L”audacieuse cambrioleuse a refait surface en usant du même plan simple et efficace.
La femme à la Jakarta rouge ! Les lecteurs de la rubrique "Faits divers" se rappellent sûrement d”une histoire rapportée dans ces colonnes sur les exploits de cette délinquante. Actuellement, celle-ci se fait passer pour une stagiaire dans une société de téléphonie mobile de la place. Rokiatou est bien connue dans plusieurs commissariats de la place.
Spécialiste du vol aux environs de 9 heures, notre héroïne du jour a cambriolé à maintes reprises les bijoux, l”argent et les colliers de nombreuses grandes dames de la haute société bamakoise. Elle connaît par cœur leurs noms et l”adresse de leurs domiciles.
Le modus operandi de Rokiatou est simple. Elle abuse de la confiance des aide-ménagères par divers subterfuges. Puis elle s”introduit dans la maison qu”elle pille littéralement. Le matin du 24 mars dernier, Rokiatou s”était vêtue comme une véritable star. Elle ne passait pas inaperçue des amateurs de bimbos. Les jeunes gens admiraient chez elle son style vestimentaire et un maquillage spectaculaire. Aux curieux qui l”interrogeaient sur sa mise du jour, la jeune femme répondait sans sourciller qu”elle avait un rendez-vous galant. A 10h, elle mit en marche le moteur de sa Jakarta rouge et quitta la maison de sa tante où elle est domiciliée, à l”Hippodrome. Elle sillonna la ville comme à ses habitudes. Elle explora sans s”arrêter les trois premières communes de la capitale avant de se diriger vers la Commune V.
PLUS TÔT QUE PRÉVU
A Bacodjicoroni, elle repéra très vite la maison de Sokona Diabaté et gara son engin à la porte. Elle dégaina son téléphone portable et fit semblant d”appeler. La domestique de Sokona Diabaté vint l”accueillir à la porte. La dangereuse Rokiatou continua de converser au téléphone avec une interlocutrice imaginaire. Cette astuce visait à tromper la bonne foi de l”employée de la maîtresse de maison. L”arnaqueuse trouva une astuce qui vainquit toute méfiance de la "bonne". "Je vais m”asseoir en attendant que tu arrives", lança-t-elle au téléphone pour faire croire qu”elle s”entretenait avec la patronne de l”aide-ménagère. le piège fonctionna à la perfection. La "bonne" était maintenant convaincue que la dame en face d”elle était une connaissance sûre de sa patronne. Elle salua alors Rokiatou avec la considération due au rang où elle l”avait hissée.
L”innocente servante servit à boire à la fourbe Rokiatou. Celle-ci expliqua à la domestique que la patronne est son amie de longue date. Mise en confiance, l”employée de maison invita la visiteuse à s”installer dans le salon. Confortablement assise dans un fauteuil, Rokiatou remit un billet de 5.000 Fcfa à la "bonne" pour qu”elle lui achète une carte de recharge téléphonique. Dès que la jeune fille tourna le dos, "l”amie de Madame" se précipita pour ouvrir l”armoire avec des clés passe-partout puis les boîtes à bijoux. Elle était en train de contempler la joaillerie de sa prétendue amie quand la servante entra. Celle-ci était revenue plus tôt que prévu.
La "bonne" fut surprise en voyant l”inconnue dans une attitude compromettante devant les coffrets de bijoux de sa patronne. Elle voulut savoir les raisons de l”attitude incorrecte de la visiteuse. "Madame que fais-tu là ?", lui demanda-t-elle. Rokiatou expliqua calmement qu”elle n”avait rien pris, mais que l”armoire était ouverte avant son arrivée. L”employée de maison ne crut pas cette sornette. Comprenant qu”elle avait devant elle une voleuse, elle appela au secours. Les voisins accoururent aussitôt. L”un d”entre eux appela la maîtresse de maison et lui annonça de ce qui venait de se produire chez elle. Mme Diabaté revint précipitamment à la maison.
COMME UNE TRAINEE DE POUDRE
A son arrivée, elle se fit expliquer comment la délinquante avait pu pénétrer jusque dans son salon. Elle vérifia le contenu des armoires pour s”assurer que rien ne manquait. Elle constata que l”armoire de son mari était aussi ouverte. Elle appela ce dernier qui, sans perdre de temps, revint lui aussi à la maison pour vérifier le contenu de son armoire. Le couple a alerté le commissaire divisionnaire Moumini Seri du 4è arrondissement. Ce dernier dépêcha immédiatement une équipe conduite par l”inspecteur Bourama Doumbia dit Dracula pour cueillir la voleuse.
Pendant ce temps, la nouvelle de l”arrestation de la dame à la Jakarta rouge par les policiers du 4è arrondissement s”était répandue dans le quartier comme une traînée de poudre. Treize personnes victimes de la cambrioleuse se présentèrent à la police. Elles ont expliqué que, de la même façon, Rokiatou les a dépossédées de leurs bijoux. Les policiers procédèrent à une parade d”identification. Toutes les domestiques des familles victimes ont reconnu Rokiatou comme l”inconnue qui avait cambriolé les domiciles de leurs patronnes.
Rokiatou fut conduite par les enquêteurs à son domicile à l”Hippodrome pour une perquisition. Les policiers ont découvert que la voleuse est mariée depuis 6 mois seulement. Son mari fut surpris de voir les policiers débarquer chez lui. Le salon de Rokiatou flambant neuf, avait été bien meublé et équipé par son époux. L”inspecteur, en visitant la maison, avait de la peine à se convaincre que la maîtresse des lieux était une voleuse. Le mari de l”arnaqueuse tomba des nues. Désemparé, il assura qu”il ne s”était jamais douté que sa femme était une voleuse.
L”homme désigna l”armoire de son épouse aux policiers. Les agents y découvrirent 12 bagues en or et argent, 53 boucles d”oreilles, 24 bracelets et 18 chaînes, tous volés. Le mari a confirmé ne pas les avoir offerts à son épouse.
Trois victimes des vols annoncèrent qu”elles avaient de l”argent dans leurs sacs au moment des faits. Il est à noter que Rokiatou est une polyglotte qui parle français, anglais, russe et bambara. Elle a été mise à la disposition du parquet.
D. I. DIAWARA
LEssor du 4 Avril 2007
“