Se sentant en danger, le canardeur n”a pas hésité à faire feu sur deux femmes, dont une enceinte.
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rnIl est malheureusement de mauvaises réputations qui ne sont pas usurpées. Et celle qui colle à Sénou est très largement méritée. Ce quartier est devenu au fil des ans le nid criminogène par excellence (si on peut employer cette expression) de la capitale. Non seulement par la fréquence des actes répréhensibles qui s”y commettent. Mais également par le caractère horrible de nombre d”entre eux. Les populations ne savent plus où mettre de la tête et choisissent de se calfeutrer dès que l”obscurité s”installe. Le commissariat du 10e Arrondissement, qui a en charge cette zone, multiplie les initiatives pour venir à bout d”une criminalité qui va crescendo. Chaque nuit, une patrouille sectorielle est organisée. Mais le territoire qui relève de la compétence de cette unité de police est si étendu qu”il faudrait des effectifs beaucoup plus conséquents, ne serait ce que pour le quadriller.
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rnLa situation d”insécurité permanente de Senou est favorisée par la configuration très particulière du quartier. Celui-ci n”est pas encore loti et les maisons, construites au petit bonheur de la chance, forment un enchevêtrement inextricable qu”aèrent à peine des ruelles étroites et sinueuses. En outre, dans la périphérie de ce gros "village" qui s”étend sur plusieurs dizaines d”hectares, des maisons continuent à pousser dans la plus complète anarchie. Leurs propriétaires qui ne jouissent certainement pas de revenus importants entretiennent leur chantier lorsqu”ils en ont les moyens. C”est pourquoi il est très fréquent de voir des édifices franchir assez rapidement le stade du gros œuvre pour caler ensuite sur la partie la plus onéreuse des travaux, la finition. Cela donne donc des maisons soit bâties jusqu”à hauteur du toit, soit couvertes, mais toutes inoccupées. Dans cet état, elles constituent des tanières qui conviennent parfaitement aux gangs de malfrats qui y passent une grande partie de la journée à dormir, à fumer de la drogue ou à sniffer de la colle. Ces prédateurs attendent la nuit tombée pour sortir et se répandre dans le quartier comme une épidémie meurtrière.
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rnUNE GROSSESSE DE CINQ MOIS :
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rnComme nous le disions plus haut, le commissariat a le plus grand mal à combattre l”insécurité persistante. Les effectifs du poste de police sont insuffisants par rapport à l”ampleur et à la diversité du phénomène et le manque de moyens de déplacement s”avère rédhibitoire dans un quartier qui a vu son essor s”accélérer à cause sa positon de porte de Bamako vers la Côte d”Ivoire. Le point fixe de contrôle s”est transformé par la force des choses en une gigantesque gare routière, grouillante à toute heure du jour et de la nuit de camions remorques et de cars. Or, comme tout le monde le sait, dans notre pays particulièrement, les gares routières sont des ruchers de délinquants. Où pullulent des individus capables de tout. Comme celui qui a commis une agression inqualifiable dans la nuit du 13 au 14 décembre dernier.
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rnCette nuit là, Nana Samaké dormait tranquillement dans sa chambre au côté de son mari quand il lui sembla entendre un bruit de pas feutrés et d”objets déplacés en douceur. N”étant pas sûre de ce qu”elle avait cru percevoir, la dame préféra ne pas réveiller son époux qui avait passé une rude journée au travail et aller vérifier elle-même l”origine du bruit qui l”avait réveillée. D”ailleurs, elle entendait toujours des petits craquements qui paraissaient provenir du côté de la porte principale de leur maison. Nana marcha le plus silencieusement qu”elle put et après avoir traversé la véranda, elle se retrouva face à face avec un homme qui venait de briser les pommelles de la porte. Surpris par la brusque irruption de la maîtresse de maison, le quidam fit quelque chose à laquelle Nana ne s”attendait certainement pas. Il ouvrit le feu dans sa direction avec un pistolet automatique. Miraculeusement aucune balle n”atteignit la dame, mais son mari qui avait bondi de son lit à la première détonation et avait accouru aussitôt fut atteint par la deuxième balle qui fort heureusement ne fit que lui frôler le cou et lui causer là une estafilade.
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rnMais il était écrit que tous les innocents n”auraient pas la même chance cette nuit là. Une voisine des Samaké, Aïcha Coulibaly, qui vivait dans la même concession qu”eux depuis plusieurs années déjà, fut réveillée elle également par le bruit des coups de feu. Ne pensant qu”à ce qui pouvait arriver à son amie et voisine, Aïcha se rua littéralement hors de chez elle. Elle se déplaçait à toute vitesse malgré sa grossesse de cinq mois et se précipita sans se rendre compte vers son malheur. En effet, le malfrat qui l”avait vue venir lui tira dessus sans la moindre hésitation. La balle toucha Aïcha au ventre légèrement au-dessus du nombril. La dame s”abattit en poussant un grand cri. Le malfrat, lui, réussit à s”enfuir avant que le voisinage ameuté par les détonations ne l”encercle.
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rnUN VRAI MIRACLE :
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rnQuand ils arrivèrent dans la cour de la concession où avait eu lieu l”agression, les habitants des environs trouvèrent deux blessés : le mari de Nana qui pressait son cou pour essayer d”arrêter l”hémorragie provoquée par sa légère blessure ; et surtout Aïcha Coulibaly allongée sur le sol, en train de gémir de douleur. La balle avait fait un trou assez impressionnant en lui perforant le ventre et la dame donnait l”impression de retenir ses viscères des deux mains. Les secours se sont vite organisés pour acheminer Aïcha en urgence à l”hôpital Gabriel Touré de Bamako. Là, les médecins ont procédé à une opération chirurgicale. Le fœtus a été trouvé mort, mais la vie de la mère ne serait plus menacée, selon les dernières informations que nous avons obtenues auprès de l”inspecteur Mady Dembélé, chef de la section policière judiciaire (P.J.) au 10e Arrondissement.
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rnA Sénou, cette agression nocturne sur les deux femmes continue encore d”alimenter les débats dans les familles et dans les "grins". Mais c”est surtout la manière miraculeuse dont Aïcha Coulibaly a échappé à la mort qui se raconte avec le plus d”étonnement. Du côté du commissariat de Niamakoro, Cité Unicef et de Sénou, les policiers mettent tout en œuvre pour retrouver le criminel. Lorsqu”on voit avec quelle facilité ce dernier a usé de son arme, il y a certainement urgence à le neutraliser. Les recherches se sont donc intensifiées et les patrouilles multipliées. Mady Fofana le commissaire en charge du 10e arrondissement et se
s hommes avec à leur tête le chef de la brigade de recherche Maky Sissoko, (Le Sphinx pour les initiés) qui vient d”arriver d”un stage à l”extérieur pensent tenir le bon bout. Car ils ont pu notamment récupérer les douilles des trois balles tirées par le criminel, ce qui leur permettra de remonter la trace de l”arme utilisée. Ils ont également mis en branle leur réseau d”informateurs qui s”est montré à maintes reprises très efficace dans la recherche et la capture de grands bandits.
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rnAffaire à suivre donc…
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rnG. A. DICKO
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