« …..il va falloir s’en remettre à Dieu et accepter le destin ….rien ne pourra encore nous ramener notre Barou…. » soupira Samba avant de s’affaler sur la natte. Dans l’arrière cours des cris stridents de la veuve éplorée déchirent l’atmosphère suffisamment lourde en cette matinée du vendredi 21 novembre 2011 à Dougounikoro à quelques encablures de Dioro.
Pour cause Barrou Diallo ; un chef de famille de la quarantaine environ venait d’être tragiquement arraché à la vie suite à une altercation entre lui et le ou les propriétaires du champ du village de Founoukouni dans la commune rurale de Farakou Massa. Parents, amis alliés, tous avaient convergé sur Dougounikoro pour compatir à la douleur et procéder à l’enterrement.
D’une source à l’autre les versions diffèrent. Selon le président régional de la coopérative des éleveurs de Ségou M. Kaou Daffe dont la version s’apparente à celle des parents de la victime, Barou Diallo conduisait le troupeau avec son neveu dans le champ de mil qu’on venait de récolter. Par prudence lui-même s’était assis sur la meule de mil pour préserver la récolte et avait positionné son neveu à la limite du champ. C’est ainsi qu’à l’aurore il fut interpelé par des éléments de la brigade villageoise de Founoukouni. Ceux-ci lui auraient reproché d’avoir détruit leur récolte. En réponse de la victime aurait déclaré avoir pris toutes les mesures pour protéger la récolte ; ce qui expliquerait sa présence sur la meule. Une altercation s’en est suivie le coup de feu est parti d’un élément de la brigade tuant à bout portant le berger en face. Paniqués, les assaillants ont voulu effacer les traces du crime en tirant le corps très loin des lieux de l’assassinat. Alerté par le neveu, les parents de la victime se sont rendus sur les lieux et au constat des faits ont informé les autorités de Markala qui sont venues faire les investigations nécessaires avant d’autoriser les parents à enlever le corps pour l’inhumation. Pour le président des éleveurs, rien ne saurait justifier ce crime
Du coté des assaillants nous avons tout le contraire. M. Diallo serait parti paitre délibérément les animaux dans le champ alors qu’ils n’avaient pas fini de récolter. Interpelé, il aurait tenu des propos désobligeants avant de menacer avec le gourdin certains de ses interlocuteurs. C’est en réplique que le coup de fusil serait parti tuant du coup le berger. Des sources proches des assaillants vont jusqu’à évoquer la légitime défense.
Le juge de Markala qui a compétence sur le dossier aura le dernier mot et éclairera suffisamment les uns et les autres sur ce qui s’est passé à l’aube du vendredi 21 à Founoukouni. Mais avant certains faits heurtent la logique. Pourquoi les assaillants ont-ils cherché à dissimiler le corps ? Pourquoi la victime a été atteinte au crane ? Si légitime défense devrait y avoir, n’y a-t-il pas là usage disproportionné de la force par un groupe d’individus disposant de fusil contre un éleveur et son gourdin. Les enquêtes en cours nous en dirons davantage.
La faillite de l’Etat.
Barou est mort, avant lui d’autres ont subi le même sort et après lui, il en aura certainement par ces temps qui courent où des individus se sentent investis du pouvoir de juger et d’exécuter la sentence au mépris du droit. C’est malheureusement la leçon qu’on peut tirer de ce drame qui risque de porter un coup dur aux relations intra-communautaires dans la zone. De nos jours les conflits entre agro éleveurs ont pris une nouvelle dimension avec la profusion de brigades villageoises et de fourrières. Ces outils à caractère dissuasif au départ commencent avec la monétarisation à devenir des machines d’oppression. Ces brigades de nos jours se comportent en justicier et dictent leur sentence selon l’humeur de jour et la tête du client. Dotés jadis d’armes blanches, des brigadiers portent sur eux maintenant des armes à feu et sans autorisation s’il vous plait. L’usage de ces armes est à l’origine de beaucoup de drames. Les fourrières sont devenues des sources appréciables de revenus au point que certains chefs de collectivités en font des rubriques dans leur budget de recettes. Agissant hors la loi et en l’absence de tout garde-fou, les brigadiers et les détenteurs de fourrières voient aux propriétaires de bétail une aubaine. Et comme nous sommes dans un Etat qui semble avoir oublié son rôle de protéger tous ses citoyens, les plus forts auront toujours le temps de jouir de leur position et d’abuser allègrement des plus faibles.
J’ai comme impression que cet article émane d’un “foulatièni” petit peulh. Comme dans leur habitude les peuls pensent que le champ des paysans fait partie du pâturage. Sinon comment comprendre que le pâtre s’osseoit sur la meule des recoltes pour surveiller ses animaux? Pourquoi les abords immédiats du champ? Les bergers qui portent sur eux un fusil ont-ils l’autorisation de détention et du port de cette arme? De grace ne prenons pas partie aveuglement. ALLAH KA HINE FOULATIE LA. C’est regretable que mort d’homme s’en suit mais l’excuse de provocation est au bénéfice des auteurs de l’homicide. Dans les conflits entre éléveurs et paysans, le taurillon du peulh finit toujours pas briser la gourde de miel du paysan devant l’autorité. VIVE LA REPUBLIQUE.
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