Dépravation des mœurs : Quand la prostitution paye plus que n’importe quel travail au Mali (suite)

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    “La prostitution, c’est ma vie. Je me demande quel genre de travail je ferai”, martèle Assi, quelque peu marquée par le poids des ans.

    A 37 ans dans les prunes, Assi trouve que la prostitution est une fatalité, qu’elle va mourir dans la pratique de ce métier. Son histoire fait rêver debout. Même si les raisons avancées par la dame pour se prostituer ne tiennent pas la route, Assi jure qu’elle n’a eu son premier rapport sexuelle  qu’au-delà de ses 22 ans, mais par finir son mec l’a abandonné au profit d’une autre fille.

    Ne pouvant pas supporter la déception,  je suis allée chez une tante en Côte d’Ivoire. Là-bas, à côté de la famille, j’ai connu une dame du nom d’Yvonne. Comme j’étais bien faite (sourire aux lèvres), Yvonne m’a vite trouvé un copain. Et ce n’était pas n’importe lequel, c’était un Blanc. Il était plein aux as, on faisait l’amour tous les soirs. Mais, sincèrement, il ne me satisfaisait pas sexuellement. D’ailleurs j’ai pu me faire un autre mec, un jeune zouglou man du coin. Lui me conduisait au septième ciel, même s’il n’avait rien. Avec mon copain blanc, la jalousie commençait à atteindre son cœur. Un jour lorsque je faisais l’amour avec mon artiste, il nous a suivi jusqu’à l’hôtel. Et dès qu’il m’a vu, ce fut la fin de notre histoire. Il a aussitôt mis fin à notre relation malgré mon insistance à vouloir le voir.

    En pleine discussion, les larmes d’Assi coulent. Nous l’aidons à les essuyer. Mais un peu après elle nous parle de sa situation présente. “Depuis mon retour, j’ai pu me frayer un chemin. Même si ce n’est pas la même chose car aujourd’hui, je suis dans les rues. Mais ma spécialité, ce sont les trois poches. Par exemple, j’ai un client, à chaque fois qu’il dispute avec sa femme, il m’appelle et il vient se consoler dans mes bras. D’ailleurs de passage, je donne un conseil aux femmes mariées : prenez soins de vos maris, c’est une chance d’avoir un mari”.

    Assi est très bavarde et lorsque notre équipe sent la faille, elle aborde la question de ses gains mensuels.

    En réponse, elle s’écrit : “Ha les journalistes, vous voulez tout savoir. En tout cas, je n’ai pas moins de 500 000 F CFA par mois. En plus, je suis dans un pari de 5000 F CFA par jour”. Et d’ajouter que les rapports non protégés sont plus chers que les rapports avec préservatifs.

    N’as-tu pas peur des MST et particulièrement le VIH ? La réponse est non car pour elle si cela existait, elle serait déjà morte. La bonne dame trouve l’équipe de reportage intéressante. L’équipe l’apprécie aussi pour avoir accepté de discuter avec elle.

     

    Situé à l’Hippodrome en Commune II du district de Bamako, seuls quelques noctambules connaissent bien ce petit coin, très joli. A l’entrée, on ne peut se rendre compte que c’est un lieu de prostitution, mais comme nous avons des  autochtones dans l’équipe, nous tombons sur des groupes de filles assises dans le noir en train de siroter de la bière. Nous nous joignons à elles et commandons à chacune une bouteille. Après la présentation, nous déclinons aux belles demoiselles l’objet de notre visite qui est de savoir un peu la vie des prostituées et leurs revenus.

    Au début, elles sont réticentes, car elles souhaitent qu’on prenne une chambre, histoire pour elles de se faire un peu d’argent et de procéder à une partie de jambe à l’air. N’étant pas là pour ça, l’équipe négocie et propose un peu d’argent à chacune.

    Tour à tour, les filles expliquent comment elles sont venues dans le métier. L’explication de Gafou attire notre attention.  Je ne fais pas la prostitution pour avoir de l’argent, mais par plaisir. Mes parents ont les moyens de satisfaire tous mes besoins. Je ne sais pas ce que je vais trouver autre que le plaisir dans une relation sexuelle. J’ai connu le sexe dès le bas âge, d’après ce qu’on m’a dit. Aux dires de certains, j’ai été violée à bas âge par un oncle. Par la suite, je suis devenue la femme à abattre car tous les jeunes du quartier voulaient coucher avec moi. Avec une cousine, nous avons commencé à boire à la maison, ensuite dans des bars. C’est dans les bars que j’ai commencé à coucher avec n’importe qui. En fait, quand je bois, je perds la raison et la seule chose que je veux quand je suis saoule, c’est faire l’amour. Fatou n’accorde pas une grande importance sur ses gains, car, à ses dires, même à 500 F CFA souvent, elle cède. “Je ne sais pas combien je gagne mensuellement, car l’argent ne m’intéresse pas trop mais je sais que je peux avoir plus de 300 000 F CFA par mois”.

     

    Fadjiguila c’est la direction prise après l’Hippodrome. Dans un bar très connu, il est 2 h du matin. C’est l’affluence autour du coin. Là, c’est particulier, ce sont des enfants qui sont arrêtés, à peine s’ils ont 18 ans en train de marchander le prix.

    A première vue, ce qui saute aux yeux, c’est l’habillement des jeunes dames. Elles sont en tenue sexy contrairement aux précédentes filles que nous avons rencontrées dans d’autres lieux.

    Après une brève discussion avec elles, nous nous rendons compte que ce sont des bonnes de quartier. L’information est confirmée par une fille qui accepte de nous parler.  Je travaille comme bonne à Boulkassoumbougou. Chaque soir je quitte la maison de ma patronne pour dire que je vais dormir chez une tante à Fadjiguila, mais c’est faux. Je viens me vendre ici à 1000 F CFA ou plus. Ma position  de bonne n’est qu’une couverture pour moi, sinon ce que je peux gagner par nuit est souvent plus élevé à que ce que je gagne par mois avec ma patronne

    A suivre !  

    La Rédaction

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