Fait divers : Cruel destin

    0

    Le mari de A. D. refuse de croire que la maladie de sa femme est un coup du sort. Il la maltraite outrageusement.

    Les agents et le commandant de la brigade des mœurs de la police nationale ont les nerfs solides. Ils sont habitués aux scènes les plus atroces et les plus cyniques. Cependant ils se demandent tous comment A. C. a pu se rendre coupable de la cruauté inouïe qui est le sujet de notre fait du jour. L’homme est fonctionnaire à la retraite. Avant de faire valoir ses droits au repos, il a épousé A. D. qui est devenue sa deuxième femme. Elle lui a fait quatre enfants. Mais à un moment de la vie elle a attrapé une grave maladie : l’épilepsie. La cadence des crises s’accéléra. Les voisins, les amis et les parents ont conseillé à A.D. de ne plus faire la cuisine par crainte de faire une crise au mauvais moment. Elle pourrait tomber dans les flammes, se brûler grièvement ou dans le pire des cas mourir des suites de ses brûlures. Cette précaution ne devait pas poser un problème à A. C., marié à deux femmes.

    La première fut informée qu’elle serait désormais seule à faire la cuisine. Cette épouse qui avait son plan en tête, accepta sans rechigner la nouvelle situation. « Le jour que mon mari a pris cette décision en présence de mes parents et de ses amis, tout le monde a salué son bon sens. Mais cela n’a pas duré plus d’un mois », raconte A.D. en sanglots.

    La deuxième femme occupa seule la cuisine. Mais à sa grande surprise A. D. sera désormais considérée par son mari comme un complément défectif. A.C. la sevra de tout rapport intime. Comme si cela ne suffisait pas, la coépouse commença à tourmenter la pauvre malade. La première servait la part de repas de la deuxième et de ses enfants dans un petit plat. Comme on pouvait s’y attendre, cette ration était très insuffisante. En juin dernier, un jour, sa part était si petite qu’A.D. avait préféré la laisser à ses quatre mioches pour passer la journée à jeun. Le soir, elle alla montrer sa ration à son mari. Mécontent de cette démarche, A.C. se mit dans tous ses états et traita sa deuxième épouse de porte-malheur. Le mari lui asséna cruellement qu’elle est devenue épileptique parce qu’elle n’a jamais été une bonne femme et que ses enfants seront des bons à rien dans la vie. Déçue par une telle réaction, la pauvre femme retourna dans sa chambre et se mit au lit le ventre creux, préférant encore laisser la pitance à ses enfants. Le lendemain, elle se réveilla très tôt et appela un des siens et lui demanda de venir la voir. Le parent arriva vers 08 heures. Aminata lui expliqua dans quelle misère elle vivait, elle et ses enfants. Mais ce qui l’inquiétait surtout, c’était l’ampleur que prenait chaque jour cette misère. Sans autre forme de procès l’homme appela le chef de famille et lui fit part des confidences que sa deuxième épouse A.D. venait de lui faire. Il lui prodigua beaucoup de conseils. A. C. se montra compréhensif et promit de faire changer la situation. Mais à peine le visiteur eut-il tourné les talons, qu’il se saisit du pilon qui servait à écraser les condiments pour asséner plusieurs coups à la malade. Il toucha l’œil gauche de la femme. La blessure provoquée nécessita l’intervention de l’IOTA. La vue de A. C. sera heureusement sauvée. Elle aurait pu devenir borgne, voir aveugle, pour le reste de ses jours. A.D. passera plus d’un mois à se soigner sans que son inconscient de mari daigne s’intéresser à elle. Cet époux indigne semblait souhaiter la mort de sa deuxième épouse.

    Une semaine après la blessure, la dame, malgré des douleurs atroces qui l’empêchaient de dormir, alla porter plainte à la brigade des mœurs contre son mari pour coups et blessures volontaires. A. C. a été convoqué et son audition sur procès verbal a été faite. Mais avant qu’il ne soit déféré au parquet, les parents de A.D. et ceux du mari ont convaincu l’épouse maltraitée de retirer sa plainte contre le père de ses quatre enfants. La dame n’a pas voulu, dans un premier temps, écouter les bonnes paroles des intervenants. Mais sous la pression de tout ce beau monde, elle finit par céder et le mauvais mari A. C. échappa à la prison. Ce qui ne lui servira toutefois pas de leçon. A.D. continua à vivre le calvaire dans la famille de ce mari ingrat. Elle était devenue un vrai paria. Personne, en dehors de ses enfants, ne l’approchait. Pire, chaque jour sa part de repas diminuait. Et par crainte d’être perçue comme une gloutonne, elle décida de ne plus se plaindre de son sort auprès de son mari. Quand ses enfants clamaient leur faim, elle s’arrangeait à trouver pour eux quelque chose à se mettre sous la dent. Pour cela il lui fallait recourir à ses amis, en cachette.

    Le 30 septembre dernier son dernier enfant avait très faim et il pleurait sans cesse. Au crépuscule lorsque sa coépouse lui apporta un semblant de repas au fond d’une tasse, A.D. prit une nouvelle fois son courage à deux mains et alla le présenter à son époux. L’homme ne pipa mot sur le champ. Mais il prit la chose en mal. Il rumina sa colère pendant une grande partie de la nuit. Aux environs de 23 heures, il se saisit d’une barre de fer et alla battre A.D. comme un forcené. La pauvre arriva à s’extraire de sa chambre pour fuir l’ire meurtrière de son mari. Elle tomba dans la cour aux pieds de ses enfants. Alou continua à la frapper causant des blessures aux côtes gauches et au biceps. Le lendemain, A.D. se rendit à la brigade des mœurs pour porter une nouvelle fois plainte contre son mari. Le commandant Ami Kane la reçut en personne et procéda à son audition. L’officier de police convoqua le mari qui ne put nier l’évidence. Pourquoi Alou avait-il été si violent avec une malade ? L’homme ne trouva aucune réponse. Il mettra son acte irraisonné sur le compte de la colère. Ami Kane établit son dossier et l’envoya au parquet du tribunal de première instance de la commune III. Au parquet, Alou ne put justifier son comportement violent, ni son insensibilité vis à vis de la maladie de sa deuxième épouse. Il a été mis sous mandat de dépôt. Le méchant mari séjourne actuellement entre les quatre murs de la prison centrale de Bamako. Mais il n’est pas certain que A.D. obtienne une juste réparation. Son époux bénéficierait de l’appui de personnes influentes. Elles vont se déployer partout pour le faire sortir de prison. Si cela n’est déjà fait.

    jeudi 6 octobre 2011

     

    Commentaires via Facebook :