Enfants maliens adoptés en France : Nous avons retrouvé les jumeaux Guindo

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    Il a donc fallu au mois de Mai 2009 qu’on se mette sur les traces des jumelles Cissé du quartier de Darsalam (Ségou), adoptées en France dès les premières semaines de leur naissance, mais jamais retrouvées, pour que nous nous rendions à l’évidence.

    Des esprits malins avaient profité du début des années 1990 pour s’adonner, sous le couvert de l’humanitaire à un véritable trafic d’enfant maquillé sous la forme d’adoption d’enfant alors que l’Etat malien n’avait pas encore légiféré sur le phénomène. Plus de 200 enfants sont dans le cas, coupés de leurs parents biologiques au motif que les parents adoptifs détiennent des actes qui stipulent que les parents biologiques n’ont aucun droit parental sur leurs progénitures. La preuve, notre rédaction est assaillie par des parents de Bamako et de Ségou qui n’ont pour seul indice, afin de retrouver leurs enfants, qu’une seule photo envoyée un ou deux ans après l’adoption.

    C’est dans cette logique que nous avions pu, l’an dernier, faire découvrir au vieux Bakary Ba, éleveur à Semebougou (Ségou) sa fille Oumou, aujourd’hui baptisée Caroline dans l’Yvelines en France. Nous avions eu le dossier des jumeaux Guindo (Lassana et Hawa) depuis la fin de l’année 2009. Les recherches ont été longues mais la joie est aujourd’hui immense du côté du Badialan III à Bamako où plus de 20 ans après, nous avons pu retrouver ces maliens qui s’appellent désormais Josselin et Marjorie.

    Ces jumeaux Guindo sont les derniers nés de Boukary, un ancien combattant et de Goundo Keita une ménagère. Avec deux frères et deux sœurs, les jumeaux ont été proposés en 1990 à l’adoption sur l’insistance de la correspondante de « l’ONG Rayon de Soleil » à Bamako, Danielle Boudault. Quatre ans après, ni cette dernière, se cachant quelque part en France, ni l’ONG muette comme une carpe encore moins les parents adoptifs (la famille Charriat) n’ont daigné poursuivre le contact avec les parents biologiques.

    Et depuis (1994), les Guindo sont à la recherche de leurs jumeaux mais sans trace. Le père, lui mourra en 2006 sans jamais retrouver Lassana et Hawa. Nous les avons donc retrouvés. Ils n’ont jamais cru qu’une famille existe pour eux car cette étape de leur vie ne leur a jamais été expliquée. Ils se rappellent quand même de leur prénom de baptême au Mali, même s’ils écorchent le nom de famille (Gaindo prononcent-ils). Mais ce qui convainc le plus qu’ils n’en savent rien sur leur pays d’origine c’est lorsque nous leur avons demandé de nous dire l’actuel Président du Mali, après trois minutes d’hésitation : « Bon, je ne retrouve pas son nom mais j’ai vu sa photo un jour avec le gars d’Airness » bafoue Lassana alias Josselin Charriat qui est de profession paysagiste.

    Quant à un retour aux sources, ils y pensent bien avant notre découverte : « Je projetai avec Josselin de découvrir notre pays d’origine, non pas pour découvrir des parents, mais juste pour connaître la culture de ce pays et leur mode de vie mais ce que nous apprenons avec vous change tout » nous rappelle Marjorie Charriat travaillant dans un centre pour handicapé dans une petite commune (Longeron) à l’Ouest de la France. Quand est ce que nous devrions nous attendre à ces retrouvailles ?

    « Pas sitôt, avise Josselin. Peut-être l’an prochain ! Nous allons nous mettre des idées et puis nous travaillons. Nous devons coordonner nos jours de congés, ce n’est pas facile ; moi je le serais en Août mais pour Marjorie, c’est déjà dépassé….On va réfléchir… Il faut de l’argent. Encore, peut-être c’est pour l’an prochain ». Pour des parents qui ont attendu 20 ans avant de se faire un visage sur ces enfants âgés de 26 ans aujourd’hui, ce n’est certainement pas trop demandé !

    Moutta


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