Escroquerie: Modibo Diallo dévoile le diable

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    Il était une fois un escroc nommé Zoumana Sidibé dit Zou, devenu célèbre à Zégoua et environs, à la frontière Mali-Côte d’Ivoire. Notre héros s’est fait un nom à Zégoua à travers des démonstrations mystiques : multiplication de billets de banque à partir d’objets divers, se couper puis se racoler la langue sans perte de sang etc. Et puisque sa réputation de magicien avait franchi la frontière, Zou se transporte à Pogo et élit domicile chez Badjan Karim Ouattara, le chef de la confrérie des chasseurs de la localité. Ici également, le magicien fait étalage de son savoir et jouit d’un prestige supplémentaire en raison de la notoriété de son logeur. Pour enfoncer le clou, il n’hésitait pas en plein spectacle à puiser de l’eau sous les seins des jeunes filles et se laver la figure. Zoumana Sidibé est au sommet de sa renommée. Il coule une vie douce car, il est devenu une star auprès des filles. Chacune veut le garder pour elle seule. Sa célébrité est telle que Zou se décide à ajouter une corde supplémentaire à son arc. A savoir, les consultations avec le concours des diables. Il se fait seconder par un bras droit du nom de Tiéma Diarra, un aventurier de passage à Pogo. Le duo tisse sa toile et se partage les rôles. Tiéma joue au diable. De blanc vêtu de la tête au pied, il se hisse nuitamment sur une termitière derrière le village pour dicter à Zou qui ne consulte que de nuit désormais, les prescriptions pour chaque consultant. Magicien qu’il est, Zou est qualifié pour déchiffrer les paroles du diable. Les clients se bousculent. Et à chaque fois, l’interprète du diable attend la tombée de la nuit pour conduire ses clients à proximité du diable qui a élu domicile dans la termitière. Ce dernier qui n’aime pas trop approcher les humains, fait une sommation quand Zou tente de s’approcher trop de la termitière avec ses clients. « Halte » leur lance-t-il, l’odeur humaine me dégoûte. Cette stratégie a duré, enrichi ses auteurs, fait de nombreuses victimes et promis beaucoup de bonheur, mais qui ne tombe jamais. Mais personne ne se plaint de crainte de croiser le fer avec le diable. Arriva Modibo Diallo, un Malien de Férékessédougou. Dans un premier temps, le duo d’escrocs réussit à lui extorquer 100 000FCFA, un bélier, de la poudre d’or et d’argent. Après exécution, ce fils de peulh éprouve aussitôt un profond regret. Il se décide à braver le diable. Pour cela, il sollicite une seconde consultation afin de faire fortune. A 22 heures, le voilà escorté par le porte-parole du diable, se dirigeant vers la colline. A la distance raisonnable, celui-ci donne de la voix. « Halte ». Modibo n’obtempère pas. « Halte vous dis-je, je vous fais fondre comme du beurre au soleil et vous êtes seul responsable ». En vain, intrépide, Modibo avance. Puisque l’humain avançait, c’est le diable qui a commencé par reculer avant de s’enfuir et avec lui, son interprète. La population en conclura après le départ que le diable était Tiéma Diarra et Zoumana Sidibé, son porte-parole.
    De notre correspondant permanent à Kadiolo

    Mohamed Cissé dit MC.

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