Fait divers : Le mystérieux blessé de Babouyabougou

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    Bolo a été blessé par une de ses victimes. Il n’a pas voulu se faire soigner dans un centre spécialisé par crainte de se faire coincer. Un anonyme l’a dénoncé.

    Le commissariat du 6e arrondissement est très actif ces derniers temps. La persévérance de l’équipe de Moussa Diarra, chef de la brigade de recherche et de renseignements a permis de démanteler deux grosses bandes entre le 28 décembre et le 30 janvier. En effet, le samedi 28 décembre dernier deux soldats après avoir constaté l’existence d’un groupe de jeunes, qui passent le plus clair de leur temps à prendre du thé le jour et à sortir la nuit, ont tiré les conclusions de leur enquête. Ils avaient désormais en mains toutes les preuves pour incriminer ces jeunes gens de délinquance. Lorsqu’ils ont conclu que le groupe était composé de voleurs de motos, ils ont pris la direction du commissariat du 6e arrondissement pour informer de leurs soupçons le contrôleur général Sabane B. Touré. Les deux militaires lui exposèrent dans les détails leur constat et lui donnèrent les preuves en leur possession. Ce haut gradé de la police fut longtemps chef BR tant à Bamako et à l’intérieur du pays quand il était inspecteur. Il mandata ses éléments pour examiner de plus près la situation et localiser le grin des suspects. L’inspecteur divisionnaire Moussa Diarra chef BR au même commissariat fut chargé de diligenter la mission. La même nuit une descente sur les lieux a été organisée. Les policiers trouvèrent au lieu indiqué neuf jeunes gens en train de prendre du thé. Ils écoutaient de la musique sur des téléphones portables. L’équipe de la brigade de recherche et de renseignements procéda après la maîtrise du groupe à une fouille corporelle sur place. Dans les poches de Boubacar Dao un policier découvrit deux balles de revolver italien.

    Interrogé sur l’origine des munitions, Dao prétendit les avoir achetées pour le compte d’un autre chez leur fournisseur Yacouba Koumaré. Ce forgeron est spécialisé dans la fabrication des armes et la vente des produits dérivés. Il n’a toutefois pas révélé le nom de l’auteur de la commande. Mais celui-ci se trouvait comme on le verra plus tard dans le groupe des neufs jeunes arrêtés. Le 30 janvier dernier le médecin-chef du centre de santé catholique de Nafadji était en pleine activité quand arrivèrent deux jeunes dont l’un était blessé au bras. Ils avaient transporté chez le toubib un autre jeune homme mortellement blessé par balle. Ils le déposèrent et s’empressèrent d’enfourcher leurs motos en annonçant qu’ils reviendront plus tard. Le blessé grave finira par succomber à ses blessures, quelques minutes après son arrivée chez le médecin du centre. Le praticien ne savait plus que faire. Ceux qui avaient conduit le malade étaient déjà partis. Il était plongé dans ses pensées lorsque les inconnus se manifestèrent. Ils sont revenus en compagnie d’une deuxième personne qui était visiblement sous menace et portant des traces de sévices corporels. Ils déposèrent cette personne en déclarant qu’elle était bien au courant de ce qui était arrivé au défunt. Comme alibi pour ne pas perdre beaucoup de temps sur les lieux ils assurèrent au praticien de santé qu’ils allaient repartir informer les parents du défunt.

    UN ACTE DE PATRIOTISME. Mais quelques jours auparavant, c’est-à-dire le 25 janvier, une source anonyme avait informé les mêmes policiers de la présence d’un homme blessé par balle, qui se faisait soigner à domicile à Korofina Sud. Des agents furent envoyés pour identifier l’endroit. Sur les lieux, ils procédèrent non seulement à l’identification de la maison mais aussi au recoupement de certaines informations obtenues discrètement. A partir de ces indices ils parvinrent à arrêter un certain Bakary Diawara alias Zon Sé Sourouni (le voleur aux jambes courtes). L’homme ne fut pas avare en dénonciation. Il permit ainsi aux enquêteurs de mettre la main sur Baïni bien connu des archives de la police comme un grand voleur d’engins à deux roues. Ce dernier craignant sans doute d’assumer seul une charge de vol et de tentative de meurtre cracha le morceau. Il révéla que le blessé n’était autre que Youssouf Doumbia alias Bolo, le célèbre acteur de karaté. Les policiers n’avaient plus qu’à aller le cueillir. Ils se rendirent chez lui en compagnie de son compère Diawara. Les deux délinquants furent conduits au commissariat. Interrogé sur l’origine de sa blessure, Bolo expliqua que lui et son compagnon roulaient à moto du côté de Ngomi. Ils aperçurent un homme seul qui arrivait sur une moto Jakarta. Les deux voyous s’étaient concertés pour le braquer. Quand le motocycliste arriva à leur niveau, ils le braquèrent. Mais l’inconnu avait continué son chemin faisant fi de leur menace. Voyant qu’il n’obtempérait pas à leur ordre de s’arrêter, Zon Sé Sourouni tira sur l’homme avec une arme de fabrication artisanale (AFA).

    Le quidam tomba mais n’était heureusement pas blessé. Il resta immobile. Les bandits s’approchèrent de son engin qui continuait à ronronner. Celui qu’ils croyaient alors mort sortit, à son tour un pistolet automatique. Il tira sur le porteur de l’AFA qui fut atteint au mollet et tomba lourdement. Surpris par la réaction de leur victime, les bandits prirent leurs jambes au cou en abandonnant leur propre engin. L’inconnu se releva. Il mit en marche sa moto et disparut dans la nuit, laissant derrière lui la motocyclette des détrousseurs. Quant au blessé, il préféra aller se refugier chez lui du côté de Babouyabougou. C’est dans ce quartier qu’il a été capturé par les enquêteurs du contrôleur général Sabane B. Touré. Encore une fois il est prouvé que la collaboration des bons citoyens avec les services de sécurité est de tout bénéfice pour la population. Les deux militaires, l’homme au niveau du centre de santé catholique de Nafadji et l’anonyme qui a dénoncé la présence d’un blessé par balle dans une famille ont fait œuvre utile. Ils ont permis à la police de nous débarrasser, même de façon provisoire, d’une partie de la pègre bamakoise. Chacun de nous peut agir comme eux. Chacun a le devoir de le faire si nous tenons à notre sécurité. Les services de sécurité ne dévoilent jamais l’identité de leur indicateur. Ils sont, comme les journalistes. Ils protègent leur source. Certes, les gens ont peur des représailles des malfaiteurs. Mais en les laissant sévir dans la société sans les dénoncer ils constitueront une menace plus grande pour l’ensemble de la ville. Le fait de les dénoncer, d’aider la police à les coincer est un acte de patriotisme. En agissant dans le bon sens tout citoyen honnête se rend utile à la société. En même temps il aide la police nationale. Elle possède depuis des années déjà un service d’identification judiciaire (IJ) bien outillé pour ficher les délinquants. A chacun de se rendre utile pour assurer notre sécurité.

     

    Gamer A. Dicko

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