Dilapidation des fonds de l’ATVR :Le ministre Abdoul Wahab Berthé distribue 300 millions de FCFA à des avocats

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    L’administration publique malienne compte aujourd’hui, selon certaines sources, 22000 fonctionnaires toutes catégories confondues. Les Programmes d’ajustement structurel (PAS) phase I et II entrepris entre 1982 et 1987 par notre pays avec l’appui des institutions de Bretton- woods, ont mis à la retraite forcée plus de 643 agents. Il visait à reconstituer des équilibres macro-économiques des finances publiques.

    Les PAS phase I et II sont les principales causes de l’extrême pauvreté que nous vivons aujourd’hui. Ces 683 agents de l’Etat ont mis en place une association dénommée ATVR (Association des travailleurs volontaires à la retraite) pour défendre leur droit. Malheureusement, son parcours est ponctué de trahisons et même de compromissions.

    La première phase du Programme d’ajustement structurel (PAS) 1980-84 demandait la privatisation ou la fermeture de plusieurs sociétés d’Etat et l’établissement d’un concours de changement de corps et d’un concours direct de recrutement des diplômés à la fonction publique.
    La deuxième phase, commencée en 1987, a mis en application les recommandations de la première phase à savoir la fermeture de la Somiex, d’Air Mali, de l’Itema et de l’Emab et la privatisation, ou la vente pure de certaines d’entre elles.

    Du coup, plusieurs agents se sont retrouvés dans la rue. Cependant, depuis les années 1980 et 1990, un argument de taille domine l’analyse des conditions de développement au Mali ; le déficit financier, physique et humain en constitue le point central. Il est considéré comme le principal facteur de blocage du développement économique.

    A l’époque des faits, les différents ministres qui ont eu à gérer ce dossier du Programme d’ajustement structurel (PAS) sont encore vivants. La première phase du PAS 1980-84 a été étudiée par le ministre de l’Economie et du Plan Oumar Coulibaly.

    De 1984 à 1987, Drissa Keïta, ministre de l’Economie et des Finances.
    En 1987, Soumana Sako, ministre de l’Economie et des Finances pendant trois mois. De 1987 à 1989 Dianka Kaba Diakité et de 1989 à 1991, Tiéna Coulibaly, le dernier ministre des Finances de l’ex parti unique, l’UDPM. Le consultant du Projet Plan d’entrée du Mali au PAS était l’ex ministre de l’Economie et des Finances, Abou-Bakar Traoré, directeur de cabinet du ministre de l’Economie et des Finances en 1987.

    L’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maiga, qui fut Secrétaire Général au ministère de l’Economie et des Finances sous Alpha Oumar Konaré, était chargé de mission à la Banque mondiale (Structure du Mali).

    Comment en est-on arrivé là ?
    En revisitant le passé, on peut dire que les présidents Modibo Keita et Moussa Traoré ont bâti un tissu industriel et que les présidents Konaré et ATT ont pris ces unités industrielles à leur compte dans le but de créer une bourgeoisie afin de s’éterniser au pouvoir car celui qui a les capitaux, a le pouvoir selon leur calcul. Ils se sont partagé les entreprises qu’ils ont d’abord asphyxiées.

    La Banque Mondiale a débloqué 310 milliards de francs CFA pour le paiement des droits des partants volontaires à la retraite. L’Association des partants volontaires, pourtant n’a reçu que 29 871 500 000 FCFA. Au lieu de résoudre ce problème, une fois pour tout, le gouvernement pratique une fuite en avant qui frise l’irresponsabilité et ne vise qu’à couvrir les nombreuses complicités autour de ces actes de détournements de fonds.

    Par ces détournements, le gouvernement a transformé les femmes et les hommes militants de l’ATVR en mendiants. Devant cette triste réalité, les partants volontaires à la retraite avaient porté plainte contre l’Etat. Mais ce jugement n’a jamais eu lieu. L’UNTM, lors de sa grève des 26-27 juin 2007, a signé un protocole d’accord avec le gouvernement.

    Ainsi entre les deux parties, il était convenu au point II de l’accord de payer les arriérés, les indemnités de licenciement, les fonds de réinsertions et les droits des travailleurs des sociétés et entreprises d’Etat ainsi que le contenu de l’accord entre le gouvernement et l’Association des travailleurs volontaires à la retraite.

    A- Payer les arriérés de salaires, les indemnités de licenciement, les fonds de réinsertion et les droits des travailleurs des sociétés et Entreprises d’Etat. Les droits résultant des requêtes ayant fait l’objet de jugements définitifs bénéficieront d’un traitement en relation avec l’UNTM.

    B- Le contenu de l’accord entre le gouvernement et l’Association des travailleurs partant à la retraite. Les partants volontaires remplissant les conditions continueront à jouir à temps de leurs droits à la pension.

    En outre, dans le cadre de la solidarité nationale et comme mesure d’accompagnement, il a été payé pour le compte de l’ATVR deux milliards cinq cent millions de francs CFA en deux ans 2007 et 2008. Ceci éteignait toutes requêtes judiciaires à l’endroit de l’Etat par l’ATVR.

    A propos des 2 500 000 000 F CFA au titre de la solidarité nationale
    En application de l’accord intervenu entre l’UNTM et le gouvernement, une somme de 2,500 milliards de FCFA, certainement tirée du filet social du budget d’Etat. Il était prévu l’ouverture d’un guichet unique au niveau du ministère du Travail et de la Fonction publique afin de procéder au paiement direct des partants volontaires. Pourquoi le ministre Berthé, pourtant juriste, a mis les fonds à la disposition du notaire maître Tidiane Dem, qui n’est pourtant pas leur ancien employeur et cela à l’insu de l’ATVR, engendrant du coup des dépenses non prévues ?

    Le notaire Dem affirme avoir été constitué le 21 novembre 2007 soit quatre mois environ après l’accord du gouvernement à payer les deux milliards cinq cent millions de francs CFA à ces anciens travailleurs de l’Etat.

    Par la suite et d’une manière insolite, on retrouve dans le même dossier deux avocats de la place, les cabinets de maître Mountaga Tall, de maître Magatte Seye et du notaire Dem, qui ont chacun perçu 100 millions de francs CFA pour des honoraires non justifiés aux yeux des partants volontaires à la retraite, qui ont reçu chacun 368 880 FCFA.

    Selon des sources concordantes, c’est le ministre Abdoul Wahab Berthé, qui se serait personnellement impliqué pour le paiement des soi-disant honoraires desdits avocats et du notaire.

    Le spectacle, qu’offre la présence de ces mères et pères de famille à la Bourse du Travail, est désolant pour le Mali.

    Des foyers brisés, des enfants ayant raté leur scolarité, des honnêtes citoyens transformés en mendiants, en loques humaines, tous ceux-ci montrent à quel point ces programmes de départ volontaire à la retraite ont trahi tout espoir.
    Safounè KOUMBA

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