Assurant téléphoner d”Espagne il promet monts et merveilles mais son interlocuteur garde la tête froide.
Qui est Alain Dutro ? La question mérite d”être posée. Et la réponse va intéresser le Projet de réduction de la pauvreté (PRP) que dirige l”ancien ministre Mme Sy Kadiatou Sow. La direction du projet n”a pourtant jamais aperçu l”homme qui est identifié par ces dix lettres. Un de ses agents a juste entendu sa voix.
Les faits se situent au mois de mars dernier. D”Espagne, Dutro contacte le PRP au téléphone. Il se présente comme un mécène séduit par la noblesse de la cause défendue par le projet.
Nous sommes le jeudi 8 mars. L”agent du Projet de réduction de la pauvreté (PRP), devenu le Projet d”appui au développement communautaire (Padec), à Nioro du Sahel, reçoit aux environs de 9 heures un appel d”Espagne. Au bout du fil, un certain Alain Dutro. L”Espagnol parle vite. Il ne laisse même pas le temps à son interlocuteur de réagir. Il explique très rapidement à Madany Touré, le chef d”antenne à Nioro du Sahel, qu”il a découvert Nioro et le projet en 2006. Il conclut que le PADEC fait du bon travail. Et il promet une petite aide pour encourager les travailleurs. "Votre œuvre est exaltante. Elle mérite des encouragements et des félicitations", dit Dutro au téléphone.
DES MEUBLES :
Se montrant concret, l”Espagnol demande à Madany Touré de rencontrer un certain Mady Konté, un transitaire malien. Ce dernier va lui remettre un colis comprenant 5 grands congélateurs, 3 téléviseurs, 1 grand salon en cuir, 10 appareils téléphoniques d”une célèbre marque, 1 mini chaîne et 1 ordinateur portable. "Ce matériel témoignera de ma reconnaissance pour tout ce que vous faites pour les pauvres au Mali", a ajouté d”une voix enjouée le bienfaiteur invisible.
Après cette conversation téléphonique, Madany Touré contacte le transitaire dont Dutro lui a communiqué le numéro de téléphone. L”homme d”affaires, Mady Konté, écoute attentivement les explications du chef d”antenne du Padec. Il lui demande d”énumérer la liste du matériel proposé par l”Espagnol. Le transitaire explique qu”il réside à Zégoua. Le matériel promis se trouve, selon ses dires, dans un magasin depuis une douzaine de jours. Mady Konté ajoute qu”un camion de livraison va bientôt quitter Zégoua pour Nioro du Sahel. Cependant la livraison est liée au paiement de frais de transit qui s”élèvent à 186.000 Fcfa. La somme doit lui être envoyée par transfert électronique.
Madany Touré écoute attentivement les instructions de son interlocuteur lointain. Ensuite le chef d”antenne demande à rencontrer à Bamako une personne de confiance du transitaire. Konté promet de répondre plus tard. Et depuis le chef d”antenne attend toujours. Plus jamais il n”a pu entrer en contact avec son transitaire à partir du numéro affiché sur son portable. Toutes les tentatives tombaient sur la boite vocale. "L”Essor" aussi a tenté de contacter le fameux transitaire, depuis trois jours. Mais le numéro correspondant ne répond pas.
Le très prudent Madany Touré et ses chefs ont tiré la conclusion qu”il ont échappé à une tentative d”arnaque. En bons citoyens, ils ont alerté le Quotidien national afin d”éviter à des Maliens de bonne foi de tomber dans le piège d”escrocs opérant par téléphone. Vigilance ! Les arnaqueurs ne sont jamais à court d”idées pour piéger les honnêtes gens.
G. A. DICKO
PULSIONS AVEUGLES
Adama Coulibaly, un jeune serveur d”un bar de la place, a longtemps rêvé de mettre dans son lit la jolie S. S, une vendeuse de rue. Chaque jour, il attend impatiemment que l”adolescente entre dans son champ de vision. Au moment où la fille passe, un plateau sur la tête, l”amoureux fou s”abîme dans les rêves les plus merveilleux. Et chaque jour après son service matinal, assis sur une chaise devant la porte, il guette la fille de 11 ans. A chacun de ses passages, Adama ne manque pas de mots doux pour la retenir un bout de temps.
Un dimanche, après avoir passé plusieurs jours sans apercevoir, S. S, Adama se positionne à la place habituelle. Vers 13 heures, il voit arriver l”adolescente très fatiguée d”avoir marché longtemps. Cherchant un coin pour se mettre à l”abri du chaud soleil, elle pense à l”endroit où l”attend d”habitude le jeune serveur. Elle prend donc cette direction. Adama l”aperçoit. Il la hèle. Le jeune homme lui propose un marché. Il est prêt à acheter toutes ses marchandises contre un moment agréable à l”intérieur du restaurant.
La fille refuse. Elle est choquée par des avances aussi déplacées de son point de vue. Elle menace son soupirant des pires représailles. Mais sans crier gare, Adama se saisit de quelques tubes de pâte dentifrice et s”enfonce à l”intérieur d”une chambre du restaurant. Il invite S.S. à venir les récupérer. Emportée par la colère, elle poursuit Adama. Dès qu”elle franchit le seuil de la chambre, l”amoureux change de ton. Il exhibe un couteau et met en garde S. S : "un cri et ton cou est tranché". Il sort de sa poche un préservatif et déshabille la fille.
Le viol consommé, Adama prend peur. Il propose 200 F à sa victime contre son silence. Naturellement S. S repousse l”offre et se met à pleurer. Pour la calmer, Adama multiplie la somme par 10 et lui tend un billet de 2000 Fcfa toujours sans résultat. Adama sonde alors l”adolescente sur sa détermination à informer ses parents. Elle répond par l”affirmative. La vendeuse ressort de la chambre les larmes aux yeux. Le criminel la suit et la menace de son couteau jusqu”à la porte. Brutalement, il craque et s”enfuit.
Au retour de S.S. à la maison, sa mère s”aperçoit rapidement que quelque chose lui était arrivé. Elle pose une seule question. La jeune fille explique alors en détail sa mésaventure. Le père, alerté, se rend au commissariat du 10è arrondissement pour y déposer plainte. Le commissaire divisionnaire, Madi Fofana, ordonne à ses hommes d”enquêter sur le jeune homme mis en cause.
Les policiers conduisent S.S. sur les lieux de l”agression. Elle leur indique l”endroit où Adama a caché son préservatif. Après vérification, les éléments de la brigade de recherche découvrent la pièce à conviction. Peu de temps après Adama est arrêté par les policiers. L”inspecteur principal Maria Sidibé procède à son audition. Le violeur a été déféré à la Maison centrale d”arrêt de Bamako.
D. I. DIAWARA
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