Dans la nuit du 6 au 7 juillet, de retour de chez un ami, juste derrière la cour des Douanes de Faladiè, plus précisément au bord de la route qui passe entre l’Ecole de gendarmerie et le village CAN, dans un carré où il faisait très sombre, nous avons trouvé un groupe de cinq jeunes filles. De passage, l’une d’entre elles du nom de S.C. nous pose la question de savoir si nous étions des « clients ».
Au moment où nous lui posons la question de savoir de quels types de clients parlait-elle, notre surprise fut très grande de constater à quelques mètres de nous l’une d’elles couchée sur un pagne près d’un mûr et en pleins ébats sexuels avec un monsieur. Très étonné, nous demandons à S.C. les raisons qui pousse ses « consoeurs » à se livrer à ce genre de « trucs » en pleine rue.
Les confidences d’une prostituée
Il n’en fallait pas plus pour que S.C. nous fasse savoir qu’elle est malienne de père et de mère, mais que toute jeune, elle a perdu ses parents. Enhardie, elle nous explique qu’elle a terminé ses études de Comptabilité depuis 2007 jusqu’à nos jours, elle n’a pas de travail. Le seul oncle qui lui donnait des coups de main est également décédé il y a tout juste un an. Aussi, n’ayant plus aucun espoir, chaque fois que l’occasion d’un concours se présente, elle le fait ; mais le résultat est toujours négatif.
Et S.C. d’expliquer son échec non pas par son manque de niveau, mais plutôt par le manque de relations bien placées. Aussi n’a-t-elle pas manqué de mots pour souligner que « de nos jours, il faut avoir les bras longs pour passer à un concours ». Et de conclure : « Etant très désespérée, j’ai choisi de devenir prostituée pour ne pas mourir de faim. Vous et nous, voyons ensemble : les vraies prostituées accepteraient-elles comme ça de coucher dans la rue avec des hommes? ».
S.C nous a ensuite donné les raisons qui la poussent à « exercer » dans la rue avant de confier que le peu d’argent qu’elle gagne ne lui permet pas de louer une chambre de passe. Pour donner raison à S.C., l’une de ses copines de rue ajoute que de nos jours, les jeunes chômeurs préfèrent aller travailler dans les chantiers comme manœuvres plutôt que de se présenter aux concours, car ils savent que le résultat est déjà négatif.
Toute chose qui nous pousse à poser la question : dans un pays où celui qui n’a rien n’est rien et où les pauvres n’ont pas droit à une vie normale, que deviendront les pauvres et les fils des pauvres ?
L’appel aux autorités
Si l’histoire de S. C. est fondée, les autorités ne pensent-elles pas que notre pays, qui se targue pourtant d’être une terre de droit et de démocratie, ne peut se développer dans ces conditions, et qu’avec cette situation des jeunes aggravée par un chômage endémique, la délinquance juvénile deviendra de plus en plus incontrôlable dans le pays, surtout que la plupart des malfrats sont ceux-là mêmes qui ont terminés leurs études et qui n’ont pas de travail ?
Aussi, certaines solutions peuvent être envisagées : par exemple donner la chance aux enfants des pauvres en construisant des usines où ils pourraient travailler, et en créant des projets où ils pourraient être insérés. On pourrait également faire en sorte que les recrutements au niveau de ces usines et projets ne soient pas relationnels : d’ici un an au plus tard, on en verra des résultas tangibles.
Par Kassoum Mariko