Fait divers : La tentation était trop forte pour Daouda Pneu""

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    Le "paisible" vendeur n”a pu résister à une apparente aubaine et revèle son vrai visage.
    rnLe grand défaut de nombreux malfrats est que l”appât du gain les pousse à trop tirer sur la corde. A un tel point que leur chance finit par les abandonnner, alors qu”un peu de patience et une dose de ruse les auraient tirés d”affaire. Mais notre propos ici n”est pas de nous apitoyer sur les malheurs des malfaiteurs. Mais d”illustrer notre remarque par le cas de Daouda Traoré qui aurait pu très longtemps mener une double vie sans que ses proches et ses amis ne se doutent de sa face sombre. Âgé d”une trentaine d”années, notre personnage se présente comme un jeune homme "bien sous tous rapports". Il faisait profession de vendeur de pneus au marché de Niamakoro. Son commerce marchait plutôt bien et Daouda passait pour quelqu”un qui gagnait dignement sa vie. Mieux que cela : ses voisins du quartier et tous ceux qui l”approchaient le complimentaient surtout pour son sens peu commun des relations humaines.

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    rnLa preuve, il jouissait d”une popularité extraordinaire auprès du petit peuple des vendeuses de condiments, de fruits et légumes dont les étals jouxtaient le sien. "Daouda Pneu", comme l”appellaient familièrement ces dames, se montrait poli et disponible pour tout le monde. Ses clients l”appréciaient tout particulièrement. Non seulement pour sa courtoisie, mais également pour tous les arrangements commerciaux qu”il concluait avec eux. Daouda était capable de réduire de manière substantielle sa marge bénéficiaire pour ses plus fidèles clients. Et il était toujours prêt à vendre à crédit à celui qui ne pouvait le règler sur le champ. En outre, il n”était pas homme à relancer de manière humiliante ses créanciers. Il ne cessait de répèter que le crédit fait partie du commerce et que lorsqu”on se montre correct avec un client,celui-ci vous rend la pareille et vous devient en outre fidèle.

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    rnAussi lorsqu”en octobre dernier Daouda se trouva au coeur d”une affaire curieuse, tout le monde se dressa pour le défendre. Notre vendeur de pneus se fit arrêter par la police alors qu”il s”apprêtait à envoyer dans sa famille à Ségou une moto qu”il venait d”acquérir. Au commissariat du 11è Arrondissement où il fut amèné, on lui indiqua que l”engin avait été volé. Daouda protesta de son innocence, affirmant qu”il ignorait tout de l”origine de la moto et qu”il avait seulement voulu profiter d”une bonne affaire qu”un inconnu lui avait proposée.

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    rnIl se proposa de restituer la moto à son propriétaire en passant par pertes et profits l”argent qu”il avait déboursé pour son acquisition. Les policiers, chez qui affluaient les témoignages sur la bonne moralité sur Daouda, crurent à l”innocence du jeune homme et accédèrent à sa proposition. Mais le procureur de la Commune V se montra beaucoup plus sceptique et préfèra appliquer la procédure jusqu”au bout. Il envoya Daouda Traoré devant un juge d”instruction qui laissa plus tard le jeune homme libre de ses mouvements, mais demeurant sous contrôle judiciaire. Daouda reprit donc ses activités. Ses amis et ses connaissances saluèrent cette relaxe, tout en grognant sur le manque de sensibilité des magistrats incapables de reconnaître un homme correct lorsqu”ils en rencontraient un. Personne parmi eux ne se doutait des faits qui allaient survenir et qui allaient détruire ce vernis de gentillesse.
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    rnTENU à L”œIL : Daouda Traoré retourna donc à ses occupations et au bout d”un certain temps, il finit par oublier l”épée de Damoclés que la justice maintenait toujours au-dessus de sa tête. Dans la nuit du 7 au 8 décembre dernier, il revenait d”un tour qu”il avait fait à la Febak quand il remarqua une moto garée sur le bas-côté de la route. Un jeune homme qui paraissait en être le propriétaire se tenait non loin de là et conversait de manière très animée au téléphone. Daouda se rendit compte que la clef de contact était restée engagée dans le tableau de bord. L”occasion lui parut trop belle pour qu”il la laisse passer. Il voulut d”abord s”assurer que le propriétaire était vraiment absorbé par sa communication. Il s”approcha jusqu”à quelques mètres du jeune homme et fit semblant de s”adresser à lui. L”autre ne broncha pas. Pour Daouda, plus d”hésitation. Il enfourcha la moto, la mit en marche et démarra en trombe.

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    rnMais contrairement à ses espoirs, le bruit du moteur attira l”attention du propriétaire qui interrompit sa communication et se mit à crier au voleur. L”appel alerta une foule compacte qui se lança aux trousses du voleur. La clameur des poursuivants alerta à son tour pratiquemment tous les noctambules des environs, et il n”en manquait pas. En un clin d”oeil, des anonymes à moto et en voiture prirent en chasse le fugitif. Se sentant coincé, Daouda jeta la moto à terre et prit ses jambes à son cou. Malheureusement pour lui, dans la foule se trouvaient de très bons coureurs qui ne tardèrent pas à le rattraper.

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    rnCertains excités proposèrent aussitôt de supplicier le voleur comme cela se faisait lors des heures folles de mars 1991. Pour comprendre cette réaction, il faut savoir que la récurrence des vol d”engins à deux roues avait mis sur les nerfs tous les habitants du quartier. C”est pourquoi ils se proposaient de faire un exemple avec le malfaiteur qu”ils tenaient. Heureusement pour le voleur un soldat qui passait non loin de là se rapprocha de l”attroupement. Il tenta d”extraire Daouda Traoré de la vindicte populaire. Mais très vite dissuadé par un groupe de furieux, le soldat s”empressa de se replier et d”appeler la police au secours.

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    rnLe commissaire de police du 11e arrondissement constitua une équipe qu”il envoya sur le terrain pour procèder à l”arrestation de Daouda Traoré. Les policiers n”eurent pas la tâche facile. Ils retrouvèrent face à une foule déchaînée et décidée à en finir avec le voleur. Les agents comprirent qu”il leur fallait user de de tact et de doigté s”ils voulaient ramener le jeune homme vivant au commissariat. Et s”ils voulaient eux-mêmes se replier sans désagréments. Pendant que quelques-uns parlementaient avec les amateurs de justice sommaire, d”autres extrayaient discrètement le voleur de la foule et le poussaient lentement vers le fourgon de police garé non loin de là.

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    rnLes policiers "négociateurs" replièrent à leur tour et furent obligés de rattraper au pas de course le véhicule déjà pris à partie par les curieux surexcités. Dès que la portière du véhicule se referma sur les derniers agents, le conducteur de la camionnette mit les gaz à fond.
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    rnDaouda Traoré, pris la main dans le sac en flagrant délit de brigandage, a été secoué par ce qu”il a vécu. Au commissariat, il avoua sans faire de difficulté sa tentative de vol. Au marché de Niamakoro, où beaucoup l”aimaient bien, sa double vie n”en finit pas d”alimenter les conversation.
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    rnG. A. DICKO
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