La ville de Kita, en première région du Mali a évité de justesse à de nouvelles émeutes dans la journée du dimanche 20 décembre 2009. En effet, ce jour-là, des Douaniers en service à Kita ont sifflé trois conducteurs de motos qu’ils considéraient comme étant des trafiquants en provenance de la commune rurale de Sirakoro Birgo, frontalière de la Guinée Conakry. Les présumés trafiquants, pris par la panique ne se sont pas arrêtés, au contraire, ils ont foncé. C’est ainsi qu’une course poursuite s’est engagée entre douaniers et conducteurs de motos en pleine brousse. Arrivée sur un terrain très accidenté en toute allure, le motocycliste de devant est tombé, puis les deux autres l’un après l’autre. Gravement blessés, ils ont été transportés d’urgence à l’hôpital de Kita.
Lorsque la nouvelle s’est répandue à travers la ville, les populations qui se souviennent d’un cas similaire le 14 juillet 2009, où un élément de la Garde Nationale a tué un apprenti-chauffeur par balle, se sont révoltées de nouveau. Tout de suite, les autorités politiques et administratives de Kita ont tué le poussin dans l’œuf en faisant arrêté les trois douaniers qui sont à l’origine de l’accident. Cet acte très décisif a calmé les ardeurs, et éviter de justesse de nouveaux émeutes similaires à ceux du 15 juillet 2009 à Kita.
DES AVIS DIVERGENT
Les événements du 20 décembre 2009 à Kita continuent de nourrir les débats. Les uns et les autres ont des avis divergents sur le comportement des douaniers et des présumés trafiquants. Le cercle de Kita, vue sa situation géographique frontalière de la Guinée Conakry est un cercle où le trafic illicite est développé.
Les uns pensent que les douaniers ne doivent pas poursuivre un conducteur qui refuse de s’arrêter. Ce qu’ils pouvaient faire, c’est d’alerter leurs collègues de l’arriver des suspects. D’autres pensent également qu’un conducteur qu’il soit à moto ou en voiture, s’il ne se reproche rien doit s’arrêter au coup de sifflet d’un agent public.
L’on se rappelle que la ville de Kita, située à environs 180 km de Bamako, vers l’Ouest, en première région, a vécu une journée folle le 15 juillet 2009. En effet, suite à l’assassinat d’un apprenti-chauffeur du nom de Sountoukoumba Sissoko par le Caporal Lassine Goïta de la Garde nationale, le 14 juillet, dans la Commune rurale de Kobri, à 45 km de Kita, des populations révoltées par cet acte ont pillé saccagé et incendié des bâtiments publics de la ville.
RAPPEL DES EVENEMENTS DU 15 JUILLET 2009
En plus de l’apprenti-chauffeur, (victime du Garde), un policier, grièvement blessé par les manifestants, aurait trouvé la mort sans compter les dégâts matériels importants qui ont été estimés à plus de 500 millions de F CFA.
Les bâtiments publics qui ont subi la foudre des manifestants sont : le Commissariat de Police de Kita, les services de la Douane, des impôts, de la justice, le camp des Gardes, entre autres. Des voitures et motos ont été également calcinées.
Débordées par l’ampleur du soulèvement populaire, les forces de sécurité et du maintien d’ordre ont demandé du renfort à Bamako. Ce n’est qu’aux environs de 17 heures que l’ordre a pu être rétabli. Mais, les manifestants avaient déjà atteint leur but.
Par peur, les commerçants avaient fermé leurs boutiques pour échapper aux vandales, et le marché s’est vidé. Les populations terrorisées se sont enfermées dans leurs maisons. Aux environs de 14 heures, la ville était déserte. Toutes les activités se sont arrêtées, les rues vidées. Les populations de Kita n’oublieront de si tôt la journée du 15 juillet 2009, où aucune compagnie de transport en commun n’a desservi l’axe Kita-Bamako ce jour là.
L’ACTE D’APAISEMENT DES AUTORITES DE KITA
Tirant les leçons des évènements du 15 juillet dernier, les autorités politiques et administratives de la ville de Kita ont vite prises des décisions qu’il fallait en faisant arrêté les trois douaniers à l’origine des incidents. En plus de cet acte, elles ont appelé les populations au calme. Si lors des évènements du 15 juillet 2009, des éléments des forces de l’ordre et de sécurité ont été dépêchés à Kita en renfort, cette fois ci, ceux de Kita ont pu maîtriser la situation.
Pour l’instant, le calme règne dans la ville, toutes les activités se déroulent normalement. Les trois douaniers sont en garde-à vue au commissariat de police de Kita.
Aux dernières nouvelles, les trois blessés ont été évacués à Bamako, où ils sont soignés à l’Hôpital Gabriel Touré, tandis que les trois douaniers aux arrêts séjournent présentement au Commissariat de police de Kita pour interrogatoire.
Daba Balla KEITA