A Djélibougou-Doumanzana en Commune I du district de Bamako, la rumeur de la mort d’un l’enfant de deux mois pendant que son père battait sa mère, circule sur plus d’une lèvre. La police du 6e arrondissement saisie de l’affaire a mis son pied dans le plat du couple pour la manifestation de la vérité. Les faits relèvent d’une folie injustifiée.
C’était mercredi, le 24 janvier 2007, Moussa Diabaté dit Djéliba, chauffeur de son état, domicilié à Djélibougou-Doumanzana, car c’est de lui qu’il s’agit, rentre chez lui vers le petit soir. Comme la tradition malienne le veut, sa concubine Dounamba dite Maman Coulibaly le reçoit avec tous les honneurs dignes d’un époux. La nuit avançant de plus en plus, Djéliba regagne son lit, à côté, son « enfant » de deux mois et quelques jours qu’il a baptisé du nom de son oncle paternel Souleymane Diabaté. Apparemment, tout allait normalement chez les Diabaté. Mais, voilà qu’entre 2 heures et 3 heures du matin, le petit Souleymane, souffrant d’une maladie depuis la naissance, commence à pleurer. Ses pleurs dérangent la tranquillité de Djéliba qui somme aussitôt sa mère de le prendre en vue de le dorloter. L’homme ne se limite pas là. Il se met à traiter sa concubine de tous les péchés. Celle-ci riposte.
Comme on pouvait déjà l’imaginer, le couple bascule dans des échanges de propos désobligeants au cours desquels Djéliba rentre dans une colère indescriptible. Il ferme à clef la porte de sa chambre avant de se jeter sur la pauvre Dounamba dite Maman Coulibaly qui portait dans son dos le petit Souleymane Diabaté, l’homonyme de son oncle paternel.
La rage s’empare de Djéliba
Seul, face à sa proie et sa progéniture, Moussa Diabaté dit Djéliba se livre à un combat de gladiateur. Il distribue des coups de poing, de pied et de genou à sa concubine. Comme si cela ne lui suffisait pas, il se saisit de la tête de Dounamba dite Maman Coulibaly qu’il cogne plusieurs fois contre le mur. Le petit Souleymane qui n’a pas été épargné, tombe finalement du dos de sa mère pour venir s’écraser contre le sol. Personne ne lui porte secours. Pire Djéliba ne desserre pas ses griffes autour de sa proie. Les bruits des bagarreurs alertent les autres locataires qui, tout sommeil cessant, se précipitent vers le domicile de Djéliba.
Mais, ici, porte et fenêtres étaient hermétiquement fermées. Ils tambourinent la porte invitant Djéliba à la sagesse. Mais, celui-ci reste sourd à toute intervention. Les secouristes retournent dans leur chambre laissant derrière eux Djéliba écumant de rage. La minute de folie terminée, il se tourne vers le petit Souleymane agonisant. La même nuit, il se fait accompagner par sa concubine pour transporter le petit innocent à l’hôpital Gabriel Touré où le médecin traitant constate son décès. Djéliba fait déposer son corps à la morgue dudit hôpital avant de retourner chez lui. Il en informe Dounamba dite Maman Coulibaly. Le couple passe le reste de la nuit, les yeux ouverts, mais tout en gardant le secret.
Le lendemain, pendant que Djéliba s’activait à inhumer clandestinement le corps du petit à Nafadji sans permis d’inhumer ou autres autorisations administratives, ses colocataires demandent à sa « femme » les nouvelles du petit Souleymane. Celle-ci, le cœur très serré, lâche aussitôt le morceau, en déclarant qu’il est décédé suite à une dispute qui l’a opposée à Djéliba la nuit dernière avant d’ajouter que « son père » se trouvait à son enterrement à Nafadji.
Lâchés par la baraka, Djéliba et sa concubine se font arrêter
Le silence que Djéliba et sa concubine ont voulu entretenir autour de la mort tragique du petit Souleymane Diabaté n’aura duré que quelques heures. Ils seront surpris lorsque l’inspecteur de police Ibrahima Maïga, chef de la brigade de recherche du commissariat de police du 6e arrondissement et ses éléments les cueillent dans leur filet suite à la dénonciation d’un anonyme. Sous la direction du commissaire divisionnaire de police Mamoudou Baka Sissoko et de son adjoint, le commissaire principal de police Bréhima Diakité, ces derniers ouvrent une enquête. Ils passent les deux suspects au traditionnel interrogatoire au cours duquel Djéliba et sa concubine se jettent l’un sur l’autre la responsabilité de la mort « accidentelle » du petit Souleymane.
D’après Djéliba, c’est sa concubine qui est la cause de ce qui est arrivé au nourrisson. Pour preuve, se défend-t-il, lorsqu’il lui a intimé l’ordre de prendre le bébé, Dounamba dite Maman Coulibaly, par sa négligence maladive, l’a laissé tomber par terre. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il lui a infligé une correction proportionnelle à son acte, affirme-t-il. Faux, rétorque Dounamba. Elle soutient plutôt que Djéliba qui la battait, donnait aussi des coups au bébé qu’elle portait dans son dos. Dounamba crève l’abcès en déclarant que Djéliba n’est pas le vrai père de sa progéniture. Pendant qu’elle entretenait des liaisons intimes avec un certain Ousmane, chauffeur de profession, Djéliba avait des yeux pour elle. Mais, sa candidature n’a été recevable que lorsqu’elle est tombée en état de grossesse de Ousmane. Celui-ci n’ayant pas reconnu la paternité de son futur bébé, elle s’est alors confiée à Djéliba en lui expliquant sa mésaventure avec Ousmane. L’homme l’accepte. Depuis, elle vit maritalement avec lui à Djélibougou-Doumanzana. Après son accouchement d’un garçon, il baptise le nouveau-né du nom de son père.
Mais, ce qu’elle ne comprend pas, c’est que rien ne va plus entre elle et son « mari. » Ce dernier refuse d’acheter les ordonnances médicales de son enfant et les petites scènes de ménage se multiplient de plus en plus. Dounamba dite Maman reproche encore à son concubin d’avoir érigé sa chambre en une maison de passe. Sous ses yeux impuissants et des autres locataires, les amis de Djéliba défilent dans sa chambre à coucher avec leurs copines. Elle s’y est opposée, mais en vain. Ce sont là entre autres choses qui peuvent expliquer le geste rébarbatif de Djéliba, selon Dounamba dite Maman Coulibaly. Interrogée si elle portait plainte contre Djéliba pour avoir tué son enfant, Dounamba rejette en bloc toute action judiciaire contre celui à qui elle a décidé de s’unir pour le meilleur et pour le pire. Est-ce une manière d’alléger les charges qui seront plus tard retenues contre elle par la police ? Ou du moins le petit Souleymane constituait-il un élément gênant pour ses relations intimes avec Djéliba ? Qu’a fait le nourrisson pour mériter un tel sort ?
Répliquant aux déclarations de sa concubine, Moussa Diabaté dit Djéliba se dit étonné d’entendre à la police qu’il n’est pas le vrai père du petit Souleymane à qui il a donné le nom de son père. La police n’a pas voulu se faire embarquer par les commérages du suspect. Elle le met aux arrêts pour infanticide involontaire et sa concubine pour complicité pour avoir refusé de dénoncer Djéliba à l’autorité compétente après le décès de son enfant. Vu son état de santé très préoccupant (tuméfaction élargie au niveau de son cou et sur son visage) et sur instruction du procureur de la République près le tribunal de la Commune I, Dounamba a été confiée à ses parents pour les soins médicaux. Mais, cela n’entache en rien son inculpation pour le délit dont elle s’est rendue coupable. L’affaire est actuellement devant le tribunal de la Commune I du district de Bamako.
O. BOUAREKabako du 9-02-07“