Tout est parti de la décision des autorités de la ville de Koulikoro de procéder à une majoration des taxes territoriales dont s’acquittaient les conducteurs de bennes de Bamako venant chercher le sable et dont la tentative de négociation des syndicats s’est butée à un niet catégorique des autorités locales qui ont adopté un radicalisme inflexible. Résultat : depuis le 1er juin, les conducteurs de bennes sont en grève ; et par solidarité professionnelle, les autres secteurs vont leur emboîter le pas ce matin.
A en croire les deux syndicats des conducteurs de bennes, le syndicat des transports de bennes (SYTRU -Mali, dont le secrétaire général est Siaka Diakité) et celui des conducteurs routiers de bennes au Mali (SYCOB, qui a pour secrétaire général, Modibo Denon Bah), la taxe territoriale normale que doit payer tout conducteur de benne à une commune est de 1000 FCFA par jour.
Mais les autorités de Koulikoro avaient imposé la somme de 2000 FCFA par jour à tous les conducteurs de bennes venant de Bamako pour chercher du sable dans la ville. Et cette majoration a été appliquée depuis
Evidemment, ces nouvelles dispositions n’ont pas manqué de pousser les conducteurs de bennes à la révolte ; mais ils ont décidé d’inscrire leur démarche dans le sens du dialogue. C’est ce qui les a amenés à saisir le département de l’équipement et des transports, le président du Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR), Youssouf Traoré, le gouverneur de la région de Koulikoro, Soungalo Bouaré, pour qu’une solution à l’amiable soit trouvée à la nouvelle donne.
Alors, le président du Conseil malien des transporteurs routiers a adressé des correspondances au ministre des transports, Ahmed Diane Séméga, et au gouverneur de Koulikoro, Soungalo Bouaré, pour leur faire part de sa préoccupation face aux nouvelles conditions que le maire de Koulikoro, Youssouf Papa Traoré, et le préfet, Mme Maïga Kadidiatou Maïga, imposent désormais aux conducteurs de bennes. Le lundi 14 juin, les deux syndicats des conducteurs de bennes ont également rencontré Mme le préfet : leurs négociations ont duré des heures, sans succès. Le département des transports a même eu à saisir le ministre de l’administration territoriale et des collectivités locales, le Général Kafougouna Koné. Mais tous ces efforts sont restés vains.
Néanmoins, les syndicats ont demandé à ce que les anciennes conditions soient maintenues, en attendant qu’un terrain d’entente soit trouvé. Mais le préfet ne l’a pas entendu de cette oreille. Les conducteurs de bennes ayant refusé de se soumettre à une telle surenchère, alors, depuis le 1er juin, 145 bennes ont été immobilisées à l’entrée de Koulikoro par la police, paralysant ainsi toute la chaîne de production de sable dans cette ville ; exploitants et exploitantes, chargeurs, plongeurs, piroguiers… Toutes choses qui ne manqueront pas d’avoir des conséquences sur la capitale, quand on sait que Koulikoro joue un rôle important dans l’approvisionnement de Bamako en sable.
Face à cette situation, les deux syndicats de conducteurs de bennes ont demandé, à ceux de Bamako, d’observer une grève depuis les 17 et 18 juin. Le vendredi 18 juin, une assemblée générale s’est tenue à Boulkassoubougou en vue de faire le point de la situation. Tous les secteurs d’exploitation de sable à Bamako étaient représentés à cette rencontre.
Parallèlement,
Les conducteurs de bennes estiment que les autorités de Koulikoro leur en exigent trop, quand on sait qu’indépendamment de tout cela, ils sont annuellement astreints au paiement, à l’Etat, de 133 000 FCFA pour la vignette, 63 000 FCFA pour la taxe routière, 121 000 FCFA pour le stationnement et 1000 FCFA de péage par jour, sans compter les impôts. Alors, ils ne comprennent pas pourquoi les autorités de Koulikoro créent une telle paralysie, surtout au moment où la collectivité traîne une dette de 300 millions de FCFA. Ils s’interrogent même sur la véritable destination de taxes qui leur étaient jusque-là payées, puisque cela fait 17 mois que le personnel de ladite collectivité n’a pas perçu de salaires, ont-ils indiqué.
Et dire que malgré cette protestation, ces mêmes autorités envisagent de procéder à d’autres augmentations, l’année prochaine !
Abdoulaye Diakité