Anciennes malades de la lèpre pour la plupart, 53 femmes vendeuses de fruits au marché de mangues de Djikoroni Para ont assisté, impuissantes à la démolition de leurs hangars et à la destruction de leurs marchandises, avant, (dans certains cas) d’être arrêtées puis emprisonnées.
A l’origine de leur malheur, un puissant opérateur économique qui a acheté le lieux leur servant de marché.
Cette place, leur avait été affectée par la Direction de l’ex Institut Marchoux, pour leur de servir de marché il y a maintenant plusieurs années.
C’était sans compter avec cet opérateur économique qui, après avoir acheté les lieux est passé par la manière forte pour s’en approprier.
Ainsi, le 3 juillet dernier, les pauvres femmes ont vu débarquer sur leur place, un impressionnant groupe de forces de l’ordre leur ordonnant de "foutre le camp".
Le courage du désespoir aidant, les vendeuses de mangues (dont la plus jeune à 48 ans) ont choisi l’affrontement.
Conséquence : leurs biens ont été détruits et 7 vieilles femmes ont été arrêtées puis "internées" pendant 2 jours à la maison centrale d’arrêt de Bamako.
Ainsi, en l’espace de deux jours (temps passé en prison), ces femmes ont perdu plus de 20 tonnes de mangues dont elles estiment la valeur à près de 7 millions de FCFA.
A cela s’ajoute, le cas de chargements d’oranges pourris dont le coup s’élèverait à 2 millions de F CFA.
C’est ainsi que, pour sensibiliser des hommes de médias sur leur situation et prendre l’opinion nationale et internationale à témoin, les victimes ont, sous les auspices de l’Union des Associations et des Coordinations d’Association pour le Développement et la Défense des Droits des Démunies (UACDDDD), organisé une conférence de presse, le 22 août dernier.
C’était au Jardin d’Enfant Babintou Keita de l’ex Institut Marchoux.
Ladite rencontre a enregistré la présence du Ségal adjoint chargé des relations extérieures, Massa Koné, du conseiller juridique de l’UACDDDD, A.T Diarra, des femmes du marché de mangues, des membres de l’union…
Au cours de cette conférence, le ségal Massa Koné a laissé entendre que les pauvres femmes doivent se soutenir et s’unir afin de faire face à l’injustice dont elles sont victimes.
Pour Mme Fanta Coulibaly, une vielle femme (77 ans) qui a perdu les quelques dents qui lui restaient avant son arrestation, "ce marché est notre vie, en nous le retirant, on nous prend notre âme".
Et Mme Fanta Sanogo, une autre victime, d’ajouter : "pour éviter de perdre notre marché nous y passions la nuit. Et quand Moussa Marra alors maire de la commune a été informé de cette situation, il a suspendu tous les travaux pendant 6 mois. Mais, il a été destitué et les travaux de reconstruction de notre marché ont repris".
Toujours selon Mme Sanogo, l’opérateur économique auquel les lieux ont été vendus a laissé entendre et devant des témoins que, pour faire déguerpir ses victimes, il aurait versé 2,3 millions de Franc CFA au commissaire du 14è arrondissement et près de 6 millions au compte du procureur du tribunal de la Commune IV.
Ce qui ne surprend guère, car selon l’avocat de l’union, c’est le juge qui tranche les affaires du tribunal. Mais cette fois, cela n’a pas été le cas. C’est le procureur qui s’est chargé du dossier. Pourquoi ?
A en croire l’avocat, la non légalité des documents justificatifs serait à la base de la prise en charge du dossier par le procureur.
Ce qui expliquerait le report à 3 reprises des audiences concernant l’affaire.
… à suivre
A. Sanogo