Déception ou colère ? Le premier fils de l’ancien ministre de la communication et ancien porte-parole du Gouvernement, M. Sada Diarra, s’est volontairement donné la mort en se tirant plusieurs balles dans la tête dans sa chambre à Magnambougou en Commune VI, dans la journée du mercredi 20 décembre dernier. Les causes du drame demeurent pour l’instant non élucidées.
Chez les Diarra sise à la rue 388, porte 189 à Magnambougou, on imaginait tout sauf le drame qui a frappé le fils aîné de la famille, le jeune Mamadou Lamine Diarra, 26 ans, ancien universitaire d’Haïti. Aux environs de 13 heures, sa mère, Mme Diarra Fatoumata Traoré arrive de la ville. Ne constatant rien de grave dans la cour, elle appelle Mamadou Lamine Traoré pour savoir s’il se trouvait dans sa chambre ou s’il s’était rendu en ville pour ses affaires. Celui-ci ne répond pas.
Alors, pour se rassurer, elle ouvre la porte de sa chambre. Elle crut rêver lorsqu’elle aperçoit le corps de son fils allongé à même le sol, baignant dans une mare de sang, des morceaux de cervelle épars partout à l’intérieur de la chambre, un fusil à deux canons, marque winchester, une arme redoutable, jeté à côté. Mme Diarra Fatoumata Traoré resta plusieurs minutes comme électrocutée tant elle ne croyait pas le spectacle qui s’offrait à ses yeux. Après s’être rendue à l’évidence, la pauvre mère s’écroule et fond en larmes. Un voisin informé du drame, saisit immédiatement le commissariat de police du 7e arrondissement aux environs de 13 heures 50 minutes. Le commissaire divisionnaire de police Bakary Koné, chargé dudit commissariat, fait part de la terrible nouvelle au procureur de la République près le tribunal de la Commune VI et au directeur régional de police de Bamako, le Contrôleur général de police Boubacar Diouf.
Tout travail cessant, le procureur, le divisionnaire Bakry Koné accompagnés de l’inspecteur divisionnaire de police Oumar Sangaré dit Abos, chef de la brigade de recherche, des agents de la protection civile de Faladié, des agents de santé du centre de santé de référence de la Commune VI se transportent sur les lieux pour les besoins du constat. L’équipe a dû observer quelques minutes dans la cour avant l’arrivée de Sada Diarra de son service pour accéder à la chambre du suicidaire. Après le constat des policiers et du médecin légiste, le corps du défunt a été évacué à la morgue de l’hôpital Gabriel Touré. La police ouvre une enquête pour déterminer les causes exactes qui ont poussé Mamadou Lamine Diarra à se donner la mort.
Déception ?
Pourquoi le jeune Diarra s’est-il suicidé ? Voilà toute la question que ses parents et les policiers en charge de l’enquête se posent toujours. Si le flou entoure les circonstances dans lesquelles le drame est survenu, il n’en demeure pas moins que certains tentent de l’expliquer. D’après des renseignements recueillis dans l’entourage des Diarra, Mamadou Lamine Diarra étudiait à l’université d’Haïti après avoir bénéficié d’une bourse américaine. Elève jugé très doué, il passa ses cinq années sans qu’aucun étudiant, Blanc ou Noir, ne put lui arracher la tête de peloton. Ce qui lui valut plusieurs tableaux d’honneur et des mentions honorables, n’en déplaise à l’Occident raciste. A la fin de ses études, il postule à la bourse francophone qu’il décroche très facilement. Il rentre à Paris en France pour des formalités administratives.
Curieusement, on lui demande certains documents que son université devait envoyer à l’administration chargée des bourses francophones à Paris. Malheureusement, ces documents ne tomberont jamais. Mamadou Lamine Diarra comprend alors qu’il est victime d’injustice et de racisme. Il retourne en Haïti, un pays où l’insécurité a droit de Cité. A cause de la guerre qui ronge ce pays et les conditions de vie à la limite insupportables pour des étrangers, le génie n’a pu être utile aux Haïtiens. Finalement, ses parents l’invitent à venir au bercail pour se reposer en attendant de lui trouver un emploi digne de son rang. Courant novembre dernier, Mamadou Lamine Diarra, célibataire sans enfant de son état, débarque à Bamako, avec en poche des diplômes de valeur. Peu de temps après, il se lance sur le marché de l’emploi. Mais, dit-on, l’attitude de son père vis-à-vis du régime actuel jouerait toujours en sa défaveur, partout où il passait à la recherche du travail.
Le jeune homme ne comprenant pas cette méchanceté de la nature contre lui, a décidé de trouver une solution définitive à ses misères. Le mercredi 20 décembre 2006, en pleine journée, il s’empare du fusil de son père, s’engouffre dans sa chambre et met le canon dans sa bouche avant d’appuyer sur gâchette. Ce qui devait arriver arriva. Le pauvre se fait pulvériser la tête à coups de balles, abrégeant ainsi sa vie. Valait-il la peine ? Peut-être que cela était écrit très haut. Toutes nos condoléances à la famille Diarra.
O. BOUARE“