Un gang de plusieurs voleurs de bétail vient d’être mis hors d’état de nuire par le commissariat de police du 13e arrondissement.
Joli tir groupé ! Les éléments de la brigade de recherche et de renseignements du 13e arrondissement de police à Yirimadio viennent de réussir un exploit. Ils ont mis la main sur une bande de voleurs de bétails, qui écumaient Bamako et sa banlieue depuis longtemps. Les inspecteurs Papary Sanogo, Moïse Baya, Boubacar Sissoko, l’adjudant Modibo Traoré et le sergent chef Sékou Coulibaly sont sur un nuage depuis décembre dernier. Coup sur coup, ils ont arrêté deux grandes bandes de voleurs parmi les mieux organisées de notre pays. L’une s’est spécialisée dans le vol de bétail et l’autre s’est aiguisée les griffes dans le rapt des voitures. Les voleurs de bœufs sont huit énergumènes qui fourguent leurs butins à trois receleurs.
Ce groupe nuisible était dirigé jusqu’à sa mise hors d’état de nuire, il y a deux semaines, par un certain Abdoulaye Dicko. L’homme a une très grande expérience en matière de bétail. Il connaît les moments de distraction des bergers et par déduction les temps propices pour soustraire une partie d’un troupeau dont le surveillant manque de vigilance. Abdoulaye Dicko est décrit par les policiers comme un malfrat qui possède un sens aiguisé de l’organisation. Ce grand bandit compte à son actif plus de… 50 bœufs volés à Bamako et dans sa banlieue. Il s’est constitué une équipe de prospecteurs, de voleurs, de chargeurs, de distributeurs et de revendeurs à travers certains quartiers de la capitale. Au cours de la troisième semaine de décembre dernier, Dicko a donné un jour mission à un de ses prospecteurs de se rendre du côté de Sokorodji. Depuis quelques jours le truand de haut vol avait constaté qu’un important troupeau de bœufs venait paître le long de la colline et du fleuve. Comme par coïncidence un troupeau de vaches paissait à l’endroit indiqué.
Le berger de ces bêtes a l’habitude de conduire ses animaux dans ce pâturage et de les ramener à la tombée du jour sans en perdre un seul. Mais ce jour il s’est laissé emporter dans une discussion à bâtons rompus avec un collègue. La causerie dura plusieurs minutes. Mais notre berger jetait de temps en temps un coup d’œil de professionnel en direction des bêtes pour mesurer la distance qui le séparait de son troupeau. A un moment donné, il jugea que les animaux étaient assez éloignés de lui. Il mit fin à la causerie entamée avec son copain, et il rejoignit son troupeau. Mais une surprise l’attendait ! Sept bœufs manquaient. Il n’avait plus devant les yeux le nombre de têtes qu’il avait compté avant d’aller bavarder quelques instants avec l’autre berger. Il courut dans tous les sens pour repérer les animaux manquants. Mais il n’aperçut rien à l’horizon. Il se décida d’utiliser son téléphone pour informer les propriétaires du troupeau, un praticien de droit et son cousin. L’inspecteur principal Papary Sanogo a aussi été mis dans le bain. Depuis fort longtemps Il avait eu déjà connaissance de multiples pertes de têtes de bétail dans son secteur.
Le policier avait même pris une certaine avance en constituant une équipe d’indicateurs. Il les toucha un à un et leur demanda d’ouvrir grand les yeux : sept bêtes de grande qualité venaient d’être volées. Les informateurs bien motivés se mirent à l’œuvre. L’un d’eux ne tarda pas à apprendre que les sept têtes qui manquaient au troupeau du berger ont été vues du côté de Sirakoro dans la même journée. Le conducteur du petit troupeau n’était autre qu’un proche de Abdoulaye Dicko. Immédiatement des éléments de la brigade de recherche et de renseignements se rendirent chez le patron du gang et le cueillirent. Au commissariat, il tenta de divertir les policiers. Il expliqua qu’il était vendeur de bétail et qu’il avait lui même perdu des bêtes. Mais son stratagème ne désarçonna pas l’inspecteur et ses camarades. Ils ont continué à le cuisiner jusqu’à lui faire avouer que lui et ses complices avaient volé des bêtes pendant que le berger bavardait avec son collègue.
Maintenant il fallait retrouver les animaux manquants. Dicko déclara qu’il ne savait pas où trouvait son équipe en ce moment précis. Mais il guida les policiers dans la direction de Sirakoro. Les agents se mirent en route sur le champ. Comme Abdoulaye Dicko avait donné de bonnes indications sur la maison d’un certain Amara Diarra. Les flics limiers ne tardèrent pas à localiser l’endroit. Amara Diarra est en fait le trésorier de la bande. Tous les animaux volés étaient embarqués vifs ou morts de chez lui à destination de certaines boucheries dans le quartier de Sabalibougou. Ce receleur hébergeait chez lui une partie de la bande. Les policiers y débusquèrent quatre gaillards chargés d’embarquer les bêtes dans une bâchée. Les agents arrêtèrent le boucher chargé d’abattre les animaux volés. Un autre complice toujours présent le jour et jamais visible la nuit s’occupait de vols à domicile. Il dérobait les portes, les fenêtres, les ustensiles de cuisine, et souvent des motos. Ce petit matériel était vendu à la va vite pour servir de provision à ceux qui étaient en charge de rapporter du gros gibier.
L’équipe des policiers découvrit sur place deux boeufs égorgés. Les chargeurs s’apprêtaient à les embarquer dans la bâchée de la compagnie pour les envoyer au trois bouchers de Sabalibougou. Ceux-ci allaient vendre les carcasses et rembourser les livreurs. Les éléments du commissaire divisionnaire Tokoun Niaré procédèrent à la collecte des éléments de preuve avant de conduire tout le groupe au commissariat. Le berger reconnut sans peine les bêtes volées. Il pleura à chaudes larmes à la vue des boeufs égorgés par les voleurs. Mais ses larmes devinrent plus abondantes lorsque, après quelques minutes d’interrogatoire les policiers ressortirent accompagnés de quelques uns des voleurs arrêtés et prirent la direction de la ville. A leur retour, ils avaient mis le grappin sur trois hommes Sory Diarra, Sory Bayagoyo et Seydouba Traoré, tous officiant au marché de Sabalibougou. Ils avaient rapporté comme pièces à conviction les peaux des cinq autres ruminants qui manquaient au compte. Au cours de l’interrogatoire, il est apparu que les sept animaux avaient été détachés du troupeau par le spécialiste Amadou Diallo. Ce mauvais citoyen vit à Sokorodji. Il rencontre fréquemment Dicko et un certain Amadou Diarra. Ce sont les trois planificateurs des basses œuvres. Amara Diarra est, comme nous l’écrivions plus haut, le livreur et le trésorier du groupe. Les bouchers sont des receleurs bien au fait des activités illicites de la bande à Abdoulaye Dicko. Tous sont aujourd’hui aux mains de la justice de notre pays. Ils sont mis sous mandat de dépôt. A moins qu’ils ne trouvent une prouesse pour se faire accorder une liberté provisoire, nous reparlerons de ces marginaux lors des futures sessions de la cour d’assises. En effet ils se sont rendus coupables de vol en bande organisé et d’association de malfaiteurs.
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… CELLE DE SANGARE EGALEMENT
Comme on le dit, l’appétit vient en mangeant. Les éléments de la BR du commissaire divisionnaire Tokoun Niaré n’ont pas voulu dormir sur leurs lauriers après l’arrestation de la bande des voleurs de bétails. Le mercredi dernier, le chef BR apprit par une source anonyme l’existence d’une transaction entre un voleur de voitures et une autre personne. Le voleur en la personne de Lassine Sangaré s’apprêtait à vendre une voiture de marque Mercedes 190 immatriculée N- 0201- MD. Les policiers prirent rapidement attache avec l’acheteur. Ils lui conseillèrent de se faire accompagner par un mécanicien. L’acheteur dont nous taisons le nom accepta de jouer le jeu de la police. A l’heure du rendez-vous ils déguisèrent un policier en mécanicien. Il partit accompagné du présumé client. Les deux hommes arrivèrent à l’endroit indiqué suivis de loin par d’autres éléments de la brigade de recherche et de renseignements en tenue civile. Sur les lieux, la voiture était arrêtée couverte de poussière. Le mécanicien l’inspecta et découvrit que la batterie était déchargée.
Le vendeur se proposa alors d’aller au centre-ville acheter une nouvelle batterie. Il partit pour ne plus revenir. A-t-il suspecté quelque chose ? On ne saurait le dire. Les policiers attendirent jusqu’à la tombée de la nuit. Leur chef décida alors de remorquer la voiture au commissariat. Au poste, les limiers apprirent que Sangaré se trouvaient dans un bar du côté de Magnambougou. Il partirent le cueillir et le conduisirent à leur unité. A la vue de la voiture, Lassine Sangaré comprit que les carottes étaient cuites. Et puisqu’il n’entendait pas payer seul l’addition, il dénonça ses complices : Idrissa Dramé, Issa Diawara et Abdoulaye Nyampa de nationalité burkinabé. Les agents passèrent une bonne partie de la nuit à les rechercher. Ils finirent par les arrêter à Sénou-Bougouba. Conduits à la police et regroupés, les quatre hommes qui pensaient s’en sortir en déclarant une partie de leur butin avouèrent avoir volés trois autres voitures. Ce sont une Toyota Corolla, deux autres Mercedes dont l’une a été désossée. Il n’en restait plus que la carcasse et le moteur, prêts à être vendus au premier venu. Les quatre véhicules sont visibles au commissariat du 13e arrondissement. Le commissaire Niaré espère que les propriétaires se feront connaître et viendront présenter les documents nécessaires. Un avis gratuit à ceux dont les véhicules ont été volés.
Gamer A. Dicko