Deuxième session ordinaire de la Cour d'assises de Bamako : – Adama Sidibé, âgé de 22 ans, condamné à mort pour parricide – Fanta Kéïta écope de 5 ans de prison dont 3 ans de sursis pour enlèvement d’enfants

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    Hier, mercredi 29 septembre, à la Cour d’appel de Bamako, s’est ouverte la deuxième session ordinaire de la Cour d’assises. Les rôles de la présente session comportant 240 affaires de toute nature (vols qualifiés, atteinte aux mœurs et aux biens publics, etc.) s’étendra sur près de trois mois d’affilée avec plusieurs centaines d’accusés. Un tel nombre d’affaires enrôlées lors d’une session de la Cour d’assises, c’est une première au Mali. La toute première peine fut la condamnation à mort du Sieur Adama Sidibé, âgé de 22 ans, accusé d’avoir tué son père. Tandis que dans la deuxième affaire, Fanta Kéïta dite Klaco a écopé d’une peine de 5 ans d’emprisonnement, avec 3 ans de sursis. Elle est accusée d’avoir enlevé une  fillette de 4 ans.

    A l’ouverture solennelle des travaux de cette session, le Substitut du procureur, Alfisseni Diop, dans son allocution d’ouverture,  a affirmé qu’il s’agit là d’une arme efficace toute trouvée pour une répression rapide de la criminalité, toute chose assurant une meilleure sauvegarde des droits de l’Homme, seul moyen d’apaiser la société, en évitant les dérives vers une justice privée. Profitant de l’occasion, le magistrat a attiré l’attention des membres de la Cour sur l’ampleur de l’insécurité dans le pays. Et qu’il serait nécessaire de réprimer avec fermeté les auteurs des infractions qui caractérisent ce genre de comportement criminel. Pour cela, il a souhaité qu’il urge d’insuffler et de mettre en œuvre, avec les divers responsables des services de police judiciaire, une véritable politique de lutte contre la criminalité et le grand banditisme. Avant de conclure qu’il y va de la crédibilité de l’ensemble du système judiciaire qui doit, en toute circonstance, mériter la confiance des populations. 

    Le Bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Ibrahim Seydou Maïga, a insisté pour que les différentes audiences se fassent avec beaucoup plus de vigilance, afin d’éviter les condamnations sans preuves ou douteuses.

    Le président de la Cour d’appel, Abdoulaye Issoufi Touré, avant de prononcer l’ouverture des assises, a affirmé que la Cour ne faillira pas à sa mission de juger tous les dossiers soumis.

     Déjà une première condamnation à mort

    Agé à peine de 22 ans, Adama Sidibé passera le restant de sa vie dans une tombe, comme son père qu’il a lui-même envoyé dans l’au-delà. Telle a été la peine infligée à lui infligée par la Cour, suite à son accusation de parricide. C’était lors de la première audience de la Cour d’assises, présidée par le président de la Cour d’appel de Bamako, Abdoulaye  Issoufi Touré, avec sur le banc du ministère public, le Substitut du procureur général, Alfisseni Diop.

    Selon les informations, il résulte qu’à la suite d’une correction corporelle infligée à sa petite sœur par Adama Sidibé, ce dernier a été invité par son père, feu Moro Sidibé, à quitter le domicile familial. Pour l’exécution de cette décision, le défunt Moro Sidibé a chargé son jeune frère, Tidiane Sidibé, de la transmettre à son fils Adama Sidibé. Non content de cette décision, Adama Sidibé s’est retiré dans sa case où il s’est saisi de son fusil, qui lui a finalement été retiré par son père, feu Moro, avec l’appui de son jeune frère Tidiane. Par la suite, Adama Sidibé s’est muni d’une autre arme, un pistolet artisanal avec lequel il a tiré à bout portant sur son père qui a rendu l’âme sur le champ.

    Interpellé à la barre, l’accusé Adama Sidibé a reconnu les faits sans ambages et a affirmé son regret d’avoir commis ce crime.

    Le ministère public, dans son réquisitoire, a demandé à la Cour de retenir l’accusé dans les liens de l’accusation. Car, selon lui, les faits sont clairs, l’auteur les ayant reconnus. Il a également demandé à la Cour de ne pas accorder le bénéfice des circonstances atténuantes et d’infliger la peine capitale à Adama Sidibé.

    La défense, qui a été assurée par Me Tiéssolo Konaré, a prié la Cour d’accorder le bénéfice des circonstances atténuantes. La Cour, après délibération, a condamné Adama Sidibé à la peine de mort.

     

    Fanta Kéïta Condamnée à 5 ans de prison avec 3 ans de sursis

    Dans la seconde affaire de la journée, concernant  un enlèvement de personne, l’accusée Fanta Sangaré a écopé de 5 ans de prison, dont 3 avec sursis.

    Selon les faits, courant le 17 décembre 2009 à Kati, la petite Sira Sangaré, âgée seulement de quatre ans, disparaissait de la concession familiale où elle jouait, alors que sa mère s’affairait dans la cuisine. C’est ainsi qu’après de vaines recherches, le père de l’enfant, Abdrahamane Sangaré, saisissait le Commissariat de police de Kati où il déclarait l’enlèvement de son enfant. A la suite de nombreuses recherches, les témoignages  recueillis ont permis l’identification et l’arrestation de Fanta Kéïta dite Klaco, personne désignée comme ayant été aperçue avec la fillette enlevée. Elle sera appréhendée et inculpée d’enlèvement de personne.

    Interrogée, tant à l’enquête préliminaire comme à la barre, elle a nié les faits, expliquant être seulement venue à Kati le jour des faits, en vue d’acheter du riz pour sa mère. Et elle ajouta, en outre, qu’elle n’a jamais mis les pieds au quartier Farada, lieu de l’enlèvement, et qu’elle a toujours fait l’objet de calomnie de la part de la population de Kati, pour enlèvement, voire trafic d’enfant et de stupéfiants. "Je ne comprenais pas la réaction de la population de Kati, car à cause de ma maison qui a une valeur de 30 millions de Fcfa, elle m’accusait sans preuve d’être dans un réseau de trafic d’enfants ou de stupéfiants. Selon elle, c’est impossible d’avoir ce luxe pour une promotrice de restaurant" a ajouté Fanta Kéïta à la barre.

    Aïcha Dicko, l’un des témoins, a soutenu et maintenu avoir, le jour des faits, vu la petite Sira sur le dos de Klaco.

    Le Parquet général qui était toujours representé par Alfisseni Diop, dans sa réquisition, a demandé l’acquitement, pur et simple de l’accusée. Selon lui, il n’existe pas de preuves suffisantes pouvant condamner Fanta Kéïta. La défense,  quant à elle, a abondé dans le même sens que le Parquet.

    Malgré ces différentes plaidoiries, contre toute attente, la Cour a retenu Fanta Kéïta dite Klaco, dans les liens de l’accusation tout en lui accordant le bénéfice des circonstances atténuantes. Ainsi, elle a été frappée d’une peine de 5 ans de prison dont avec 3 ans de sursis.

    Bandiougou DIABATE, Falé COULIBALY

     

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