Evasion a la prison centrale : Des pistes à explorer pour situer les responsabilités

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    Maison d'arrêt de Bamako
    Maison d’arrêt de Bamako

    Le lundi 16 juin dernier, un terroriste vagabond hors pair, déserteur de l’armée nationale est parvenu à s’évader de la prison centrale en tuant l’adjudant Kola Sofara, qui était à la clé du mitard.  D’où venait donc l’arme meurtrière que détenait Mohamed Ali Ag Wadoussène ? Voici quelques pistes à explorer !

    Tout d’abord, il faut le souligner, les surveillants de prison travaillent dans le dénouement le plus total, souvent sans aucun moyen de défense, encore moins de détecteurs pour la fouille corporelle des visiteurs qui se comptent par centaines le jour. Ce qui rend le dispositif sécuritaire très faible.

    Mohamed Ali Ag Wadoussène est un grand terroriste qui a été mis sous mandat de dépôt en mars 2012 par le très bouillant juge d’instruction du 7e Cabinet du tribunal de la Commune III, Houssa Ag Mohammédoune qui instruisait en même temps les dossiers chauds pendant l’occupation des régions du Nord.

    Le Mandat de dépôt de notre terroriste est intervenu après que les organisations de défenses de droit de l’homme aient demandé qu’il soit présenté à un juge. Ainsi, de novembre 2011 jusqu’en mars 2012, soit quelques jours avant le coup d’Etat qui a renversé ATT, Wadoussène était détenu dans un cachot de la sécurité d’Etat, sous la responsabilité de l’ancien directeur le Colonel Mamy Coulibaly.

    Comment Wadoussène a-t-il pu se procurer d’une arme ?

    Sabé sera-t-il inquiété ?

    Dès son entrée à la MCA, le déserteur de l’armée a été conduit dans une chambrette de 2x2m avec une petite fenêtre dans le mitard, ne laissant place qu’à la seule lumière du jour. Là, l’individu reste longtemps en isolement, ne recevant pas de visite. Seul l’ancien chef Peloton, l’adjudant Ousmane Sabé, un protégé de l’ancien ministre de la justice Maharafa Traoré, se pavanait souvent dans la cellule avec une arme illégale (PA) en main.

    Le renversement du régime d’ATT, qui a causé le départ forcé de Maharafa Traoré de la justice a affaibli le jeune peloton Sabé, qui ne voulait pas rejoindre son nouveau poste à la prison de Yorosso. Frustré par sa mutation, l’adjudant Sabé a-t-il remis son pistolet automatique au terroriste Mohamed Ali ?

     

    Un détenu très bien renseigné ayant gardé l’anonymat soutient que l’arme, qui a servi à tuer l’adjudant Kola Sofara, a été introduite dans la prison vissée dans un téléviseur écran 21 demandé par Wadoussène, pour lui permettre de suivre les matchs de la coupe du Monde 2014.  Notre informateur dit détenir des informations sur l’itinéraire de Mohamed Ali, qui a juré avant son coup réussi, qu’il rejoindra les positions des autres groupes armés qui sévissent dans le septentrion.

    La même source a aussi fait savoir que le nom d’un certain « Soumi », sobriquet de Soumaïla, sortait tout le temps dans la bouche du terroriste, surtout lorsqu’il passait ses coups de fil. Mohamed Ali avait un téléphone et détenait plusieurs puces. Il appelait ses amis de partout, Algérie, Mauritanie et même de Qatar. Le terroriste gardait son téléphone à la petite fenêtre dressée au mur de la chambrette, pour ne pas être confronté à la visite surprise des surveillants de prison.

    Des gendarmes dans le coup ?

    L’ancien régisseur Mamourou Doumbia, un colonel de la gendarmerie, a fait valoir son droit à la retraite en décembre 2013, laissant le poste de régisseur de la MCA vacant. Là, deux autres gradés de la gendarmerie, dont nous taisons le nom pour le moment, cherchaient à avoir le poste. Malheureusement pour les gradés de la gendarmerie, les autorités judiciaires ont porté le choix sur un doctorant en droit en la personne du commandant Abdoulaye Idrissa Maïga, qui est même temps détenteur d’un DESS en science pénitentiaire de Panthéon  (France). Ce choix a créé un remous chez ces gendarmes qui avaient cherché à mettre une peau de banane sous les pieds d’Abdoulaye Idrissa Maïga, afin qu’un  mandat de dépôt lui soit collé et rendre le poste de régisseur vacant, montrant aux autorités que seuls les gendarmes peuvent gérer la MCA. Alors ont-ils préparé la fuite de Mohamed Ali ?

    Les lettres d’Abdoulaye non satisfaites

    Le régisseur de la prison centrale a écrit quelques jours après sa prise de fonction à sa hiérarchie faisant cas du besoin de dotation des officiers du corps de surveillants de prison en armes de qualité. Le département de justice a transmis l’ensemble de ces besoins, dont nous détenons copies, à la défense, qui n’a jamais daigné donner une réponse à ces demandes. Sauf qu’après la fuite de Mohamed Ali Ag Wadoussène, la MCA a été dotée de trois détecteurs pour procéder à la fouille corporelle des visiteurs. « Médecin après la mort » comme dit l’adage.

    Bassidiki Touré

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