Dans les grandes villes, les délinquants se recrutent essentiellement dans les milieux pauvres, généralement dans les familles désunies et quelques rares fois dans de grandes maisons montrées en référence. Dans les foyers délabrés où l’autorité paternelle a démissionné pour laisser place à celle de la seule mère, c’est le règne du laisser-aller et du laisser-faire, surtout du côté des garçons qui se ruent sur toutes sortes d’excitants
Des enfants perdus pour la société, nos communautés traditionnelles en ont peu connu, car y existaient des structures d’encadrement de la jeunesse qui servaient de garde-fous entre les jeunes et la délinquance. Même aujourd’hui, dans les jours où ces structures tenant encore bon, la délinquance a du mal à s’installer aussi bien en ville qu’à la campagne.
Dans la plupart des villes où elles ont disparu au profit de l’école, dès que celle-ci tombe en panne, l’enfant est guetté par la délinquance. Ne trouvant plus à s’occuper utilement, il se laisse tenter par les activités de rue qui, inexorablement, s’installent en lui et le gouvernement. La déscolarisation, si elle n’est pas rapidement contrée par des activités de substitution rentables pour l’enfant, devient facilement un facteur générateur de délinquance, surtout dans les quartiers pauvres. Dans la médina, les parents, parce qu’ils sont pauvres, manquent totalement d’initiative quand l’enfant est exclu de l’école et dans les 3/4 des cas, c’est la solution de la rue qui l’emporte avec son cortège de vices comme l’alcoolisme et la dépendance à la drogue.
La consommation, même modérée de l’alcool ou de la drogue (la plus souvent des deux) peut conduire à la délinquance à tous les âges, pendant l’adolescence plus qu’à tous les autres.
Dans les grandes villes, les délinquants se recrutent essentiellement dans les milieux pauvres, généralement dans les familles désunies et quelques rares fois dans de grandes maisons montrées en référence. Dans les foyers délabrés où l’autorité paternelle a démissionné pour laisser place à celle de la seule mère, c’est le règne du laisser-aller et du laisser-faire, surtout du côté des garçons qui se ruent sur toutes sortes d’excitants, devenant ainsi de véritables anti-corps sociaux.
Dans la rue, ces adolescents, loin des parents, deviennent rapidement des voyous qui se laissent abîmer physiquement et psychologiquement par les stupéfiants. Et pour se procurer ces substances nocives, ils n’hésitent pas à voler, à brigander, dans la violence s’il le faut. Il faut remarquer que cette délinquance est à la fois masculine et féminine, c’est-à-dire que dans certaines situations des filles y participent.
Les jeunes ruraux qui viennent aussi en exode en ville et qui refusent de retourner au village à cause de l’attrait de la grande ville sont également des victimes désignées pour la délinquance. Ayant dédaigné de rejoindre le village au profit des petits boulots de la ville, ces jeunes, à la longue, vont grossir les rangs des badauds et des voyous qui ne reculent ni devant l’alcool ni devant la drogue, de préférence le cannabis. Les plus chanceux de cette bande arrivent à devenir d’éternels apprentis-chauffeurs qui jamais ne passeront le permis de conduire, mais iront de place de sotrama en place de taxi en quête de piécettes pour s’offrir un bol de riz. Du lot des déscolarisés urbains et de celui des jeunes paysans ayant fui l’agriculture pour venir traîner en ville sous des prétextes divers, il est difficile de dire lequel est le plus nombreux. On sait seulement que l’un et l’autre ne sont pas quantité négligeable et que tous ou presque boivent de l’alcool et se droguent d’une manière ou d’une autre.
Il y aussi le petit troupeau des talibés que l’on rencontre dans les auto-gares, devant les mosquées, les grands carrefours et naturellement aux abords des différents marchés. Travaillant et mendiant pour un maître (Karamoko) qu’on ne voit jamais, mais qui leur a donné l’ordre de ne jamais rentrer à la maison le soir sans le pécule, ces adolescents vont pieds nus, en guenilles, affamés et assoiffés, économisant centime sur centime pour le compte d’un honorable chef de famille musulmane, resté à la maison pour lire les écritures saintes. Ces élèves des écoles coraniques traditionnelles ne sont pas différents des délinquants, car comme ceux-ci la plupart dorment dans la rue, y mangent (le plus souvent des restes), vivent en groupes et n’hésitent pas à voler, à violer et à brigander si l’occasion se présente.
La délinquance a plusieurs visages, mais le cadre de la ville est plus propice à leur essor que la campagne. L’oisiveté et les opportunités de se détruire qui y prévalent sont potentiellement source de tous les vices alors qu’en brousse l’individu est mieux conservé et n’a pas le temps de se dévoyer.
Facoh Donki Diarra
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