Tous les moyens sont bons pour se faire de l’argent. Bandjougou a décidé de mettre en terre des chambres de passe pour atteindre le but visé. Recruté par une institution financière de la place, il a vite fait de s’acheter une parcelle dans le quartier de Sébénikoro et y a construit une maison d’habitation. Il vivait en harmonie avec sa femme et ses quatre enfants. Voilà qu’il décide d’ouvrir un bar à côté de sa maison.
La femme de Bandjougou ayant vu l’ambiance qui régnait autour du bar, elle décide en commun accord avec son mari de mettre à la disposition des clients de la soupe et des brochettes. Notre homme eut la lumineuse idée de prendre une autre parcelle et d’ouvrir des chambres de passe. Dix chambres furent construites en un temps record et la nuit venue, elles ne désemplissaient pas.
Dans la journée, les fréquentations étaient timides. Etant dans une zone où le problème était de mise, la femme qui faisait des brochettes allait parfois remplir les jarres d’eau qui se trouvaient dans les chambres de passe. La femme, la trentaine, d’une forme acceptable et qui ne pouvait laisser un homme bien constitué indifférent était appréciée par l’ensemble des clients à cause de sa gentillesse. Elle faisait tout son possible pour mettre ses clients à l’aise. C’est ainsi que Samba, le boucher qui la ravitaillait en viande pour faire de la soupe et des brochettes, se mit à lui faire une cour assidue. En un mot, il était fan de la femme de Bandjougou. Malgré la résistance, cette dernière s’est laissée à Samba.
Les amants se voyaient ailleurs. Bandjougou qui travaillait dans une institution financière s’absentait souvent pour quelques jours. Profitant de l’absence de son mari, la charmante épouse en informait son amant Samba. Ce dernier, selon le code prévu, passait dire bonjour et même avec de la viande comme cadeau, et allait dans le bar prendre de la bière fraîche tout en prenant soin en lorgnant par les persiennes afin de voir la femme de Bandjougou aller pour remplir les jarres d’eau. Ainsi il la rejoignait et c’était ni vu ni connu. Un jour ce qui devait arriver, arriva. La chance était du côté de Bandjougou ce jour-là. Notre ami qui était parti pour quatre jours pour la région de Kénédougou rebroussa chemin dare-dare dans l’après-midi, car le chauffeur souffrait d’une diarrhée.
Après les soins dans un centre de référence, il rejoignit son domicile et ne vit pas son épouse. Il alla se faire servir à boire au bar et se leva pour inspecter les chambres de passe. C’est ainsi qu’il découvre son épouse avec et le boucher. Les amants n’avaient pas pris soin de fermer la porte à clef. Ainsi ils furent découverts tout nus. Malgré sa colère, Bandjougou ne pouvait rien du tout. Car, le livreur de viande de sa femme avait un couteau dont il se servait pour couper la viande à ses fournisseurs. Donc pas de provocation, ni de gesticulation.
Ce flagrant délit avait bouleversé Bandjougou qui, sur le coup, prit une décision. Le lendemain, des gens furent recrutés pour démolir les murs. Madame Bandjougou fut invitée à faire bagage et rejoindre ses parents à Samaya. Notre ami Bandjougou aurait dû se dire que ceux qui fréquentent les chambres de passe sont des infidèles conjugaux et son acte les encourageait.
Modibo Traoré