Fait divers : Des porteurs de valisettes pleines de sous à vos portes

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    Mon ami Modibo m’a raconté une histoire abracadabrante. Il était chez-lui, à Baco-Djikoroni, dans son salon, l’autre soir, en train de regarder le match, et voilà que l’on frappe à sa porte. C’est un monsieur, en costume et cravate, un maure «  Souraka « avec une valise diplomatique. Il ne le connaît pas. Il est un peu surpris. Il l’invite à s’asseoir mais le monsieur lui dit : – Vous pouvez sortir un moment ?

    Intrigué mon ami sort avec lui sur la terrasse. Le  visiteur lui demande  avec un air aimable : – Votre maison n’est pas à vendre ? -Ma maison ? Modibo n’en revient pas.  Il réplique, vendre ma maison ? « J’ai mis des années à pouvoir la finir, avec mon salaire d’enseignant.

    -Vendre ? Non, qui vous a dit que je veux vendre ma maison?

    -Vous savez, tout peut se vendre, tout se vend, ça dépend du prix que l’on y  met, 100 millions, ça vous va ?

    Estomaqué ? Modibo garde son sang froid et réplique. « J’ai entendu parler du  blanchiment d’argent. Des valises qui arrivent à l’aéroport de Sénou, pleines de dollars  ou d’euros, avec des Pakistanais, et qui servent à acheter des véhicules de marque  Hilux, flambants  neufs, qui seront acheminées vers les bases de Al qaida au  Nord, plus besoin de voler les 4×4 des ONG qui, d’ailleurs, ont déserté le Septentrion. Cet argent provient  dit-on  de vente  d’armes, de la cocaïne et des réseaux de prostitution ne peut être blanchi dans les banques. C’est  pourquoi ces  hommes «  aux valisettes « pleines de billets de banque déambulent dans les quartiers chics pour offrir leur «  service »offres d’achat de maisons à domicile. Drôle  d’insécurité ! Et  cela se passe dans les quartiers résidentiels. Baco-Djikoroni par exemple. Il croyait rêver, mon ami Modibo. Lui  qui a construit  petit à petit sa maison brique par brique, avec les économies de toute une vie et l’aide de son épouse et de ses enfants, qu’il a toujours élevé selon les principes tels  que « bien mal acquis ne profite jamais »

    Modibo, cloué par l’indignation, n’arrivait pas à articuler un mot. Enfin, il explose : « Monsieur, ma maison n’est pas à vendre et mon honneur non plus. Sortez de chez-moi !

    Modibo n’a pas dormi cette nuit. Il en a parlé  à sa femme. « Notre pays est foutu. L’argent sale, l’argent facile vient jusque dans notre salon. Comment ce quidam  a-t-il osé venir me proposer cette transaction? Le lendemain, au grin, Modibo s’est défoulé et a laissé éclater sa colère : – Calme-toi, Modibo. Et chacun y est allé de son histoire. Mais Modibo ne comprend pas comment ceci est possible ? Des malles, bourrées d’argent « sale », qui entrent dans le pays par l’aéroport international de Sénou, avec la complicité de qui ? Des citoyens qui cèdent à l’attrait de ces offres mirobolantes, empochent l’argent sale et déménagent dans un autre quartier. De l’argent sale qui sert à acheter des voitures  de lux comme on le voit dans la capitale malienne qui foisonnent de véhicules dernier cri. Dans la Cité des Askia,   on assiste aux vols quotidiens de motos. Ces  engins à deux roues, Yamaha 100 ou  DT, qui servent aux bandits  pour se rendre,  dans  plusieurs localités  dans la brousse  afin  de  voler des chameaux. C’est la dernière technique pratiquée par les braqueurs à Gao : voler des chameaux en Yamaha ! On aura tout vu ! Et  auprès de qui se plaindre alors ?

    Mais ou est  l’Etat ? Où   est donc passé le ministre de la Sécurité Intérieure ? Comment mettre fin à cette nouvelle forme d’insécurité chez nous ? Sa porte d’entrée serait l’aéroport de Sénou. Aucune ONG ne veut aller dans le Nord, déclaré zone rouge maintenant. L’armée et  les anciens rebelles intégrés,  grâce à la bienveillance et la clémence de l’Etat, que font-ils pour faire régner l’ordre dans nos régions de Tombouctou, Gao et Kidal ? Peut-on rester indifférent face à  cette situation d’insécurité,  face aux viols, face aux braquages commis par des bandits autochtones que tout le monde connaît ou par des étrangers qui viennent semer la peur, la haine et  la mort  dans notre pays.

    L’Etat existe, l’Etat est là. Que fait-il faire  pour venir à bout de ce fléau ?

    Mais, de plus en plus,  des voix  s’élèvent pour dire, outre l’insécurité,  le  cheptel se décime et la famine s’installe. Mais  nous, citoyens modèles. Ne nous nous laissons  pas envahir par  la drogue .Alors que nous  des problèmes sérieux à résoudre.                                                                                                                               Ali Bilal

     

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