Ne pouvant accepter que son père ait épousé une deuxième femme, B. N. tente de l”émasculer.
Dans le village de Sénou, l”altercation très violente survenue récemment dans une famille "Gaoulo" continue encore de nourrir les conversations. Cette histoire, à en juger par les faits, défrayera longtemps la chronique de ce quartier périphérique de la capitale.
La famille "Gaoulo", est bien connue dans le quartier. Un de ses membres fait toujours office de maître de cérémonie dans les mariages et les baptêmes organisés à Sénou. En bons "Gaoulo", les membres de la famille ont des bonnes relations avec tout le monde.
Il y a quelques mois, le père O. N., la cinquantaine largement dépassée, a voulu apporter du sang neuf dans la famille en épousant une jeune fille. Comme dans la plupart de familles polygames, la dernière épouse A. A. ne tarda pas à avoir toutes les faveurs du patriarche. Les primautés accordées à la "baramousso" n”ont pas du tout été du goût des enfants de la première femme du chef de famille. Ils ont estimé que leur mère, la première épouse de leur père, était injustement délaissée au profit de la nouvelle mariée. Ils étaient convaincus que cette femme était entrée par effraction dans la vie de la famille. Ils ne tardèrent donc pas à manifester à son égard une certaine animosité.
INJURES GRAVES :
Les enfants de O. N. ne cachaient plus leur mépris pour leur jeune marâtre dont le seul tord est d”avoir accepté d”épouser leur père. A chacune de ses apparitions, la jeune dame était l”objet d”injures graves. On ne lui épargne guère les grossièretés du genre : "la belle garce" ou "admirez celle qui a accepté de partager le mari avec sa mère ….". La paisible A. A. encaissait stoïquement les provocations sans jamais broncher. Elle s”est toujours gardée de rapporter à son mari les quolibets que ses "enfants" lui faisaient endurer. Connaissant bien son vieil époux, elle craignait de susciter une réaction brutale du père envers ses enfants.
Au milieu de la semaine dernière, le fils aîné de O. N. décida d”affronter le chef de famille. Il lui jeta à la face qu”il n”était pas content de la nouvelle femme de son père. Le vieux lui répondit qu”il n”avait pas à demander l”avis de son fils avant d”épouser A. A. Excédé par cette effronterie de son fils, le vieux cracha ses quatre vérités en lui faisant savoir qu”il ne demandera jamais son avis quand il aura envie de prendre une troisième ou une quatrième femme. A ces mots, B. N. piqua une vive colère. Il traita son géniteur de tous les noms d”oiseau. Piqué dans son honneur, le vieux maudit ce fils indigne.
Depuis cet échange de propos acerbes, le patriarche O. N. n”adressait plus la parole à son enfant rebelle.
Bien que vivant dans la même concession, le père et le fils s”évitaient au maximum. Mais l”inévitable clash finit par arriver samedi dernier. B. N. sortant de la concession au volant de sa voiture, faucha son propre petit garçon, qui jouait dans la cour. Le vieux pensa que son fils a fait exprès pour tamponner l”enfant. Apparemment, B. N. voulait provoquer le courroux du vieux qu”il sait très attaché à son petit fils. Hors de lui, O. N., incapable de se retenir, interpella son fils avec véhémence. Il le somma d”expliquer, comment il pouvait ne pas faire attention aux enfants et aux objets dans la cour.
AVEC UN COUPE-COUPE :
Une dispute éclate entre le père et son fils. A la surprise de tous, le fils lança à l”endroit de son géniteur des propos renversants. Il laissa entendre que si son père peut encore épouser des jeunes filles, c”est parce qu”il possède les moyens de les satisfaire au lit. Il menaça donc son père de le priver de son appareil génital. Et joignant l”acte à la parole, B. N. sortit de la voiture armé d”un coupe-coupe. Il fonça sur son père, assis sur une chaise.
O. N. garda son sang-froid et laissa venir l”agresseur. Au moment où son fils s”apprêtait à toucher ses parties intimes avec son arme, le patriarche vif comme l”éclair l”esquiva et planta un couteau, sorti d”on ne sait où, dans la clavicule de son agresseur. B.N. sentit la lame lui fendre les muscles et se tordit de douleur. Il tenta d”attaquer une nouvelle fois. Il brandit son arme et avança vers son père en proférant des injures que nous nous gardons de rapporter. Il sortit des insanités si graves que certains croyaient que le belliqueux s”adressait à un inconnu. Mais il n”eut pas le temps d”atteindre son père. Une foule des jeunes gens s”emparèrent de lui. Affaibli par la perte de sang, le fils demanda à être transporté dans un centre de santé. Ceux qui l”ont maîtrisé accédèrent à sa requête. Le blessé fut conduit au dispensaire où il reçut les premiers soins.
Après le traitement, ayant compris que sa vie n”était plus en danger, B.N. alla porter plainte au parquet du tribunal de première instance de la Commune VI. L”affaire a été envoyée au commissariat de police du 10è arrondissement aux fins d”enquête préliminaire. Mais l”intervention des parents, proches et amis ont amené B. N. à mettre un peu d”eau dans son vin. Il a accepté de retirer sa plainte contre son père pour coups et blessures volontaires.
G. A. DICKO
L”égorgé de Yirimadio : LA FEMME ET LE FILS SOUS MANDAT DÉPÔT
Korotoumou Camara et son fils Sory Koïta, sont respectivement épouse et fils de Amadou Koïta, professeur d”enseignement secondaire général, en service au lycée Askia, retrouvé mort égorgé dans son lit (voir l”Essor du 21 mai 2007). L”épouse et son rejeton, fortement suspectés, ont été mis sous mandat de dépôt par un juge d”instruction du parquet de la Commune VI, apprend-on de sources policières.
"Sory a craqué lorsque nous lui avons demandé comment un homme peut-il se trancher la gorge avec un canif, pour ensuite le remettre dans un sac à main comme il l”avait soutenu. Il a d”abord dit "je ne sais pas". Puis il s”était mis à pleurer et à répéter sans cesse : "demandez à ma mère", rapporte un policier qui a suivi l”enquête.
La mise sous mandat de dépôt de Korotoumou et de son fils a surpris plus d”un dans le quartier. Les voisins ont découvert l”ampleur de l”horreur. L”indignation est grande contre les présumés coupables. Tout le monde s”interroge sur les raisons profondes qui ont poussé la femme et son fils à commettre un crime aussi odieux.
G. A. D.
L”Essor du 6 juin 2007