S’il y avait un classement annuel des héroïnes dans notre pays, Kadiatou Diaby non seulement en ferait partie mais aussi le ministère de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues nationales allait graver son nom en lettres d’or dans les annales des examens au Mali. Eu égard à son courage et à la détermination qu’elle a fait preuve pour affronter les épreuves de l’examen, 48 heures après son accident dont elle est sortie avec une jambe cassée.
Agée de 15 ans, Kadiatou Diaby est élève au Cours moderne privé bilingue Amadou Sow à ACI 2000. Appréciée du corps professoral et de son entourage pour son sérieux au travail, elle n’avait cette année en tête qu’un seul objectif : réussir son examen. Ce rêve, n’eut été le soutien de sa famille, des bonnes volontés et de son maître de mathématiques, Ibrahima Wolomo, qui n’a ménagé aucun effort pour que son élève soit au rendez vous du 8 juin (début des épreuves du DEF), a failli être brisé à jamais.
En effet, à la veille, pour être plus précis le 6 juin, du démarrage des épreuves du DEF (8-10), Kadiatou Diaby a été victime d’un accident de circulation sur la route pavée aboutissant au monument Cabral. Ce jour, elle a été chargée par sa famille d’accompagner une de ses tantes à Hamdallaye. Après avoir contournée le rond point Cabral, Kadiatou prit la direction du quartier de sa tante. Ne doutant de rien, elle est surprise de voir une femme traversée la route.
Dans ces conditions, l’effet de surprise fait qu’on ne peut rien faire. Ce qui devait arriver arriva. Kadiatou percuta la femme. Elle et sa tante se retrouvent à terre. La moto est endommagée. Après le constat, les deux femmes s’en sortent avec des égratignures. Mais c’est le cas de Kadiatou qui est le grave : son pied droit est casé. Evacuée sur l’hôpital Gabriel Touré, elle reçoit les soins.
Problème : pourra-t-elle faire l’examen dans cet état ? Aussitôt deux camps se dégagent : les uns appelant à un ajournement et les autres persistent et signent, elle va faire l’examen. C’est finalement la position du deuxième camp qui l’emporte. Et cela grâce à la témérité de M. Wolomo et à la candidate elle-même qui n’avait jamais abdiqué malgré la douleur qui la rongeait.
Curieusement, le jour de l’examen, les candidats découvrent dans salle 2 du centre Saint Kizito un matelas. C’est la place réservée à Kadiatou et non la table sur laquelle son numéro de place était écrit : 6379. Son acte de bravoure a été salué aussi bien par le président du centre, des surveillants et des autres candidats ainsi que par la directrice de l’Académie Rive gauche, Mme Diawara Djènèbou Koné qui l’a félicitée après son succès.
Selon notre candidate, sous l’effet de la douleur, elle a failli abandonner la partie. Mais c’était sans compter sur les soutiens à tenir le coup.
C’est dans ces conditions qu’elle a subi les épreuves et elle a été admise. «La joie a été immense dans la famille mais elle n’a pas pu être manifestée comme on le souhaitait», dira Kadiatou.
Deux de ses sœurs ont échoué.
Du côté de son maître, l’admission de son élève est le couronnement d’un travail bien accompli.
Même si on ne peut pas ériger un monument en son nom, elle mérite félicitation et encouragement de la part des plus hautes autorités.
Yoro SOW