Escroquerie : Le « conseiller » à la primature placé sous contrôle judiciaire

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    La brigade de recherche du commissariat de police du 3e arrondissement continue de se forger une réputation d’équipe de choc. Après avoir extirpé des seigneurs de la mort de son territoire, elle vient de mettre fin à l’aventure d’un escroc hors pair qui se faisait passer tantôt pour le Conseiller Economique auprès du Premier ministre, tantôt Conseiller à la Présidence à Koulouba auprès du Chef de l’Etat. Conduit devant le procureur de la République près le tribunal de la Commune II, dans la journée du 7 août dernier, par quel miracle l’on ne sait, l’escroc a incroyablement bénéficié d’une simple mise sous contrôle judiciaire. Que reproche-t-on au délinquant ?

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    Dans l’après-midi du 3 août dernier, Mr Fousseyni Mariko, agroéconomiste de son état, non moins Secrétaire Général du ministère de l’Agriculture se présente au commissariat de police du 3e arrondissement pour porter plainte contre un individu pour escroquerie. Après avoir réussi à lui soutirer des tickets d’essence, il tente de lui jouer un autre tour, portant sur la somme de 215.000FCFA.

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    Le plaignant explique aux éléments de la brigade de recherche qui l’ont reçu, que l’intéressé lui a donné rendez-vous devant l’Ambassade du Canada au Mali. Sur le champ, sous la supervision du Contrôleur général de police Moussa Sissoko, chargé du 3e arrondissement, l’inspecteur principal de police Papa Mambi Keita, l’insatiable Epervier du Mandé, dépêche sur les lieux, une équipe pilotée par l’adjudant de police Hady Diallo. En lieu et place de l’envoyé du Secrétaire Général du ministre de l’Agriculture, l’escroc accroche les policiers qui l’ont arrêté et conduit à leur base. Il s’appelle Abdoul Wahab Ben El Habib, connu sous le nom Ben, se dit domicilié à Boulkassoumbougou en Commune I du district de Bamako.

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    La joie du plaignant ne fut que de courte durée lorsqu’il apprend que son escroc a fui des mains des policiers au cours de l’interpellation d’un complice factice qu’il avait cité. Aussitôt, Mr Fousseyni Mariko devient rouge et furieux. Il alerte son ministre qui lui demande d’informer immédiatement le Premier ministre. Celui-ci l’oriente sur le ministre de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile. Le Général Sadio Gassama invite M. Mariko à se rendre dans son bureau sis au quartier du fleuve. La suite est connue. Le Contrôleur général de police Yacouba Diallo, Directeur général de la police nationale et le Contrôleur général de police Moussa Sissoko, chargé du 3e arrondissement  sont convoqués chez le ministre pour affaire les concernant. On peut déjà imaginer la suite. L’adjudant de police Hady Diallo est sommé de rechercher et d’arrêter le fugitif au risque d’être radié de l’effectif de la police malienne, dès le lundi 6 août 2007. C’était sans connaître que chaque élément de la brigade de recherche du 3e arrondissement équivaut à Rambo, un héros qui fait la fierté de tous les Etats-Unis d’Amérique.

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    L’adjudant de police Hady Diallo sauve l’honneur

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    Dès l’annonce de la nouvelle, l’Epervier du Mandé et tous ses éléments investissent le terrain. Ils placent des mines « anti-escrocs » partout pour faire sauter la cible. Mais en vain. L’adjudant de police Hady Diallo prend congé du sommeil et du repos. Il se lance aux trousses du délinquant en fouillant dans tous les maquis et bars clandestins de la capitale. Pendant ce temps, Ben lui lance des défis au téléphone et jure qu’il ne se laisse jamais appréhender pendant le un week-end.

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    Comme pour se moquer de son poursuivant, Ben ne cessait de l’appeler sur son téléphone. Le policier promet de le mettre au gnouf. Hady Diallo met en place toute une armada d’indics afin que l’oiseau ne s’échappe pas. De renseignement en renseignement, des pistes s’ouvrent à lui. Dans la journée du samedi 4 août 2007, l’adjudant de police met le grappin sur le fuyard à Djélibougou. Il lui passe les menottes aux poignets avant de le conduire à son commissariat au grand plaisir de ses chefs hiérarchiques qui l’ont couvert de félicitations. Le délinquant est mis sous les verrous pour la suite de l’enquête.

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    Le face à face entre le « Conseiller » et le Ségal

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    Mr Fousseyni Mariko et son escroc sont face à face devant l’Epervier du Mandé. Le premier charge, le second se défend en déclarant qu’il n’est qu’un simple envoyé. Le vrai auteur est tapi dans l’ombre. Qui est cet homme ? Ben hésite et tente de se rebiffer. Le temps pour lui de fouiller sur la liste de ses compères. Sachant que le plaignant ne démord pas, Ben dénonce un certain Balla Bass. La police arrête ce dernier. Après vérification, la police découvre que l’oiseau avait menti sur ce dernier.

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    La mauvaise foi de l’escroc étant alors établie, les enquêteurs procèdent à l’audition du plaignant et à l’interrogatoire de son escroc sur procès-verbal. D’après la version des faits de Mr Mariko, le mardi 31 juillet dernier, il a reçu un appel téléphonique d’un certain Oumar Diallo qui se dit Conseiller Economique à la Primature. En vue de le convaincre, il cite le nom de plusieurs personnalités de cette institution avant de dire que son bureau est au même étage que celui du Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga.

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    Après tous ces détails qui convainquent visiblement Mr Mariko, l’escroc le prie de lui prêter mains fortes pour le mariage de son fils à Mopti où sa femme devait se rendre incessamment pour les cérémonies civiles et religieuses. Il avait vidé sa cagnotte du fait des folles dépenses qu’il avait faites pour la circonstance. Lorsqu’il a demandé comment il peut lui être utile, l’escroc lui déclare que sa femme et son enfant se trouvent à son domicile à côté de l’Ambassade du Canada, il peut envoyer son chauffeur Abdrahamane Kouma pour lui remettre du carburant.

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    Le Secrétaire Général s’exécute en dépêchant son chauffeur avec 10 tickets d’essence de 5000FCFA. Trois jours après, l’escroc simule son retour de voyage. Il appelle à nouveau le Secrétaire Général pour lui dire qu’il souhaite lui offrir un téléviseur, écran plat géant, une antenne parabolique et un magnétophone que son ami résidant en Tunisie lui a envoyés. Ce geste est le témoignage d’une reconnaissance à Mr Mariko pour le soutien qu’il lui a apporté. Mais, le nouvel acquéreur devait lui envoyer par son chauffeur la somme de 215000FCFA pour retirer lesdits objets à Royal Air Maroc où ils sont stockés.

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    Avant de se lancer dans cette aventure, Mr Mariko prend soin de vérifier l’existence de ce Diallo. Il contacte un Conseiller de la Primature, du nom de Madani Touré. Ce dernier fait lever le lièvre en déclarant que l’homme est inconnu à la Primature. Il serait même recherché pour les actes qu’il a posés dans plusieurs endroits. Aussitôt, Mr Mariko s’engouffre dans sa voiture avec son chauffeur pour se rendre au commissariat de police du 3e arrondissement qui a fait tomber l’escroc. Quant à Ben, il ne nie pas les faits. Il déclare être en possession des numéros de téléphone de beaucoup de personnalités avec lesquels il commet ses forfaits. Ce qu’il n’a pas dit, c’est qu’en 2004, Ben avait été arrêté par la Sécurité d’Etat pour les mêmes motifs. Il téléphonait dans les services en se faisant passer pour un Conseiller à la Présidence auprès du Chef de l’Etat en soutirant de l’argent ou des tickets d’essence à ses victimes.

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    Au cours de son aventure, il a frappé à la Direction de Shell-Mali où il a pu empocher plusieurs tickets d’essence. Conduit pour délits d’escroquerie et usurpation de fonction devant le Procureur de la République près le tribunal de la Commune II, le récidiviste bénéficie curieusement d’une mise en liberté déguisée en mise sous-contrôle judiciaire. Bravo !

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    O. BOUARE

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