F.F a fracassé le crâne de son petit fils, au motif que sa mère refuse de prendre pour mari l’homme qu’il lui a proposé.
La cruauté de certains actes donne froid dans le dos en les contant. Notre fait divers du jour est sans doute l’un des plus cruels que nous avons rapportés dans ces colonnes. Sa trame se noue autour d’un petit garçon de quatre ans appelé B. Son grand-père lui a fracassé le crâne au motif que sa mère refuse de prendre pour mari l’homme qu’il lui aurait proposé. La jeune fille avait osé braver son paternel en affirmant qu’elle n’épouserait que le père de son fils. Ce fait divers révèle sans doute la dure réalité de nos villages. Il rappelle également combien certaines réalités comme le mariage forcé ont la vie la dure dans notre société. En effet, le mariage est une étape importante de la vie, une étape qui unit d’abord deux personnes. Dans notre société, le mariage n’est pas un geste individuel car il unit plus que les mariés, deux familles et scelle des alliances entre clans. Il est fréquent surtout dans les zones rurales où les valeurs traditionnelles sont demeurées bien très vivaces de voir les familles choisir un époux ou une épouse pour leurs rejetons. Le mariage est ainsi organisé par les familles qui ne se soucient guère du consentement ou non de leurs enfants. Souvent, malgré, le refus catégorique d’un ou des deux conjoints, le mariage est célébré et vécu. Malheur, aux jeunes qui tentent d’y échapper. Ils sont très souvent confrontés à une rupture familiale avec tous les dangers et les difficultés que cela peut engendrer.
Cependant, malgré l’évolution des mentalités et surtout la mise en place des lois pour anéantir le pratique, le mariage forcé existe bel et bien dans notre pays et sa pratique semble être acceptée à divers degrés par les différents ethnies. Pour les adeptes de la pratique, la société traditionnelle qui a toujours harmonieusement vécu sur ce modèle, constitue le dernier rempart contre « l’assimilation ». L’autorité des parents s’exerce donc dans ces unions arrangées. Si certains mariages forcés vécus dans le temps ont été de francs succès, de nos jours leurs taux de réussite sont nettement inférieurs et les difficultés qu’engendrent des mariages sont nombreuses. En effet, ces jeunes filles sont contraintes à des rapports sexuels et des grossesses non désirés, des violences conjugales, des pertes d’autonomie et de liberté. Tous ces inconvénients les conduisent à des dépressions nerveuses. Ces atteintes à l’intégrité et à la liberté engendrent aussi des chantages affectifs, des séquestrations et des déscolarisations. De plus, les femmes qui manifestent leur désaccord se voient rejetées par la famille. Malheureusement, il arrive souvent qu’une fillette de 14 ans se voie contrainte de devenir la petite épouse d’un vieillard de plus de 60 ans, sous peine d’être bannie de la famille. Dans ce drame, les mères n’ont autre chose à faire que de consoler leurs filles. « Ma fille, sache qu’un homme n’est jamais trop vieux pour une femme. Tes pleurs n’y changeront rien.
La tradition doit être scrupuleusement respectée » dit-on à la fille rebelle. Pire, les filles qui ont la chance de s’échapper en fuyant, sont aussitôt remplacées par leur sœur. Il faut une dose incroyable de courage et de détermination pour aller à l’encontre de la tradition des mariages forcés car, une fois une adolescente choisit de s’enfuir, elle est classée comme une paria, mise au ban de la famille. La triste réalité est que certaines d’entre elles font l’objet de sévices graves si elles refusent. Les lois dans notre pays punissent ces usages, mais, dans la pratique, il est difficile de les faire observer. Notre fait divers du jour démontre combien certaines sociétés sont encore attachées à cette pratique.
UN AFFRONT. Les faits se sont déroulés à Tiendo, un village bamanan très connu situé à 5 km de Dioila., F.F., la fille « insoumise » est une étudiante. Son père, A. F. autochtone du village de Tiendo, l’avait promise en mariage à un homme du village. La jeune fille n’a jamais caché son désaccord pour le choix de son père, à cause de ses sentiments pour un autre jeune homme, avec qui elle a une relation. C’est ainsi qu’elle tomba enceinte de son amoureux et accoucha, il y a quatre mois d’un joli garçon que l’on appellera B. Traoré. La naissance de ce petit garçon irrita le père qui qualifia cette action de sa fille comme un affront. Cependant, cette naissance n’entama en rien à la détermination de son père de la marier à l’homme de son choix. Il y a un mois, le père interpella la fille pour lui dire de prendre ses dispositions, car il a décidé de sceller l’union avec l’homme qu’il a choisi pour elle. F.F aussi déterminée à ne pas accepter le choix de son père, expliqua à son paternel qu’elle n’épousera que le père de son enfant. Cette affirmation choqua le quinquagénaire A. F. qui piqua une vive colère et se mit à couvrir sa fille de toutes sortes d’injures. Comme si cela ne suffisait pas, l’irascible père fonça sur sa fille qui tenait dans ses bras le garçonnet, extirpa le bébé innocent des mains des sa mère. Sous les yeux impuissants de toute la famille, il prit l’enfant par les deux pieds et commença à cogner son petit crâne contre le sol. Il ne lâchera prise que lorsque la tête de l’enfant n’était plus qu’un amas d’os et de chair ensanglantée. Devant, cet acte inqualifiable, la demoiselle perdit l’usage de la parole pendant quelques secondes. Lorsqu’elle se ressaisit, c’est pour se mettre à crier comme une écervelée. Abasourdi, le reste de la famille se mit à pleurer et alerta le chef de village, Y. F. Ce dernier convoqua aussitôt un conseil de village réunissant les chefs de familles et ordonna d’enterrer l’enfant le plus vite possible. Après l’enterrement, il réunit tout le village et intima aux habitants de faire le silence sur l’affaire. Pire, il mit en garde les habitants de village contre toute divulgation de cette affaire, au risque d’une mort certaine et aussi cruelle. Une sommation prise au sérieux par les habitants qui firent profil bas. Après deux semaines de silence, un habitant du village, pris de remords, décida l’aller dénoncer le meurtrier et ses complices à la gendarmerie de Dioila qui dépêcha des hommes aussitôt arrêter l’auteur de cette cruauté et ses complices. A. F. reconnut les faits. Il est a été écroué à la prison de Dioila, en compagnie de ses complices. Cette scène peu ordinaire doit attirer l’attention de tous, sur les atrocités commises dans les villages au nom de la tradition. Malheureusement des scènes aussi indignes se produisent très souvent dans nos contrées dans le plus grand silence.