Double accident de camions-remorques sur la côte de Samé : Un conducteur de Jakarta déchiqueté, un blessé grave et d’importants dégâts matériels

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    Le bal sanglant des gros porteurs  se poursuit sur  la tristement célèbre côte de Samé avec toujours son bilan macabre. Celui qui s’est produit dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 août aura été des plus spectaculaires. Il a mis en scène trois camions-remorques, un taxi de marque Mercedes et  une moto Jakarta.

    Premier acte de ce bal macabre : nous sommes aux environs de minuit. Le jeune chauffeur Yacouba Doumbia, au volant d’un camion-remorque transportant 50 tonnes de  minerais de fer à destination du port de Dakar, s’apprête à négocier la côte de Samé qu’on ne présente plus tellement l’endroit est accidentogène.   Il voit un taxi jaune venant en sens contraire dévaler en trombe mais de travers comme s’il  avait le diable aux trousses. Yacouba Traoré n’aura pas le temps de finir ses question car une fraction de seconde après  il voit surgir un mastodonte tous gaz ouverts filant tout droit sur lui.

    Le mastodonte en question n’est autre qu’un camion-remorque de marque Renault  transportant des conteneurs Maersk. Il vient d’être victime d’une avarie de frein. Le chauffeur du camion Renault immatriculé en République du Sénégal klaxonne sans discontinuer. Histoire d’avertir les usagers  de la route que leur vie est en péril. Justement, le chauffeur du taxi jaune et une passagère  à bord ont eu le temps  de se mettre à côté avant de quitter in extremis leur véhicule. Evitant ainsi d’être écrabouillés par le monstre. Le camion s’offrira quand même le luxe d’accrocher le taxi après que  ses occupants l’eurent abandonné. A la vue du camion fou, Yacouba Doumbia,  qui se trouvait en compagnie de son apprenti et d’un ami, ne pouvait que s’en remettre à Dieu, car il n’avait aucune marge de manœuvre. Pour lui, son heure était certainement venue.  Ce qui devait arriver arriva. Dans un fracas de fin du monde, les deux titans entrèrent en collision.

    Il était certainement écrit, quelque part  dans El Mafouzou, le grand tableau des destinées,  que Yacouba Doumbia, son apprenti et son ami ne devaient pas mourir cette-nuit là. En effet, malgré la violence de l’accident-la cabine  a été réduite à un tas de ferrailles-et aussi paradoxal que cela puisse paraître, nos trois miraculés sortirent de l’accident…indemnes. C’est très calme et serein  presque avec l’air de quelqu’un qui est amusé par ce qui venait de lui arriver  qu’il nous fit son témoignage.

    Un motocycliste, qui chevauchait une Jakarta, n’aura pas eu autant de chance. Malgré les coups de klaxon du camion-remorque sénégalais, il n’a pas pu se mettre à l’abri à temps. Il fut projeté par le Renault sur le camion Mercedes qui le renvoya à l’autre. Résultat : le malheureux fut littéralement déchiqueté. "On aurait dit qu’il a été haché au coupe-coupe" de confier Yacouba Doumbia. C’est donc sans vie que  le corps du motocycliste  a été transporté par la Protection civile. Quant au chauffeur du camion Renault immatriculé au Sénégal, il s’en est tiré avec des fractures à la jambe.

    Deuxième acte du bal de la nuit de mardi-mercredi : pendant que les policiers s’affairaient à assurer la sécurité  et réguler  la circulation après l’accident, un autre camion-remarque de marque Renault, également immatriculé en République (DL-2697-B) et bourré d’engrais (urée perlée)  lui aussi ayant perdu ses freins, aux environs de 2h du matin, descendit en trombe les hauteurs de Samé klaxonnant en boucle avant de plonger dans le décor  au niveau du bar "Pied de Colline ". Il a été arrêté, au terme de sa course folle, par des manguiers longeant la route, la carrosserie s’étant couchée à même le sol. A peine le véhicule arrêté que ses deux occupants, apparemment le conducteur  et  l’apprenti, qui avaient vraisemblablement entrevu le spectre de l’ange de la mort, sautèrent à terre. Indemnes eux aussi.

    N’eut été le réflexe salutaire d’un policier qui, depuis le sommet de la côte de Samé, a couru comme un beau diable pour avertir les  usagers de la route, une lampe torche en main, on serait aujourd’hui devant un carnage. Dire que ces accidents ne sont ni les premiers ni les deuxièmes ni même les dixièmes, mais les énièmes d’une série noire sans fin qui ne cesse d’endeuiller des familles. Sous l’œil impuissant voire indifférent des autorités compétentes.

    Le ministre de l’Equipement et des transports est particulièrement interpellé. Le chauffeur Yacouba Doumbia se contente, quant à lui, de déplorer  les pannes très fréquentes du système de freinage constatées chez les camion-remorques immatriculés au Sénégal.

    Yaya SIDIBE

     

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