Les pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers jours sur la capitale ont provoqué des inondations dans plusieurs quartiers de Bamako, détruisant des maisons en banco et faisant des morts et plusieurs dégâts matériels. Mais ce sont les dégâts provoqués par ces pluies dans le cimetière de Sogoniko qui défraient le plus la chronique en commune VI.
Ces pluies torrentielles des jeudi et vendredi derniers ont causé de nombreux dégâts dans plusieurs quartiers du district qui se distinguent par des constructions en banco et un manque de caniveaux pour le drainage des eaux de pluies. C’est ainsi qu’à Bacodjicoroni par exemple, de nombreuses maisons en banco se sont écroulées, entraînant des pertes en vies humaines. A Niamakoro également, des témoins rapportent que ces pluies ont fait beaucoup de dégâts et de sans abris.
A l’intérieur et aux alentours du cimetière de Sogoniko, les dégâts ont été monstres dans la nuit du vendredi au samedi. La scène était si triste qu’une grande désolation teintée d’inquiétude se lisait sur les visages. C’est que les populations se souviennent encore
des inondations causées par les pluies diluviennes qui s’étaient abattues sur Bamako à la même période de l’année dernière. Rappelons, en effet, qu’à la même période de l’an passé, le cimetière de Sogoniko (situé au bord d’une rivière qui traverse le quartier) avait été complètement inondé par les eaux de ruissellement. Des eaux qui, du coup, avaient brisé un côté du mur du cimetière faisant face à la rivière. Bilan : des cadavres déterrés, des tombes écroulées, des maisons environnantes envahies par les eaux.
Les populations accusent Bittar qui persiste et signe
Alors, les populations du quartier sortirent de leur réserve, saccagèrent le chantier de la nouvelle gare de Bittar et bloquèrent les travaux du chantier. Selon elles, depuis le début des travaux de Bittar, à la moindre grosse pluie, le cimetière et ses alentours se retrouvent inondés, car son chantier se trouve sur le passage de l’eau.
Un responsable des jeunes du quartier soutient qu’en dépit de l’opposition légitime et justifiée des populations, Jeamille Bittar n’en fit qu’à sa tête. C’est ainsi qu’il a fit construire un petit pont et un petit canal pour le drainage des eaux de pluies. Pourtant, il reconnaît que ce petit canal qu’il a fait construire pour que l’eau puisse dévier son chantier est quasiment impuissant pour supporter la quantité des eaux de ruissellement de la zone.
Si bien que chaque fois qu’une grande pluie s’abat sur Bamako, le cimetière est inondé (avec pour conséquence, des morts déterrés) puisque toute l’eau qui ne pouvait pas passer par ce petit canal était obligée de briser les murs du cimetière pour se frayer un chemin.
Et c’est ce qui arriva dans la nuit du vendredi au samedi, poussant ainsi les populations du quartier à sortir sous la pluie pour « voler au secours de leurs morts ».
Un responsable du cimetière témoigne que depuis le début des travaux de la nouvelle gare de Bittar, ce « scénario » se répète chaque année. Selon lui, depuis le début de ce chantier, chaque fois qu’il pleut, les populations sont obligées de déléguer des gens pour surveiller le cimetière en vue de prévenir d’éventuels dégâts. Toujours selon lui, c’est la nouvelle gare de Bittar qui est la source de ces fréquentes inondations du cimetière que les populations du quartier déplorent chaque année.
La nuit du vendredi a été très laborieuse pour les jeunes du quartier puisque qu’ils ont été sollicités sous la pluie en vue de …remplir les tombes que les eaux de ruissellement avaient fait écrouler, informe le vieil homme. A l’en croire, ce blocage des eaux de pluie provient de la nouvelle gare de Bittar. « La nouvelle gare de Bittar empêche l’eau de circuler normalement, et celle-ci fait chaque fois tomber les murs du cimetière pour se frayer un chemin, déterrant à son passage nos morts », a – t -il fait savoir, tout en fustigeant l’attitude des autorités communales et des plus hautes autorités du pays qu, malgré l’opposition des populations, ont laissé Jeamille Bittar se livrer à son occupation favorite : l’abus de pouvoir.
Les conséquences ne se sont donc pas fait attendre : dans la nuit du vendredi au samedi, les après avoir volé au secours de leurs morts déterrés, les jeunes du quartier ont saccagé le chantier de Bittar et brisé le mur faisant face au cimetière et qui serait à l’origine du blocage de l’eau. D’ailleurs, ils ont promis et juré d’intensifier leurs actions pour que cessent enfin ces dégâts d’inondation de leur cimetière et cet abus de pouvoir que leur fait subir le « tout puissant » président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali et du Conseil économique, social et culturel, PDG de Bittar-Trans et Bittar Impression. Une affaire à suivre donc.
Polycarpe Dédéou