Escroquerie, vandalisme financier, faux et usage de faux: L’étau se resserre autour de Mme Touré Djénéba Camara

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    Les agents de l’ONG AFEM (Association des Femmes Educatrices du Mali) sont sur pied de guerre. Ils se disent en effet victimes d’escroquerie, de vandalisme financier, de faux et usage de faux de la part de leur ancienne Coordinatrice nationale, Mme Touré Djénéba Camara. Championne en la matière, cette dame après avoir ruiné l’ONG, est en passe de vendre son siège, histoire de l’enterrer pour de bon. Une mafia que les responsables actuels de l’AFEM entendent combattre becs et ongles devant les Tribunaux.

    L’ONG AFEM qui est aujourd’hui au bord du gouffre, a une longue histoire. Créée depuis le 31 mai 1991 en tant qu’Association, elle s’est transformée  en ONG (Organisation Non Gouvernementale) le 14 mai 1993 régie par l’accord cadre N°405 délivré par le Ministre d’Etat, Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation de l’époque. Sous l’impulsion de son initiatrice, Mme Touré Djénéba Camara, elle s’est alors très vite spécialisée en alphabétisation et a choisi comme groupe cible les filles migrantes qui viennent dans les grandes villes pour non seulement chercher leurs trousseaux de mariage, mais aussi pour venir en aide aux parents restés au village. Ces filles, du fait de leur analphabétisme, tombent souvent dans les milieux malsains de la ville. Elles sont alors victimes de grossesses non désirées, de maladies transmissibles, du VIH/Sida, des infanticides, etc. Il faut donc les aider. C’est en ce sens que la venue de cette ONG a été en son temps saluée à sa juste valeur.

    Après moi, le déluge !
    Telle semble être l’option de Mme Touré Djénéba Camara pourtant Chevalier de l’Ordre national du Mali qui, après avoir été contrainte à démissionner pour, dit-on, gestion opaque et catastrophique, veut détruire pour de bon la structure. C’est cette gestion paranoïaque qui a contraint le partenaire technique et financier de l’AFEM qu’est l’ICCO (Organisation Néerlandaise Inter Eglise de Coopération au Développement) à rencontrer, par le biais de son Chargé de programme, Noh Adaffana et son responsable financier, Samuel Daou, les responsables de cette ONG le jeudi 17 mars 2011. A en croire, M. Mohamed A. Modibo Diakité, Point focal du Programme Multi Acteurs d’alphabétisation, qui est d’ailleurs prêt, dit-il, «à toute confrontation avec n’importe qui et n’importe où», à l’issue de cette réunion, le compte rendu a été fidèlement fait à Mme Touré Djénéba Camara qui se cachait chez sa fille du nom de Maïmouna Touré, agent à la Sotelma. «Nos émissaires l’ont effectivement trouvée et après le compte rendu, elle était d’accord pour la démission», nous révèle M. Diakité avec un sang-froid déconcertant.

    En effet, dans la lettre d’information N°001-ONG-AFEM/2011 du 18 mars 2011, Mme Touré Djénéba Camara écrivait ce qui suit : «Je soussigné Madame Touré Djénéba Camara, Coordinatrice nationale de l’ONG AFEM, informe tout le personnel de ma structure et les partenaires, ma retraite définitive de mon poste de Coordinatrice nationale de l’ONG et des responsabilités y afférentes. En conséquence, le personnel désignera en Assemblée générale extraordinaire mon successeur qui prendra fonction dès sa nomination». Selon son vœu, le personnel s’est donc réuni ce 18 mars 2011 en Assemblée générale extraordinaire sous la présidence de M. Boubacar Sissoko et à l’issue de cette AG, Mme Diakité Adam Sissoko est devenue la nouvelle Coordinatrice nationale de l’ONG AFEM.

    Une réunion fantôme
    Bizarrement,  le 11 juin 2011 à 9 heures, alors qu’elle était portée disparue, ses enfants prétextant qu’elle était malade et qu’au mois de février elle était allée se faire soigner au Sénégal puis au Maroc, une réunion a été tenue sous son égide et le rapport de cette réunion dit en substance ceci : «La Coordinatrice présente l’ordre du jour, à savoir les difficultés que traverse l’AFEM : le manque de financement, l’endettement de l’AFEM dont le titre se trouve avec Jemeni. Les créances des fournisseurs s’élèvent à 84.000.000 F.Cfa. Après débats,  l’Assemblée décide de vendre le siège pour dégager les créanciers pour mettre les gens dans leurs droits. La vente du siège de l’AFEM et les équipements et mobiliers de bureaux permettant à coup sûr d’éponger les dettes. Cette résolution est adoptée à l’unanimité sans contestations. A cet effet, nous donnons procuration à Mme Touré de procéder à la vente de l’immeuble avec Jemeni. Par contre, Mme Touré sera tenue de chercher un local de  2 à 3 pièces pour abriter l’AFEM en attendant qu’on trouve d’autres partenaires financiers. Aucune autre question n’étant à l’ordre du jour, personne ne demandant la parole, la séance est levée à 11 heures».

    Ont pris part à cette réunion «surprenante», Mme Touré Djénéba Camara, Mme Traoré Oumou Mallé, Mme Oïssaba Konanté, Mme Saranba Kéïta, Mme Fatou Sissoko, Mme Traoré Fatoumata Touré et Mme Fatou Sissoko, soit au total 7 dames, toutes se réclamant comme membres fondatrices de l’ONG, la secrétaire de séance étant Mme Maïmouna Traoré. Cette dernière n’est autre que la fille de Mme Touré qui serait mariée à un certain Yaya Ouattara, colonel de la Gendarmerie. Mais, la question qui brûle les lèvres est de savoir comment Mme Touré Djénéba Camara a pu tenir cette réunion le 11 juin 2011 et au siège de l’AFEM, alors qu’elle a rendu sa démission le 18 mars 2011 et qu’elle ne mettait plus pied à l’ONG.

    Selon Mohamed A. Modibo Diakité, ce n’est qu’un véritable montage. «On la connaît très bien. Elle a tellement une imagination  fertile qu’elle peut fabriquer tout ça et en outre, parmi les participantes à cette réunion lugubre, je ne connais qu’elle et elle seule», martèle-t-il avec un air déboussolé. Et de poursuivre que c’est depuis sa démission que «nous avons été assaillis par des commerçants de toutes parts, prétendant avoir donné qui des ordinateurs, qui des imprimantes ou des motos que Mme Touré aurait commandés pour le service.  Ainsi, en une année, près de 200 motos Jakarta sont commandées à des fins personnelles, puisqu’aucune n’est arrivée à l’ONG AFEM à part 7 motos des six Superviseurs de Bamako cédées à l’ONG AFEM», explique M. Diakité.

    A ses dires, depuis le départ de Mme Touré, ses créanciers, munis de chèques sans provision, ne cessent d’envahir le service. «Certains chèques sont de la BCI où AFEM n’a jamais eu de compte et pour lesquels, nous avons été interpellés au Camp I de la Gendarmerie», ajoute-t-il.

    Mme Touré Djénéba Camara démasquée
    A en croire nos interlocuteurs, c’est au Camp I de la Gendarmerie, qu’après une investigation, la BCI a indiqué qu’à son niveau, la seule signataire est Mme Touré Djénéba Camara, mais paradoxalement, les chèques émis par elle portent la double signature, on ne sait de qui autre ; faisant alors du faux et usage de faux. Citons par exemple le chèque BCI N°0655462 payable le 31 mars 2011 d’un montant de 32 millions de francs Cfa remis à M. Souleymane Traoré pour 64 motos Jakarta livrées le 22 novembre 2010. Le 3 décembre 2010, elle se fait livrer 20 autres motos Jakarta pour 10 millions de F.Cfa et a remis un  faux chèque N°0655470. Le 20 décembre 2010, elle émet un chèque BCI N°0655451 d’un montant de 64 millions à Souleymane Traoré.
    En ce qui concerne les bons de commande, Mme Touré  en a émis pluiseurs dont, entre autres, les  N°068 pour 20 motos le 10 mai 2010 pour un montant de 10 millions de F.Cfa à Sétigui Sidibé ; N°079 du 3 juin 2010 pour 20 autres motos (10 millions) au même Sétigui Sidibé ; N°079 du 29 juin 2010 pour 10 motos Jakarta (5.500.000 F.Cfa) avec Mamady Doumbia ; N°83 du 29 juin 2010 pour 10 motos  Jakarta, un ordinateur et une imprimante (63 millions) avec Sétigui Sidibé ; N°89 du 21 juillet 2010 pour 10 motos Jakarta (5 millions) avec Sétigui Sidibé ; N° 95 du 14 juillet 2010 pour 4 ordinateurs Pentium IV (3.200.000F.Cfa) avec Sétigui Sidibé ; N°96 pour 4 imprimantes le 14 juillet 2010 (1.200.000 F.Cfa) avec Sétigui Sidibé ; le 17 août 2010, elle se fait livrer 10 motos Jakarta (5.500.000F.Cfa) avec Mamady Doumbia. Elle commandait ces motos, dévoile M. Diakité, pour les revendre après et construire les étages de ses filles sis à Baco Djicoroni ACI et pour satisfaire les caprices d’un de ses fils.

    Autres «casseroles» de Mme Touré
    Il est aussi à noter que certains créanciers de Mme Touré l’ont assignée en justice et elle n’a trouvé mieux que de leur proposer la vente de l’immeuble abritant le siège de l’ONG qui a été construit par le partenaire technique et financier ICCO en 2000. Elle a en outre donné le numéro d’immatriculation du véhicule du Programme Multi Acteurs d’Alphabétisation au Mali aux Huissiers pour saisie et vente, après leur avoir signifié que ce véhicule lui appartenait. Par ailleurs, elle a vendu la voiture de service Marque Toyota Hulux payée en 2008 par le partenaire de l’AFEM. Dans tout cela, ce qui est choquant est que le personnel de l’ONG AFEM se trouve à bientôt 12 mois sans salaire et les animatrices, à 4 mois alors que la part INPS n’est pas payée depuis 4 ans et pourtant, tous les  montants ont été virés par le partenaires ICCO à temps, il y a des mois.

    C’est pour toutes ces raisons que, dans une lettre  en date du 26 mai 2011, le personnel de l’ONG AFEM a lancé un cri de cœur au Ministre de la Justice, Garde des Sceaux pour que justice soit faite : «Nous vous faisons entendre  notre cri de détresse parce qu’il nous a été dit que vous êtes un homme de vérité qui ne cautionne pas l’injustice et restons à votre disposition pour toutes informations pour étayer cette situation». Selon nos informations, ce personnel est plus que jamais résolu à traîner Mme Touré Djénéba Camara devant les juridictions de notre pays compétentes en la matière. Tout porte donc à croire que cette dame dont on dit d’elle que son sport favori est la fraude, la magouille et la délinquance financière, retrouvera très bientôt le «super hôtel 5 étoiles» (prison des femmes) de Bollé. Affaire à suivre de très près !!!
    Bruno LOMA et Nouhoum DICKO
     

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