Escroquerie à grande échelle : Le domicile du couple présidentiel violé

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    Les délinquants n’épargnent rien et n’ont peur de rien. La marmite des simples particuliers ne bouillonnant plus, des gredins s’attaquent à des grands. Pas n’importe lesquels : des ministères et après le domicile présidentiel. Ce n’est pas de la légende.

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    C’est le sieur Boubacar Diakité, commerçant, domicilié à Yirimadio en Commune VI du district de Bamako qui a levé le lièvre. Courant octobre dernier, il s’est présenté au commissariat de police du 3e arrondissement pour déclarer la grosse escroquerie dont il a été victime. Il se fait alors orienter au « laboratoire » de l’Epervier du Mandé dont les services sont actuellement sollicités par plus d’une victime de malfaisance à Bamako du fait du travail qu’il abat quotidiennement avec ses hommes pour contenir les malfaiteurs.

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    Ce ne sont pas des fleurs que nous lançons à l’homme. Mais, ayons l’humilité de rendre à César ce qui appartient à César. Ici, le visiteur explique qu’il y a de cela quelques jours qu’un inconnu l’a appelé à partir de Dubaï pour lui proposer un marché de poivre blanc et noir dont le kilogramme revenait à l’achat à 35000FCFA à Bamako contre 100.000FCFA aux pays des princes (Dubaï). L’interlocuteur de Boubacar Diakité l’ensalive avec des propos dignes des escrocs de nature à faire tomber un commerçant dans les filets. Il explique à Diakité que son patron (un riche prince de Dubaï) enverrait dans les jours à venir un émissaire avec le prix de 200kg de poivre à Bamako où il logerait à l’hôtel Wassoulou sis à Kalaban coura sur la route de l’aéroport de Bamako-Sénou. Il lui communique un numéro de téléphone censé appartenir au venant.

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    Deux jours après, son téléphone sonne. C’est l’émissaire du fameux prince de Dubaï. Il harcèle Boubacar Diakité afin qu’il quitte rapidement la chaumière bamakoise. Comme on pouvait déjà l’imaginer, le piège se referme aussitôt autour du pauvre commerçant de Yirmadio. C’est le tour à un soit disant paysan de Sikasso de monter sur scène. Il répondrait au nom de Alpha Sangaré. Le commerçant contacte l’escroc qui se dit être à Sikasso. Sachant que le poisson est dans la nasse, Apha lui promet de prendre immédiatement le départ pour Bamako avec en main la marchandise. Le même jour, à 19 heures, Alpha Sangaré téléphone à Diakité pour lui donner rendez-vous au Banconi en Commune I du district.

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    Après les salutations d’usage, Boubacar remit à Alpha la coquette somme de 9 millions de nos francs contre trois sacs de poivre. Très confiance de son fournisseur, Diakité ne prend pas soin de vérifier la marchandise. L’escroc s’éclipse avec les sous laissant sur les lieux son client avec ses bagages. Diakité transporte les trois sacs pour se rendre à l’hôtel Wassoulou en vue de rencontrer son étranger de Dubaï. Mais, dans cet hôtel, aucun étranger en provenance de Dubaï n’y était. Boubacar croit rêver. Il ouvre un des sacs dans lequel il découvre la poussière en lieu et place du poivre. Le cœur du commerçant a failli lâcher lorsqu’il comprend qu’il a été frappé par des escrocs. Les éléments de la brigade de recherche du 3e arrondissement prennent bonne note des déclarations du plaignant. L’Epervier du Mandé met à exécution sa stratégie.

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    La baraka lâche le fameux Alpha Sangaré

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    A l’issue d’une grande investigation, les policiers aboutissent à un certain Boniface Yaméogo de nationalité burkinabé. Il est arrêté à Faladié en Commune VI en possession d’une pièce d’identité malienne établie au nom de Alpha Sangaré. Sommairement interrogé, le suspect déclare appartenir à une bande d’escrocs composée de Akamanda Koly Georges (Camerounais).

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    Dans l’après midi du 17 octobre dernier, au moment où les policiers étaient au bord de l’épuisement de toutes leurs cartes, un homme du nom de Mamadou Simpara, commerçant à Sangarébougou se présente à eux pour prendre conseil à propos d’une affaire platine dans laquelle il vouait s’aventurer. (Il, faut préciser que la platine est un métal précieux dont le gramme coûterait 35000FCFA sur le marché, selon les spécialistes. D’après lui, un individu était prêt à lui céder le précieux métal qui lui apporterait une forte somme à la revente. Le commerçant s’apprêtait à mettre 50 millions dans la transaction.

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    Les policiers trouvent aussitôt une ressemblance entre l’affaire de Diakité et celle que Simpara venait de leur raconter. Une équipe est mise en place pour faire la reconnaissance des lieux. Mamadou Simpara conduit les policiers dans la rue jouxtant le domicile du couple présidentiel. Appelé au téléphone, le suspect arrive à moto en compagnie d’un militaire en tenue correcte. Au moment où les policiers s’apprêtaient à l’arrêter, il se présente comme un militaire en tenue civil. Il déclare que ses complices sont réfugiés à l’intérieur de la maison du Président de la République. Le militaire les fait sortir et les remet aux policiers pour toutes fins utiles.

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    A la police où ils sont conduits, ils disent se nommer Sékou Boly qui serait un parent proche de l’épouse du Président de la République et Youssouf Diallo, son second. Selon Sékou Boly, le choix du lieu de la transaction (le domicile du Président de la République) avait pour but de rassurer le client. Les militaires en faction également dans le coup, car après l’opération, ils devraient percevoir la somme de 300000FCFA. Les deux suspects dénoncent après leurs complices militaires, les nommés Mohamed abadel Aziz Diallo, Kenneth NGock, Amadou Tanko, Djibril Diallo, Youssouf Doumbia, Alkamanda Koly Georges (celui-ci faisait l’objet d’une recherche dans l’affaire du poivre.

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    Une puce Roaming a été retrouvée sur eux avec laquelle ils communiquaient avec leurs éventuelles cibles à qui ils, faisaient croire qu’ils téléphonent à partir de l’extérieur. Tous les suspects ont été arrêtés. Aucun d’eux n’a pu nier les faits. Le Président de la République en personne a félicité l’Epervier du Mandé avant de l’exhorter à faire son travail comme il se doit, car, il ne protège personne dans le mal. Ce qui est manque à ce dossier, il faut le dire, c’est l’audition du couple présidentiel, car avant tout, c’est leur domicile qui a été violé. Les ailes du Vautour des rails (contrôleur général de police Moussa Sissoko) et les griffes de son Epervier (inspecteur principal de police Papa Mambi Keita) ont-elles été grippées ? Qui dit que Djakuma n’est pas wara ! (traduction qui dit que le chat n’est pas une fauve).

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    O. BOUARE 

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    2 nov 2007

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