Mercredi en début d’après midi, le petit quartier de Dravela Bolibana est brusquement entré en ébullition. Des jeunes et femmes dans une transe mêlée à la haine, voulaient à tout prix faire la peau à la vieille femme Saran Cissé, accusée de sorcellerie par une servante d’un restaurant sénégalais. La promptitude des éléments de police du 2ème arrondissement à payer.
Sans doute, les accusations de sorcellerie sont monnaie courante dans les pays africains et plus particulièrement au Mali. Dans de nombreuses familles, des coépouses, colocataires ou même parents opposés, ne se privent point de ce cliché pour porter atteinte à la dignité de leur adversaire. Mais ce qui s’est passée mercredi à Dravela Bolibana sort de l’ordinaire en raison de sa mise en scène. En effet, il ne s’agissait pas des personnes qui cohabitaient, mais une accusation fomentée par une servante à l’encontre d’une vielle femme, dont le seul tort serait d’être pauvre ou méconnue des habitants du quartier où elle s’est retrouvée à la recherche de quoi manger.
Il était environ 14heures, quand la vielle Saran Cissé, résidant à Hamdallaye s’est rendue à la gargote publique, située loin de la mosquée de Dravela Bolibana pour demander des restes de riz au fond des marmites (Sènè Dialan). Qu’elle achète habituellement au même lieu.
Ne se doutant de rien, sa demande auprès de la servante Aoua Traoré, sera transformée en scène de transe, de cris publics et de haine généralisée contre sa personne. Car, cette servante, d’une vingtaine d’années, habillée d’un polo rouge enfoui dans un pagne wax, répondra avec véhémence à la vielle qu’il n’ya pas de reste de riz, avant de se transporter hors d’elle-même et hors du monde réel, comme soudainement habitée par un Djin.
Dans son torpeur, la servante Awa Traoré sortira de sa bouche des mots qui ont fini par attirer l’attention de l’entourage et augmenter leur susceptibilité sur la pauvre Saran Cissé. Surtout quand elle instruira à la vieille dame de retourner et de revenir sur ses deux pieds et d’arrêter d’entrer chez les gens en marchant sur sa tête. Au lieu d’être étonnée par ces aberrations, la foule présente se déchaina sur la vieille qui n’avait d’autres, que ses deux jambes pour se tirer d’affaires. Ainsi commença une course poursuite entre la vieille Saran Cissé et ses poursuivants, composés en majorité d’enfants. Lesquels criaient : « attrapez la sorcière ! Fin d’une sorcière… ».
Le professionnalisme des policiers du 2è me arrondissement !
Arrêtée dans sa course, digne d’un véritable sprint de championnat d’athlétisme, Saran Cissé n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention prompte des éléments de police du 2ème arrondissement, conduits par le jeune inspecteur Maciré Diakité, chef de la brigade de recherche du dit commissariat. Lequel risqua sa vie en s’interposant entre Saran Cissé et ses bourreaux, qui étaient animés par la volonté ferme de faire la peau à une « sorcière ». D’ailleurs, ils exigeront de faire passer la vieille à des séances de vérification de sorcellerie. A savoir, la mettre dans une chambre avec l’encens sacré. Mais rien n’y fit. La vieille dame est ressortie indemne avec une seule phrase à la bouche : « je ne suis pas une sorcière ». Malgré tout, autant la foule se grossissait, autant des gens continuaient à dire qu’il s’agit d’une vraie sorcière et les protagonistes continuaient dans leur manœuvre de faire passer au lynchage public la vieille dame Saran Cissé. C’est en ce moment, que les éléments de l’inspecteur Diakité sont passés à la vitesse supérieure en transportant contre vents et marrées l’innocente dans les locaux du commissariat du 2ème arrondissement, communément appelé poudrière. Avant de faire passer les différentes parties aux interrogatoires. La servante Awa Traoré, cette fois-ci en possession de ses esprits, maintient sa version des faits. A savoir qu’on à faire à une sorcière. Mais n’a pu apporter aucune preuve de ses allégations.
Quant à la vieille Saran Cissé, visiblement tourmentée par la scène et profondément atteinte dans sa dignité, soutiendra qu’elle n’est aucunement une sorcière. Elle affirme exercer cette quête (achat) des restes du riz cuit (Sènè Dialan) depuis plus d’une vingtaine d’années. C’est après de longues heures d’interrogatoires et des tests interminables que les officiers de police, ont établi que cette affaire, vide de motifs, ne pouvait aucunement être considérée comme celle de sorcellerie. Malgré tout, des attroupements continuaient devant les locaux du commissariat de la « Poudrière », où des jeunes demandaient à la police de leur livrer ce qu’ils appellent une « sorcière ». Tout travail cessant et sans tomber dans ces provocations, l’inspecteur principal de police, Maciré Diakité sous les ordres de sa hiérarchie a veillé sur la protection de la pauvre Saran Cissé, jusqu’à l’arrivée des membres de sa famille. Lesquels retourneront avec leur ‘’maman’’ saine et sauve.
Moustapha Diawara
Beaucoup de vieilles femmes ont été victime de cette hystérie collective chez nous en Afrique parce qu’elles sont sans moyen de subsitance ou en manque d’affection dans leur ménage. Etre pauvre est égal à sorcière, folle, angoissée, mélancolique et autre forme de démence. Tellement concentrée sur leur douleur qu’elle s’auto-accuse. Que Dieu protège ces vieilles femmes stigmatisée à cause de leur pauvrété. Il n’y a pas plus sorciers que ceux qui s’acharnent sur elles. VIVE LA REPUBLIQUE.
Du n’importe quoi??? Tout simplement la pauvreté a eu raison sur cette pauvre maman. L’ignorance de la population a fait le reste du boulot….Puisse Dieu nous épargner de ces deux maux: pauvreté et ignorance.
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