Fait divers : L''Assassin était trop avide

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    Week-end n’était pas entré pour tuer. Mais en cherchant un butin plus important, il a commis l’irréparable.
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    rnLe deuil est impossible à faire lorsque la vérité n’est pas entièrement établie. Cette vérité acquiert une acuité particulière dans les familles de personnes victimes de morts violentes et inexpliquées. Tel était le calvaire que vivaient les parents et les proches de Moussa Fofana, tué à coups de poignard dans son domicile, voilà plus de deux mois. Finalement, l’”assassin présumé – un dénommé Abdoulaye Doumbia dit Soutra, alias Week-end – et son lieutenant le plus proche – Madou Doumbia alias Madouni – ont été appréhendés dans la nuit de jeudi à vendredi de la semaine dernière par l”inspecteur Ibrahim Maïga, chef de la brigade de recherches et de renseignements du commissariat de police du 6è Arrondissement.
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    rnLes deux hommes constituent le cerveau d”une bande qui compte à son tableau de nombreuses victimes dont le seul malheur était d’avoir été propriétaires d’engins à deux roues. Hier, la police avait pu obtenir des deux malfrats les noms de plus d”une dizaine de leurs victimes. Elle pourra ainsi procéder par la suite à une reconstitution des faits sur les différents sites d”opération. Les policiers ont par ailleurs opèré une série de coups de filet qui leur ont permis de mettre la main sur onze autres personnes, des complices et des receleurs, toutes mises sous les verrous. La traque se poursuit sous la conduite du commissaire Mamadou Baka Sissoko.
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    rnDES COUPS DE COUTEAU :

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    Les faits pour lesquels les deux voyous ont été appréhendés remontent à la nuit du 7 au 8 septembre dernier. Aux environs de 4 heures du matin, la femme de Moussa Fofana en état de grossesse très avancée a été réveillée par des gémissements de douleur poussés dans l’obscurité. Elle s’aperçut que son mari n’était plus dans le lit à son côté. Etreinte par une affreuse angoisse, elle se précipita hors de la chambre, se laissant guider par les gémissements qui se faisaient toujours entendre. Ce fut dans la véranda qu’elle finit par trouver son époux, assis par terre, le dos appuyé au mur et baignant dans une large flaque de sang. Le malheureux décéda quelques instants plus tard, toujours dans cette position. Fofana avait reçu quatre coups de couteau, portés au thorax, sous l”aisselle et au bas-ventre. L’assassin n’avait laissé aucun indice qui aurait pu donner une vague idée de son identité. L”inspecteur Ibrahim Maïga héritait donc d’une affaire particulièrement compliquée qui allait animer très longtemps toutes les conversations à Banconi Filabougou où elle était survenue.
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    rnL’absence de piste alimentait les rumeurs les plus invraisemblables. Par exemple dans le proche entourage du défunt, beaucoup ne se gênaient pas pour exprimer leurs soupçons sur un officier supérieur de l”armée qui, disaient-ils, aurait contracté auprès de la victime une dette d’un montant d‘un million et demi million de Fcfa. La police ne négligeait rien, même pas cette piste qui visiblement était des plus fantaisistes. Les enquêteurs se faisaient un point d”honneur de retrouver l”assassin, mais ils étaient sérieusement handicapés par la difficulté à trouver ne serait ce qu’un début de piste. Pourtant, à un moment donné, ils crurent à l’éclaircie.
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    rnUne semaine après l”assassinat de Moussa Fofana, l”inspecteur Papa Mamby Keita du commissariat de police du 3è arrondissement mettait la main au Banconi sur un certain Moussa Samaké qui avait en sa possession le téléphone portable du défunt. Détail paradoxal, cet homme était parmi ceux qui, la nuit du crime, avaient aidé la police à déplacer le corps de la victime. Samaké avait même montré un zèle particulier dans la recherche des indices sur le lieu du drame.
    rnLa capture de Moussa Samaké conduisit à l”arrestation de Karim Diarra et Youssouf Koné auquel Samaké avait remis le téléphone sans la carte SIM. Le trio a été mis à la disposition du procureur de la Commune I.
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    rnLA CHANCE A FORCER :

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    L”arrestation de ces trois malfaiteurs n‘apaisa cependant pas l”inspecteur Ibrahim Maïga. Ce dernier avait la conviction que Moussa Samaké n’était pas l’auteur de l’assassinat, même s’il avait apparemment tiré bénéfice de celui-ci. Le limier décida de concentrer ses recherches du côté de Banconi où ces derniers temps de nombreuses plaintes pour vol avec effraction lui parvenaient. Sa persévérance s’avéra payante.
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    rnEn effet, dans la nuit du jeudi à vendredi, la chance finit par lui sourire. Pendant qu”il effectuait une patrouille de routine avec ses hommes, il tomba pratiquement nez à nez avec un vieux client à lui, le dénommé Soutra. Ce dernier se trouvait en compagnie d”un autre voyou qui se faisait appeler Madouni. Les gangsters portaient sur eux deux lampes de poche, deux paires de cisailles et deux grands couteaux. Ibrahim Maïga les conduisit au commissariat et les garda au violon pour une vérification d”identité. Le lendemain, il les interrogea pour savoir ce qu”ils faisaient avec l’arsenal trouvé sur eux. Soutra ne tourna pas autour du pot. Il répondit au policier que c”était son matériel de travail. « Quel travail ? », interrogea le policier. La réponse du malfrat fut au bord de l’insolence. « Tu sais ce que je fais, répliqua Soutra. Je vole ».
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    rnAu cours de l”interrogatoire qui suivit cet aveu lâché avec arrogance, Abdoulaye Doumbia (tel est son vrai nom) avoua quelques-uns des forfaits au sujet desquels la police voulait des informations. Madouni admit être partie prenante dans quelques-uns, mais rejeta toute implication dans d”autres. Ces dénégations déplurent fortement à son chef et une chaude discussion s”engagea entre les deux voyous.
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    rnExaspéré par la volonté de son compagnon de le mouiller au maximum, Madouni finit par crier "Même quand tu as tué Moussa Fofana, tu étais seul". Les policiers présents sursautèrent. Aucun d’entre eux ne s’attendait à une telle mise en accusation de Soutra. Ils firent répéter à Madouni ce qu”il venait de dire. Le malfrat fut très détaillé dans les explications qu’il donna. "Nous étions ensemble dans la nuit du 7 au 8 septembre, raconta-t-il, et nous passions devant le domicile de Moussa Fofana. Comme le mur d’enceinte n’était pas très haut et qu’une fenêtre donnait droit dans le salon, nous avons constaté que le propriétaire des lieux paraissait s’être profondément endormi dans un fauteuil. Il devait avoir sombré dans le sommeil sans s’en rendre compte, puisque le poste téléviseur était toujours allumé. Ce qui nous a immédiatement intéressé, c’était un téléphone portable de valeur posé à côté de lui. Nous avons escaladé le mur pour nous introduire dans la cour.

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    Soutra est entré, a débranché le téléphone qui était à la charge et l’a empoché. Nous sommes ressortis comme nous étions entrés, et nous préparions à sortir de la propriété quand mon compagnon s’est ravisé. Il m’a dit qu’il nous fallait revenir dans le salon, car il était possible d’y trouver d’autres objets de valeur. Moi, je me suis abstenu de le suivre, car je pensais qu’il ne fallait pas forcer notre chance, nous avions déjà un butin intéressant. Soutra est donc retourné seul et s’est mis à fouiller la pièce. Ce qui devait arriver est arrivé. Le maître de maison s’est réveillé en sursaut et s’est jeté sur mon compagnon. Moi, j”ai escaladé le mur et j’ai sauté dans la rue.
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    rnCollé contre le mur, mais n’osant pas me relever, je percevais distinctement les bruits de la bagarre. Apparemment, le maître de maison était le plus fort. C’était d’ailleurs pourquoi il n’appela pas à l’aide. Finalement, il a pris le dessus. Je crois qu’il cherchait un moyen pour donner l’alerte au quartier sans lâcher Week-end. J’ai entendu celui-ci supplier Fofana de ne pas le livrer à la vindicte des habitants. Pour amadouer le maître de maison, il lui proposa de lui rendre le téléphone qui était dans sa poche. Fofana a desserré son emprise et c’est ce qui a causé sa perte. Soutra a fait semblant de chercher le téléphone dans une de ses poches. Mais c’était son couteau qu’il a sorti pour porter plusieurs coups à Moussa Fofana ».
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    rnAprès son forfait, Week-end escalada le mur à son tour pour disparaître dans la nature. Il ne retrouvera Madouni que le lendemain. Il lui raconta en détails comment il s”était tiré de ce mauvais pas.
    rnLa mine impassible, Soutra avait écouté sa dénonciation par son lieutenant. A la fin, il haussa les épaules. "Madouni dit vrai quand il vous relate ce qui s’est passé cette nuit là, indiqua le malfrat. Par contre, il ment quand il affirme qu”il n”était pas au courant de toutes mes affaires » Ces subtilités n’intéressaient plus trop les policiers. Ils avaient mis la main sur « leur » assassin. Et la famille Fofana pourrait désormais faire le deuil du défunt.
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    rnG. A. DICKO
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