Fait divers : La rixe mortelle

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    Kafa avait volé au secours de sa copine prostituée aux prises avec un chauffeur sénégalais qu’il poignarda à mort. Il a été arrêté la semaine dernière par le 1er arrondissement de police.

    Les journalistes chargés des rubriques « faits divers » vous confirmeront les propos qui suivent. Lorsqu’ils écrivent que la police a ouvert une enquête, suite à une affaire, les lecteurs rient sous cape, quand ils ne disent pas tout simplement : « voilà une affaire close. Elle n’aura jamais de suite parce que nos enquêteurs n’ont pas de suite dans les idées ». Ces sceptiques ont raison sur un point : les services chargés des investigations sont prompts à informer la presse quand une certaine affaire se déclenche. Mais ils rechignent à informer sur la suite de l’enquête. En plusieurs années de pratique, nous avons connu des affaires dont la suite ne nous a jamais été révélée. Nous apprenons les conclusions des plusieurs enquêtes des après au cours des différentes sessions de la Cour d’assises. Cette situation nous met souvent mal à l’aise. Nos lecteurs croient souvent que nous ne faisons pas usage de notre droit de suite. Nous avons, à plusieurs fois, fait savoir notre frustration à nos collaborateurs policiers. Mais force est de reconnaître que le message ne passe pas facilement.

    Venons en maintenant à notre affaire du jour. Elle a débuté en fin d’après-midi le 22 août dernier, aux environs de 18 heures, au bar « La Grande Muraille ». Un chauffeur de car sénégalais, était arrivé à Bamako tenaillé par un très fort appétit sexuel. Peu de temps après le débarquement des passagers, il se rendit au centre-ville. Il savait où trouver des belles de nuit de tous les âges et de toutes les catégories. Il se retrouva dans une rue obscure, remplie d’ordures et qui dégageait une odeur de sperme et d’urine. Contre un mur et sous les arbres qui longent l’allée, des femmes en tenue sexy étaient alignées. Certaines portaient des accoutrements qui, malgré l’obscurité, laissaient entrevoir tout le relief de leur corps. Le chauffeur sénégalais sera plus tard identifié comme le sieur Bassirou Lô. Il jeta son dévolu sur une certaine Biawé dite Adame Mounkoro. Cette femme de taille respectable avait une chute de hanche abondante. Avec la magie des produits de dépigmentation, elle s’est fabriquée un teint de calebasse peule. Biawé est une femme belle. Elle donnerait envie à la plupart des hommes de passer quelques instants en sa compagnie. Le chauffeur discuta le prix d’une passe. La prostituée et son client sont convenus sur la somme de 2000 Fcfa, hors frais de chambre. Ils entrèrent dans l’appartement et se mirent tout de suite en action.

    UNE AUGMENTATION DE 1000 Fcfa. Au bout de quelques pulsions, le chauffeur sénégalais informa sa cliente que la position qu’elle avait adoptée ne lui convenait pas. Adame exigea une augmentation de 1000 F sur le prix initial pour satisfaire la nouvelle doléance. L’homme qui avait déjà remis un billet de 5000 F accepta cette rallonge. Et Biawé adopta une autre position qui convenait à son client. Lô se jeta sur elle. L’étreinte dura longtemps, trop longtemps même. La belle de nuit fit la remarque à Lô. Mais l’homme ne parvenait pas à jouir. La femme lui fit encore la remarque d’avoir dépassé le temps normal. Mais le Sénégalais continua sa chevauchée de plus belle. La belle de nuit, exténuée, finit par le repousser violemment. Elle quitta le lit et se rhabilla. Cette interruption brutale ne fit pas du goût du Sénégalais. Il le fit savoir à sa cliente à qui il réclama de lui rembourser 3000 F puisqu’il n’était pas parvenu à se soulager. Adame opposa une fin de non recevoir à cette proposition. Mais elle acceptait de rendre 2000 F puisque l’homme lui avait fait adopter une position dont le tarif est 3000 Fcfa.

    Le chauffeur usa de tous les arguments sans convaincre. D’ailleurs, lasse de parlementer, la dame Biawé voulut forcer la sortie, mais le chauffeur s’opposa vivement. Elle se saisit alors d’un seau qui devait servir à collecter les condoms usagés et les urines des usagers successifs de la chambre. Elle en asséna un coup au client sénégalais. Ne se limitant pas à ce coup qui arrosa l’homme d’urine et de et d ‘autres saletés, Biawé se saisit d’un autre objet contondant et donna un autre coup sur la tête de son amant passager insatisfait. Lo était couvert de honte. Mais il tenait à récupérer son argent ou Biawé devait retourner dans la chambre pour l’aider à assouvir sa libido. La vendeuse de charmes n’entendait pas de la même oreille. La belle de nuit estimait avoir bien rempli le contrat puisque l’homme l’avait admiré dans sa nudité intégrale. Plusieurs de ses amies était accourues à la suite du vacarme suscité par Lô et Biawé. La prostituée déclara à ce public que l’homme était malade puisqu’il ne parvenait pas à éjaculer, même lorsqu’elle avait adopté la position souhaitée par lui.

    UN ETANG DE SANG. Bassirou Lo voyant la foule grossir essaya d’arracher par la force son argent à la femme. Celle-ci cria « au secours ». Son amant et protecteur officiel, un certain Cheick Oumar Sissoko alias Kafa n’était pas loin. Il entendit le cri de détresse de sa protégée. Il arriva sur les lieux et sans chercher à comprendre la cause de la dispute, il empoigna le Sénégalais. Il lui demanda ce qu’il voulait en plus d’avoir couché avec sa copine sous ses yeux. Des témoins affirment que le chauffeur lui aurait donné un coup de poing. Les deux hommes débutèrent une lutte acharnée. Au bout de plusieurs empoignades Kafa parvint à terrasser le chauffeur sous les yeux d’une noria de curieux et de prostituées. Tout ce monde ria aux éclats. Bassirou se releva et voulut continuer la bagarre mais Kafa ne lui en donna pas le temps. Il sortit un couteau de sa poche et le flanqua sous le sein gauche du routier. Blessé gravement l’homme tenta de rejoindre sa gare. Mais la blessure était très profonde et large. Il perdit beaucoup de sang. Il finira par succomber à sa blessure à 150 m du lieu de la rixe. Kafa disparut cette même nuit. Sa copine, la prostituée Biaxe piqua au 1er arrondissement pour tenter de faire croire au commissaire Ibrahima Koné, aux inspecteurs Kalifa Mounkoro, Daouda T. Diarra, Mohamed H.

    Coulibaly, Lassine Coulibaly et Makan Noumoko qu’elle venait de se faire abuser par un homme qui refusait de payer. Les policiers prirent ses références et lui dirent de partir pour revenir le lendemain. Le lendemain, les policiers reçurent la visite d’un homme qui les informa de la présence du cadavre d’un homme baignant dans un étang de sang, dans les environs de la Grande Muraille. L’équipe toute entière à laquelle se sont joints des agents fit le déplacement. Le corps de l’inconnu fut déposé à la morgue. Le défunt Lo n’avait aucune pièce sur lui. Les policiers prirent sont téléphone. Ils passèrent des appels à ses derniers contacts. Ainsi le cadavre sera identifié et sa famille fit le déplacement du Sénégal pour le Mali pour inhumer le corps dans notre capitale. Le jour suivant, les limiers mirent la main sur Biawé. Elle passa deux jours au violon, mais finit par craquer. Elle donna le nom de Kafa. Elle sera entendue et envoyée à Bollé dans les 72 heures comme l’exige la procédure. Une enquête sous la houlette du contrôleur général Missa Diakité et de son adjoint le commissaire principal Mohamed Ali Awaïssoun fut ouverte.

    L’instruction était ferme : il faut retrouver le meurtrier. Mais il avait disparu de la capitale et tous les pièges tendus se sont avérés inefficaces. Il fallait donc laisser le temps au temps et faire semblant que l’affaire était close avec l’arrestation de Adame. Cette stratégie marcha puisque la semaine dernière, Kafa est revenu à Bamako. Il alla loger chez les siens à Niaréla. Les policiers eurent vent de son retour et se rassurèrent en envoyant des indicateurs identifier le meurtrier. La confirmation fut obtenue par l’équipe du contrôleur général Missa Diakité, Le commissaire Ibrahima Koné conduisit une expédition qui arrêta le criminel. Conduit au commissariat, il reconnut les faits et évoqua la légitime défense. Les policiers ne sont pas des magistrats pour apprécier ce motif. Ils l’envoyèrent au parquet de la Commune III où un juge d’instruction lui colla un mandat de dépôt. Kafa séjourne actuellement à la prison centrale de Bamako.

     

     

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