”était montré extravagant dans les dépenses du baptême.
    rn
    rnAprès cet heureux événement, la vie continua à couler de manière sereine pour Bachi et Haoua. Leur bonheur semblait attirer chez eux tous ceux qui les connaissaient et la maison ne désemplissait pas. Au nombre des multiples visiteurs se trouvait une amie de Haoua par qui tous les malheurs des tourtereaux allaient commencer.
    rn
    rn(à suivre)
    rnG. A. DICKO
    rn

    Commentaires via Facebook :