Menace d’emprisonnement, morcellement des lieux, déguerpissement forcé, agression physique, destruction des planches de légumes, les maraîchers des quartiers de Bacodjicoroni, Torokorobougou, Badalabougou et Garantiguibougou, n’en peuvent plus.
A l’origine de cette souffrance, des spéculateurs fonciers qui ne jurent que par une seule chose : s’accaparer des parcelles logeant les berges du fleuve.
En effet, depuis quelques mois, les parcelles occupées par les maraîchers de la commune V (majoritairement des femmes de 70-30 ans) et cela depuis plus de 30 ans sont morcelées petit à petit par des spéculateurs fonciers de tout bord et leurs complices de la mairie. Ainsi, sur plus de 60 ha disponibles pour les maraîchers de Bacodjicoroni, il n’en reste plus qu’une dizaine.
Ici, ce sont plus de 100 femmes qui y ont déjà été victimes de déguerpissement.
Plus grave, le peu d’espace qui leur reste a été borné par un conseiller de la mairie de la commune V et son complice, un opérateur économique, il y a tout juste quelques jours.
Ceux-ci en possession d’un “titre foncier” ont déjà investi les lieux de matériaux de construction (sable, gravier, cailloux).
Mais la mairie de la comme V rapprochée par nos soins, décline toute part de responsabilité dans cette affaire. Et elle dit même ignorer la vente des parcelles longeant les berges du fleuve à Bacodjicoroni.
Selon d’autres sources crédibles, il semblerait que le titre foncier que ces spéculateurs prétendent avoir, aurait été établi par un agent de la direction nationale des domaines. Bien sûr, moyennant des dessous de table.
Pour amadouer les jeunes de ce quartier qui s’opposaient à cette expropriation, les spéculateurs leur ont laissé entendre qu’ils comptent construire sur ces parcelles un hôtel qui emploiera plus de 200 jeunes du quartier.
Ce qui n’a pas porté fruit ainsi les spéculateurs ont décidé de passer à la manière forte, en agressant physiquement certaines occupantes, des lieux et en détruisant leurs planches de légumes.
S’agissant des berges du fleuve à Torokorobougou, c’est l’inadmissible. Car en cet endroit, non seulement les maraîchers ont été déguerpis des lieux, mais aussi l’on y a construit même dans le lit du fleuve.
Pire, tous les spéculateurs qui ont investi les lieux sont possesseurs de titres fonciers obtenus auprès du ministère du logement et des Affaires foncières.
A Torokorobougou, contrairement à Bacodjicoroni, la mairie de la commune V est accusée d’être la complice de ces spéculateurs fonciers.
A en croire certaines sources des conseillers de cette mairie auraient clamé haut et fort qu’ils feront tout pour chasser les maraîchers des lieux.
En ce qui concerne les deux autres quartiers Badalabougou et Garantiguibougou, la situation est encore pire. Car plus de la moitié des maraîchers ont été déguerpis. Et les quelques uns qui y demeurent assistent impuissants chaque jour à la destruction de leurs planches de salade, de choux, de patates…
Leurs parcelles sont détruites au nom de la loi. Mais, la réalité est que ces parcelles dont il est question ne doivent en aucune manière être vendues pour usage d’habitation. D’ailleurs les textes sont clairs : le lit majeur du fleuve ne doit servir de lieux d’habitation pour personne.
Pour faire bloc aux spéculateurs fonciers, les maraîchers de ces quartiers sont en train de mettre en place un groupe qui aurait déjà pris contact avec la mairie.
Actuellement sur le qui vive, ces maraîchers (plus de 400) se prépareraient à marcher. A cet effet, il bénéficierait déjà de l’appui d’un parti politique.
A. Sanogo