Tôt dans la matinée du vendredi 2 novembre dernier, des populations ont eu la désagréable surprise de constater le corps d’un jeune homme abandonné dans la rue 633 à Banankabougou en Commune VI du district de Bamako. La victime a été probablement projetée du haut d’un étage inachevé où elle passait la nuit avec des talibés pour venir s’écraser contre le mur d’enceinte d’une famille voisine. La police du 7e arrondissement saisie de l’affaire, a réussi à faire toute la lumière sur les circonstances réelles dans lesquelles le drame a pu arriver.
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Cette matinée, il était 5 heures 45 minutes environ quand Abdrahamane Diallo, boutiquier de son état et voisin immédiat du défunt, a aperçu le corps d’un homme gisant à quelques mètres de son commerce, au moment même où il s’apprêtait à faire ses ablutions pour s’acquitter de ses obligations religieuses. Comme on pouvait déjà l’imaginer, l’homme se retire dans sa boutique en attendant l’arrivée d’autres personnes, proches des lieux.
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C’est ainsi qu’il informe le jeune Mamoutou Coulibaly, domicilié chez Salif Sidibé, apprenti maçon et qui serait le responsable de l’étage en chantier appartenant à un expatrié Malien, résidant en Espagne et plus tard, Lassine Diarra, un autre locataire des lieux, gardien de son état. Tous ces derniers sont formels qu’il s’agit bel et bien de Tièba (c’est-à-dire le gros) sans d’autres précisions. Ils ne savaient ni son nom ni son adresse exacte à Bamako encore moins ses parents ou proches.
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Qu’à cela ne tienne, Mamoutou Coulibaly qui l’a logé dans cet étage, s’est précipité au commissariat de police du 7e arrondissement territorialement compétent. Sous la direction du commissaire divisionnaire de police Bakary Koné, chargé dudit commissariat, l’inspecteur de classe exceptionnelle de police Mamadou Diakité dit Bébos, chef de la section de police judiciaire, à la tête d’une équipe composée de l’inspecteur de police Tiéma Diarra, de l’adjudant-chef de police Bakary Kané et de l’agent de santé Drissa Traoré, interne au Centre de santé de référence de la Commune VI se rendent sur les lieux pour constater les faits.
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Pendant plus de deux heures d’horloge, les policiers fouinent du haut et du bas de l’étage à la recherche d’indices probables en rapport avec la mort du jeune homme. Mais en vain. Le diagnostic de l’agent de santé, l’interne Drissa Traoré, est on ne peut plus clair et précis : la victime a chuté sur son hypochondre droit (c’est-à-dire son flanc droit) ayant visiblement provoqué une hémorragie interne. A part cette partie, le corps de l’infortuné ne porte aucune autre trace suspecte.
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Mais la question que les policiers et autres visiteurs ne cessent de se poser, c’est de savoir comment la victime, après sa chute violente, a-t-elle pu se déplacer sur plus de 15 mètres pour aller mourir dans la rue ? Car, de leur entendement, elle devrait logiquement être évanouie avant de mourir sur place. L’inspecteur de classe exceptionnelle de police Bébos n’est pas allé par quatre chemins. Sur place, il procède à l’interpellation de Mamoutou Coulibaly et de Lassine Diarra après avoir fait transporter par la pompe funèbre de la mairie de la Commune VI le corps du défunt à la morgue de l’hôpital Gabriel Touré. Il faut préciser que compte tenu de leur qualité de gardien, ces deux jeunes hommes ne passent pas la nuit dans cet endroit. En policier professionnel, il met à contribution ses deux clients pour faire la lumière sur cette mort suspecte de Tièba.
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Le sommeil, présumé coupable du drame
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Au cours d’une enquête menée de main de maître, l’inspecteur de classe exceptionnelle de police Mamadou Diakité dit Bébos, fait arrêter des talibés avec lesquels Tièba a passé la nuit où il a trouvé la mort. Ceux-ci n’avaient informé personne de ce qui est arrivé au défunt. Pire ils avaient abandonné son corps pour vaquer à leurs affaires en ville. Toute chose qui a amené l’enquêteur à douter d’eux. A la suite d’une enquête bien « tamisée » le policier comprend que la victime était somnambulique, maladie qui serait à l’origine de ce qui lui est arrivé. Etait-elle aussi épileptique ? Certains de ses proches, domiciliés à Sikoroni en Commune I du district, qui se sont présentés au commissariat de police à la suite d’un communiqué radiodiffusé, ne le confirment pas.
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Tout ce qu’ils savent, c’est que le défunt s’appelle Abdoulaye Kassogué, natif de Bankass dans la région de Mopti. Mais, les mêmes personnes indiquent qu’il est originaire du Burkina-Faso et est membre d’une association des Dogons burkinabés résidant à Bamako. Il faisait le manœuvre journalier à Bamako jusqu’au jour où la mort dans sa cruauté, l’a arraché aux siens. Après les formalités administratives et policières, le corps a été remis à ces derniers qui à leur tour, l’ont dignement porté en terre au cimetière de Sikoroni en présence d’une foule nombreuse de Burkinabés et de Bankassois. Quant aux talibés incarcérés dans le cadre de l’enquête, ils ont été élargis, bouclant ainsi une enquête qui ferait glisser sur un autre terrain si elle n’avait pas été menée par un professionnel ayant plus de 30 ans d’expériences en poche.
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O. BOUARE
rn23 novembre 2007
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