Fait divers : Le Coup osé de la Bande à Daou

Après la victoire, dimanche des Aigles du Mali sur les Leone”s Stars (6-0), dans le cadre des éliminatoires de la coupe d”Afrique des Nations de football 2008, la ville de Bamako a vécu une extraordinaire fête populaire. Au coup de sifflet final, les fans de l”Équipe nationale investirent les principales artères de la ville, en chantant le Mali et en scandant le nom de leurs idoles. A Kalabancoro, l”un des quartiers par lequel transite l”EN pour regagner sa base de Kabala, la foule s”était massée le long de la grande avenue. Parmi ces inconditionnels se trouvaient de nombreux enfants, mais aussi des chefs de famille.

Cette nuit n”a pas été du tout repos pour les agents des forces de l”ordre chargés d”assurer la sécurité dans la ville. Des policiers, des gendarmes et des gardes ont veillé une grande partie de la nuit pour empêcher les vandales de profiter de la liesse populaire. Malheureusement il n” y avait pas que des vandales parmi ceux qui manifestaient leur joie, mais également des malfrats. Ainsi malgré la surveillance accrue, la bande de Daou Kamaté va commettre des actes répréhensibles.

PLEIN GAZ :

Les membres de ce gang sont bien connus des services de police pour avoir séjourné plusieurs fois à la Maison d”arrêt de Bamako. La bande se compose de plus d”une dizaine de personnes dont une fille. Ses membres étaient aussi de la fête le soir du 17 juin. Dès le coup de sifflet final de l”arbitre, le gang a occupé la voie la plus passante du Banconi. Ses membres barraient la route à tous les usagers qui n”extériorisaient pas leur joie en klaxonnant. Ils profitaient alors du vacarme ainsi occasionné pour soustraire du véhicule des objets de valeur comme des téléphones portables ou des sacs à main des femmes ou tout ce qui leur tombait sous la main.

Aux environs de 22 heures deux jeunes filles, Djénéba Diallo et Diana Tandjigoura ont eu le malheur d”emprunter cette voie. Elles tombèrent sur un barrage monté par la bande à Daou. Le gang leur proposa de se débarrasser gentiment de la moto, au risque de se voir précipiter dans le caniveau. Djénéba Diallo qui conduisait hésita dans un premier avant de tenter de passer le barrage en force. Elle mit plein gaz et fonça sur les membres du groupe qui se tenaient au milieu de la chaussé. Mal lui en prit. Une pluie de gourdins s”abattit sur les deux demoiselles qui s”écroulèrent sur la chaussée. Mama Kamaté le petit frère de Daou s”empara de l”engin et disparut dans la nuit. Les autres membres de la bande le suivirent quelques instants plus tard, laissant les deux filles dans un total désarroi.

Parmi les spectateurs qui observaient la scène de loin se trouvait une jeune fille du nom de M.T. Elle s”avança vers les deux jeunes filles et leur dit qu”elle connaît parfaitement les agresseurs. Sur le champ elle se mit à leur disposition et les accompagna au commissariat de police du 6e arrondissement où Djénéba Diallo et Diana Tandjigoura déposèrent une plainte contre les deux individus, dont les noms ont été cités par M. T.

UNE PHALANGE SECTIONNÉE :

Le lundi dernier, M.T. guida les policiers jusqu”à la famille Kamaté où ils trouvèrent sur place deux frères du malfrat. Les agents demandèrent où se trouvait Daou. Ils indiquèrent sa chambre. Mais seul Mama y dormait. Il fut interpellé et conduit au commissariat où il dénonça tous les autres membres de la bande. Il cita les noms de Abdoussalam Maïga alias Alsamadou, Daouda Kamaté, plus connu sous le nom de Daou, Seydou Ballo, Boubacar Traoré, Fatimata Diarra la petite amie de Mama, Tiémoko Drabo, Aboubacar Samaké, Dramane Dembélé, Seydou Ballo et Barry Sylla. Tous ont été interpellés.

La moto volée a été retrouvée dans la chambre d”un des malandrins. Dans la même pièce un téléviseur, un lecteur C.D., un magnétoscope, un ventilateur, une radio cassette et un amplificateur ont été retrouvés. Interrogés sur l”origine du matériel, Mama reconnaîtra qu”il a été volé en divers endroits de la ville.

M.T qui a dénoncé a été sauvagement agressée par des membres du groupes en cavale. Lundi dernier alors, qu”elle revenait d”une boutique, elle se vit entourée par quatre inconnus qui n”ont pas hésité à lui enfoncer un couteau dans le corps, avant de lui sectionner une phalange de la main. Les agresseurs la menacèrent de lui faire la peau, si elle se hasardait à alerter la police. M. T. a néanmoins porté plainte pour coups et blessures volontaires et menaces de mort contre Daou et ses acolytes.

L”inspecteur Ibrahima Maïga, chef de la section de recherches et de renseignements au commissariat de police du 6e Arrondissement a transmis le dossier au commissaire qui va déférer la bande devant le procureur de la Commune I.
G. A. DICKO