Du cheval dans la lasagne européenne : Quoi dans les conserves en Afrique ?

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    De la viande de cheval dans des produits censés contenir du bœuf, voilà le nouveau scandale qui secoue l’Occident. Depuis une dizaine de jours, l’Europe des vingt-sept est en émoi. Que fera la cinquantaine de pays africains, eux qui ne savent pas encore avec précision ce qu’on leur fourgue ?

     

    Vendredi o8 février, des contrôles sanitaires ont permis aux Français de se rendre compte que les lasagnes qu’ils consomment contiennent de la viande de cheval, beaucoup moins chère, en lieu et place de la viande de bœuf, contrairement à ce qui est mentionné sur l’emballage. Cette découverte en France fera rapidement tache d’huile dans toute l’Union européenne dont les autres vingt-six pays n’ont pas tardé, eux aussi, à effectuer des contrôles sanitaires. Dans huit pays, au moins, les résultats ont été positifs: dans plusieurs produits alimentaires censés être à base de bœuf, on a retrouvé des traces de cheval. Les enquêtes sont en cours partout pour essayer de comprendre le mécanisme et l’ampleur de la fraude. Mais déjà, la colère gronde dans les vingt-sept en émoi. Comment en est-on arrivé là dans des pays où les contrôles sanitaires et vétérinaires se font constamment et régulièrement? Y’a-t-il des complicités au niveau des administrations ou bien les fraudeurs sont-ils parvenus à contourner ces contrôles sans la complicité des agents des services sanitaires et vétérinaires? Les enquêtes en cours permettront sans doute, dans les jours à venir, de lever le voile sur cette affaire.

    En attendant, c’est dans les pays du tiers-monde, en général, et africains, en particulier, que l’inquiétude monte. Si une telle fraude a pu se produire dans un pays aussi organisé et méticuleux que la France, où les barrières, douanières et sanitaires, sont multipliées pour éviter aux Français de consommer n’importe quoi, qu’en est-il dans les pays africains gangrénés par la fraude et la corruption? Les risques sont évidemment grands car dans ces pays, personne ne joue véritablement son rôle, sauf si le « client » refuse de payer pour franchir la barrière. Les douaniers ferment les yeux, à condition de se mettre quelque chose en poche. Les services de contrôle vétérinaires et sanitaires de l’aéroport ferment également les yeux à condition de revenir de Sénou avec des cadeaux pour madame et les enfants. Et, de toutes les manières, ils n’ont pas le matériel de travail et la volonté nécessaires pour faire la différence entre une crevette et une langouste, entre du poisson frais et des sardines pourries. Et quand il leur arrive d’être mécontents d’un récalcitrant, ils confisquent la marchandise, pourtant en bon état, et la gardent dans des congélateurs sans réfrigérants. Conséquence, le jour où le client devient moins récalcitrant et décide de casquer, il récupère de la marchandise avariée qu’il se croit obligé de vendre pour entrer dans ses frais. Mais dans ce cas particulier, l’acheteur sait ce qu’il paye.

    Ce n’est pas le cas des nombreuses boites de conserves disponibles sur le marché. Depuis quelques années, en effet, des dizaines de marques différentes de poisson, bœuf, poulet et légume inondent les marchés africains. Dans certains cas, on ne sait même pas d’où viennent ces produits, le pays de fabrication n’étant pas mentionné, ou, s’il l’est, est illisible. Il y a juste, marquée sur la boite, l’indication poisson, bœuf ou poulet, mais si ça se trouve, avec ce qui vient de se passer en Europe, au lieu de poisson, on serait peut-être en train de consommer du requin, du dauphin ou du phoque. A la place du poulet mentionné, il y aurait peut-être du charognard, du hibou ou de l’aigle. Au lieu de déguster du bœuf, ne serions-nous pas en train de nous engraisser avec de l’âne, du zèbre ou du mulet ? A supposer même que ce soit véritablement du bœuf, serait-il vraiment « halal » comme étiqueté? En tous les cas, l’Anssa et le Laboratoire national de santé sont incapables, à l’heure actuelle, de répondre à cette question.

    De même qu’ils sont incapables d’informer les consommateurs sur la vraie nature de tous ces produits, estampillés «Made in China», que de petits revendeurs offrent à la criée: biscuits, biscottes, chocolats, gâteaux. Quand on sait que ce pays a très souvent été au centre de scandales liés à des produits nocifs, y compris des jouets pour enfants et du lait pour nourrisson, on se demande comment leurs camelotes passent la douane comme lettre à la poste.

    En attendant les résultats des enquêtes en Europe, les autorités des pays africains feraient mieux de vérifier ce qui se consomme ici. Après tout, il y a eu l’huile frelatée, la farine de blé périmée, etc.

    Cheick Tandina

     

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