Notre sergent de l’armée de terre, caporal au moment où il liait amitié avec FT en 1990 à Sikasso, opte pour une relation sérieuse et officielle en mai 1995. Un mariage scellé à une époque de paix totale, d’un Mali démocratique. Révolue « la guerre des pauvres » pour ne pas parler de ce conflit armé entre le Mali et le Burkina Faso, encore révolue cette crise éclatée au nord du pays. Comment procéder pour ne pas oublier ses techniques d’autodéfense apprises pendant la formation initiale militaire ?
Jeune, fougueux et voulant coûte que coûte rester dans l’action, il choisit pour cible sa femme. Chaque jour, des coups de poing et de pied s’abattaient sur la bonne dame. En plus des coups, elle encaissait une tonne d’injures par jour. Les prétextes ne finissaient jamais : « tu dors trop pour être une femme de militaire », « tu es trop lente pour être une femme de militaire », « tu sors trop pour être une femme de militaire », « tu es trop idiote, illettrée pour être une femme de militaire » etc. En mars 2000, malgré la volonté manifeste de FT et en dépit de son amour ses deux enfants, notre Sergent chasse FT de son foyer. Les interventions des parents, encore moins celles des amis ne parvinrent à raisonner l’homme têtu. Faudra-t-il le traîner en justice ? C’est insensé, pourquoi compliquer davantage sa vie ? Elle part à Kita chez un frère. Des mois ont passé. En 2001, FT est demandée en mariage par un Sous-préfet du Cercle de Kita. Un polygame à deux conjointes. Une enseignante et une vendeuse au marché. Le Sous-préfet accomplit les formalités d’usage et FT déménage chez lui. Prête à obéir et à se laisser diriger, elle se mit à entretenir les enfants, à préparer pour la famille. Désormais, ses coépouses vaquèrent à leurs occupations. En 2002, sa première maternité chez le Sous Préfet se passa dans une parfaite cohésion. Toutes ses charges financières étaient supportées par les coépouses qui furent séduites par la gentillesse de cette femme réaliste et soumise. En 2005, la seconde maternité de FT coïncida avec l’abandon du foyer familial de la nouvelle maitresse du Sergent. En 2007, l’individu violent et querelleur contracta un troisième mariage qui prend fin en 2008. En 2010, notre Sergent abattu, découragé part à la reconquête de l’amour de FT. Ce samedi, il la retrouve entrain de balayer la cour. Au vu de celui qui l’a battu durant 5 ans nuit et jour, elle court se blottir derrière le Sous-préfet. Alors, débutèrent des explications.
FT, n’ait pas peur, je ne te battrai pas, je suis venu te demander de rentrer seulement à la maison.
Quelle maison parles-tu ? dit le Sous Préfet
Cette femme est mon épouse devant la loi car elle n’a pas divorcé officiellement. Seul le mariage civil a une valeur juridique.
FT, est ce vrai ce qu’il dit ?
Oui, mais il m’avait chassé de chez lui et que tout est fini entre nous.
Pouvons-nous trouver quel arrangement ? parla le Sous Préfet
Vous êtes un homme de droit, parla le Sergent, je te demande pardon et je prie ma femme de revenir à la maison car elle est la femme qu’il me faut sur cette terre.
La sagesse guida notre Sous-préfet qui accepta que FT regagne son premier mari. Le Dimanche toute la famille du Sous-préfet accompagna FT à la gare et assista à son retour. En se serrant les mains pour la dernière fois, le Sous Préfet et FT fondirent en larmes.
Une femme exemplaire, soumise, brave et à conscience large peut toujours sauver le désespoir, le pessimisme, la misère et la violence d’un individu belliqueux.
Mahamadou Sangaré