ECOBANK Ségou : 19 millions volatilisés

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    Pour démêler l’écheveau qui frappe depuis plus d’un mois ECOBANK Ségou, il faudrait au Juge d’Instruction, Abdoulaye Sidibé, beaucoup de tact et de patience, car face à des accusés qui nient tout en bloc, malgré les indices graves qui pèsent sur eux et qui plus est, se trouvent encore dans le surréel, on est bien parti pour apprécier ce que vaut notre justice. Août 2012. Nous sommes le 10 du mois.

    A quelques encablures de la Fête de l’Aïd Elfitr. Dernier jour ouvrable de la semaine. Le Guichet Automatique d’Ecobank, place du Marché du Château est alimenté comme à son habitude. Tout va bien alors jusqu’au lendemain samedi où les sociétaires de la banque panafricaine crient auprès de l’agence une insuffisance de fonds. Le chef d’Agence, retenu en formation à Bamako, appelle son adjoint qui constate les faits. Des faits, il en enregistrera des vertes et des pas mûres, car le rouleau magnétique du guichet informera qu’une main extérieure a dérobé des caissettes où se déposent l’argent, exactement 19 420 000 F CFA. La machine qui mémorise le dépôt et le retrait des sous, indique bien que l’opération frauduleuse a eu lieu la nuit du Vendredi 10 Août. Tout était clair, mais l’énigme est là. Qui a pu entrer dans le Guichet automatique pour « s’approvisionner » si facilement de cette manière ? L’enquête policière vise 4 personnages d’Ecobank, 24 heures après le forfait, puis les présente au Procureur de la République. Qui les défère à la Maison d’Arrêt le 4 Septembre dernier avant de remettre le dossier au Juge d’Instruction Sidibé. Le Caissier Principal, d’abord, est tout de suite indiqué. Abdoul Aziz Niana a donc été  interpelé. Il nie en bloc être l’auteur du coup porté sur sa banque. Les témoignages le disculpent, puisque la clé qu’il portait était à la merci de tout le personnel, selon la réglementation de l’agence. Les agents de sécurité en faction avouent aussi qu’ils n’ont pas vu, la nuit, le caissier principal entrer dans la banque. L’agent nettoyeur ensuite. Domo Djiguiba avoue n’être pas entré dans le Guichet automatique. Sa déposition sera confirmée par les gardes en faction. Restent les deux autres, Mohamed Daou, Adjoint au Chef d’Agence et Fatogoma Dembélé Caissier Secondaire. Ils ont la malchance, dans cette histoire, de dormir à l’étage de la banque, donc possédant un accès facile et réel sur le Guichet Automatique sans être vu de l’extérieur où se trouvent les agents de sécurité. L’accusation est donc facile pour deux agents qui possèdent aussi les clés d’accès  du Guichet automatique. Cependant, tous nient d’être l’auteur du forfait du 10 Août 2012. Même si on pense que seuls des initiés de la banque peuvent opérer ainsi en évitant de se faire filmer par la camera ! Même si on pense qu’il faut être aguerri dans les opérations de monétisation automatiques pour connaitre le mécanisme d’ouverture du guichet, avec à l’intérieure un volant et une tour de clef ! Quand on leur demande, qui peut bien faire un tel coup sans effraction, un des deux prévenus est formel : « L’argent a disparu, car en de pareils cas, il suffit qu’un malintentionné, avec la magie, dépose un tel billet de banque à l’agence pour qu’au contact des autres, l’ensemble se volatilise et retrouve (miraculeusement bien sûr) la poche de son initiateur ». Venant d’un banquier, il faut craindre pour le sort de nos maigres sous dans ces institutions bancaires. Retenus dans les liens de l’accusation, Fatogoma Dembélé et Mohamed Daou pourront développer cette théorie alchimique bientôt devant une Cour d’Assises. En attendant, le Juge de Ségou a libéré, provisoirement mardi dernier, sous contrôle judiciaire, Abdoul Aziz Niana et Domo Djiguiba.

    Moutta

     

     

     

     

     

     

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