Deux roues :Pourquoi le port généralisé du casque fera une hécatombe

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    Selon les statistiques passées sur les ondes de l’Ortm la semaine dernière, 30% des motocyclistes accidentés acheminés aux urgences souffriraient de traumatisme crânien. On veut en tirer la conclusion que le port du casque est salvateur. Oui, mais… et les 70% restants ? Qui ne sont pas absolument touchés à la tête ? Ils ne sont pas beaucoup plus nombreux que les 30% ? En plus, il faut savoir que tous les accidents de la circulation ne mènent pas aux urgences. Dans la majorité des cas, il n’y a ni dégât matériel, ni dégât corporel. Dans bien des cas, les dégâts sont arrangés par le pardon ou la répartition du préjudice.

    Cela veut dire que le port du casque n’est utile (éventuellement !) que dans une portion très réduite des accidents de la circulation. D’autant plus que le pouvoir qui veut imposer le casque (dans le seul but d’avoir de l’argent par la force) cache soigneusement les statistiques sur les accidents graves et mortels dans lesquels, le casque n’aurait pu apporter aucun secours au motocycliste. N.W., (paix à son âme) était une étudiante ‘’terminaliste’’ en sociologie. Une benne de sable l’a écrabouillée avec sa moto. Les Sotrama font des choses pareilles. D’autres automobilistes qui conduisent sous l’effet des drogues écrasent aussi les piétons (faut-il porter aussi le casque ?) et les motocyclistes.

    Le gouvernement aussi tue les motocyclistes et les piétons. Les policiers de l’Etat laissent les bennes sans freins, sans feux rouges et sans phares la nuit. Ils ‘’raquettent’’ les Sotrama deux fois par jour et les laisse rouler à tombeaux ouverts, se doubler, s’arrêtent brusquement n’importe où… le tout au détriment du piéton et du motocycliste. Le contrôle technique ? Les loueurs de pneus et autres accessoires sont installés au grand jour. Les automobilistes hors normes y viennent louer ce qu’il faut pour passer le contrôle. D’autres glissent de l’argent dans le cahier et cinq minutes plus tard, sans passer aucun contrôle ils s’en vont OK. A la descente du vieux pont côté Badalabougou, les motocyclistes sont parqués comme des moutons sur un parcours de nids de poule sinueux où le danger guette à droite (le fossé) et à gauche (les ‘’dents chinois’’ en béton). Toute chute y est dangereuse. Pour faire bref, les autorités sont elles aussi coupable, mais elles ne semblent pas vouloir se remettre en question.

    Incivisme rampant et le laisser aller

    L’état actuel de la circulation à Bamako et même hors de la capitale (c’est bien une moto qui a tué Me Mbam D. Diarra, ancienne médiateur de la République sur les routes du Mali) se caractérise par les traits suivants : incivisme poussé à l’excès en face de la police, non respect du code de la route, non respect entre usagers de la route, l’excès de vitesse au grand jour, circuler n’importe comment, doubler à gauche et à droite, l’usage de la drogue (les chauffeurs de sotrama se fournissent entre autre chez les vendeurs de café et de thé installés au grand jour sur les trottoirs). Ce sont là, les causes principales (la liste n’est pas close) des accidents qu’il faut envisager la solution du problème. A tout seigneur tout honneur, les motocyclistes (la petite exception nous pardonnera) sont des irresponsables inqualifiables. Autant ils sont les plus exposés, autant ils sont des inconscients, de vrais mufles. Le motocycliste est une plaie à plaindre dans le paysage urbain du Mali.

    Ce n’est ni la route ni la monture qui tue mais c’est l’homme qui se tue. L’homme qui conduit, l’homme qui est habillé en policier qui laisse faire et dont le seul souci est de dépouiller ses victimes et en fin l’homme qui est à Koulouba et qui est dieu au Mali.

    Vouloir soigner l’insécurité routière par le port généralisé du casque sourire n’eut été le calcul sordide qui est derrière la décision de l’imposer, celui de se faire du fric.

    Lorsqu’on porte le casque, on ne voit que devant soit on ne voit ni à gauche ni à droite. Or, dans la circulation qui prévaut à Bamako, le motocycliste doit voir des deux côtés, il est obligé de se retourner pour voir ce qui se passe, et aurait même besoin des yeux derrière la tête. Lorsqu’on porte un casque sur une moto, on n’entend plus rien, absolument rien. Or le motocycliste à Bamako a besoin d’entendre dans son dos, mieux de sentir (c’est une question de pressentiment acquis par la force des choses) ce qui se passe dans son dos. Dans le climat chaud, humide, poussiéreux, en fumée, pollué… de Bamako, le casque va augmenter la chaleur et augmenter le niveau de nervosité et de stress chez les motocyclistes qui souffrent déjà dans les rues de plus en plus «embouteillées » de Bamako.

    Un conducteur irrité, nerveux et stressé peut en arriver à l’état suicidaire du « s’en fout la mort ». Ceux qui ont lu Albert Camus (notamment son roman l’Etranger) comprennent cela aisément. En cas de répression féroce (qui ne fera qu’enrichir les policiers) certains pourraient renoncer à la moto, vu les prix élevés des casques à acheter pour tous ses enfants, soi-même et ses passagers. On va alors encombrer davantage les sotrama ou abandonner son petit emploi que seule la possession d’une moto pouvait permettre. On va donc augmenter le chômage et aggraver la criminalité.

    Donc, la route va tuer d’avantage, accentuer la criminalité, freiner le développement social et économique et creuser le fossé d’une manière dangereuse entre les riches qui ont tout et les pauvres qui crèvent de faim. C’est malheureux de constater que nos dirigeants manquent de psychologie et de bon sens à ce point. Que pour avoir un peu plus d’argent, ils n’hésitent pas à descendre aussi bas.

    Amadou Tall

     

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