Déçu et déboussolé : rnUn jeune-homme voulait se faire tuer par le cortège présidentiel

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    C’était le matin du 19 novembre 2006, Mahamadou Coulibaly, un jeune comme tous les autres, est posté quelque part à côté de la principale voie menant à l’aéroport de Bamako Sénou. Le cortège du président Amadou Toumani Touré arrive à vive allure. Soudain, il se jette sur la voie. Pour le premier venu,  il est tout simplement malade. Pourtant, détrompez vous. Il n’a rien. Le but de cette opération suicidaire était d’exprimer aux hautes autorités une amertume qui n’a que trop duré. 

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     Le motars de tête a déjà dépassé l’échangeur du quartier Mali  et a avalé la pente en face de l’hôtel Olympe. Maintenant, c’est la descente sur Kalaban Coura. Le motard arrive à vive allure, suivi de loin par le véhicule de la police. Les deux engins dépassent le rond point Konaré et continuent vers le giratoire « Sogolon ». Avant d’arriver là, le cortège passe devant l’hôtel Wassoulou. C’est justement là que les agents vont assister à un spectacle qu’ils vont très longtemps garder dans leur souvenir.En effet, surgi, de nulle part, un jeune, Mahamadou Coulibaly, fonce vers la route. Mais le motard est plus rapide que lui, car il se trouve déjà au carrefour « Sogolon ». Mahamadou ne s’arrête pas. Il se précipite sur la voie. Arrivé là, il s’y étale comme s’il voulait mourir sous les roues du cortège présidentiel, surtout que le véhicule de la police est presque à son niveau.

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    Arrivé devant l’hôtel Wassoulou, le chauffeur de la police est tiqué par un fait extraordinaire : un corps étranger sur la route au moment où passe le cortège présidentiel. Fort heureusement, d’un geste vif, il parvient à éviter Mahamadou. Les policiers en faction, entendant les sirènes du cortège présidentiel, se ruent sur Mahamadou. Il sera maîtrisé en un rien de temps, avant d’être conduit dans les locaux du 11ème arrondissement. A son interrogatoire, il dira n’avoir rien à déclarer, que la seule personne à qui il veut s’adresser est le président Amadou Toumani Touré. Le Directeur régional de la police, le colonel Diouf, Mahamadou, réussit à le faire parler. Selon lui, il a été victime d’escroquerie. Son escroc est un membre influent de la famille Touré de Bagadadji et se nomme Lahaou Touré. Ce monsieur lui aurait vendu un terrain à usage d’habitation à 4 millions CFA. Quand il a voulu commencer ses travaux, il a été confronté à d’énormes problèmes, comme des attaques incessantes de jeunes qui s’en sont pris à ses briques et à lui-même.  C’est à la suite de cela qu’il s’est rendu compte que le terrain n’appartenait pas à Lahaou Touré. Ce dernier l’aurait d’ailleurs reconnu, car Mahamadou nous a déclaré que le nommé Lahaou, en présence d’un témoin, a soutenu que le terrain appartient à sa grande soeur. Par conséquent, il aurait demandé à Mahamadou de patienter le temps qu’il trouve de l’argent pour le rembourser. Depuis ce jour, Mahamadou n’a pas reçu un franc de son argent. Pis il a été trimballé entre la police, la gendarmerie, avant de se retrouver en prison pour une accusation imaginaire de violence sur un vieil homme. L’incroyable est que Lahaou a versé la somme de 350 000 f CFA au Commandant de la brigade de la gendarmerie de Faladiè au compte, bien entendu, du jeune Mahamadou. Le commandant de brigade auprès duquel le jeune avait porté plainte contre Lahaou, s’est tout simplement approprié les 350 000 f CFA. Plongé dans une détresse totale, doublée d’une grande impuissance, le jeune Mahamadou n’a trouvé d’autre solution que de chercher à rencontrer le président ATT pour lui expliquer son problème. Cette occasion ne lui sera jamais donnée, donc il a décidé de forcer la porte du palais de Koulouba. C’est pourquoi il s’est jeté sur la route au moment où passait le cortège présidentiel. En agissant ainsi, Mahamadou envisageait deux choses : soit mourir écrasé par le cortège présidentiel et en finir à jamais avec cette affaire, soit attirer l’attention du chef de l’Etat sur lui, afin que celui-ci lui trouve une solution.Malheureusement, aucune de ces deux approches n’a marché et Mahamadou a été tout simplement conduit à la prison centrale pour 3 bons mois. Raison : pour avoir entravé la voie au moment où passait le chef de l’Etat. Aujourd’hui libre, le  jeune Mahamadou a encore retroussé ses manches pour recouvrer son dû.    Nous estimons que cette affaire, loin d’être banale, retrace tant soit peu le calvaire que vivent bon nombre de nos compatriotes. Beaucoup d’entre nous sont victimes d’injustices qui ne sont jamais réparées, à moins d’avoir un bras long. Et pour celui qui n’en dispose pas, c’est la résignation totale, au risque de devenir fou.

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    Affaire à suivre

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    Source Le Nouvelliste

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