L’odieux crime commis, il y’a quelques jours, par Maïmouna Djiba qui s’est débarrassé de son époux, Bakary Pathé Mané – dont le corps sans vie a été retrouvé le 4 octobre dernier à l’autre bout de la capitale – pose une vraie question de fond dans notre pays : l’infidélité au sein des couples.
n effet, combien d’enfants "adultérins" naissent chaque jour dans nos ménages au vu et au su de tout le voisinage ? Le phénomène est devenu si courant qu’il est quasiment tombé dans la banalité la plus accommodante. Chacun se frotte les mains en pensant ou espérant bien pudiquement que le prochain "cocufié" sera bien le voisin d’en face ou le collègue de bureau. Pendant ce temps, au ministère du Tourisme, on lève toujours au ciel un nouveau verre de champagne pour saluer l’arrivée en fanfare d’un nouvel "hôtelier" parmi nous.
Mais si l’infidélité est aussi vieille que la prostitution, force est de reconnaître cependant que c’est avec la floraison des "maisons de passe" (qui ne désemplissent pas de jour, comme de nuit) que le phénomène (si) rédhibitoire a réellement pris une telle ampleur. Il existe certainement d’autres analyses sociologiques, qui ne seront plus d’aucun secours pour la victime. Il s’agit du malheureux Bakary Pathé Mané né en 1972 en Casamance, dans le sud du Sénégal, marié et père de deux enfants. Il était tailleur et résidait avant sa disparition aussi brutale que cruelle à Banconi – Razel.
Son "présumé" assassin n’est rien d’autre que son épouse légale – elle-même Sénégalaise – qui ne supportait pas le fait que son mari puisse épouser, en secondes noces, une femme de nationalité malienne et avec laquelle d’ailleurs il a eu un enfant. Mais si notre histoire s’arrêtait là, on aurait pu bien conclure à un "compréhensible crime passionnel ", sauf que l’épouse "indigne" n’était pas une ange non plus comme le prouve d’ailleurs son interrogatoire fait à la police du 14è arrondissement dans lequel elle reconnaît avoir entretenu des relations extra – conjugales avec son complice actif, Roger Kolo Kourouma, qui l’aurait aidée à réaliser toute cette mise en scène macabre, c’est-à-dire jeter le cadavre de son mari loin du domicile conjugal.
Mais, ce violent crime suscite de nombreuses interrogations, dont la principale est sûrement celle-ci : pourquoi le défunt a- t-il continué à garder pendant longtemps son épouse infidèle qui n’entretenait pourtant aucun mystère sur ses relations amoureuses avec d’autres hommes, au point qu’il ne "cessait pas d’envoyer des messages violents à ceux-ci " ? Cette situation, pour le moins insupportable, finira par créer naturellement un climat tout aussi invivable que délétère.
Mais pourquoi le pauvre Bakary ne s’en est jamais plaint dans un commissariat de la place jusqu’à cette date fatidique du 4 octobre où l’on fit l’insoutenable découverte à la place Can. " Un homme sauvagement battu et soigneusement nettoyé du sang écoulé de ses multiples blessures était ligoté et placé au milieu d’un tas de tissus neufs et de vieux chiffons. L’emballage avait l’aspect d’une balle de friperie confectionnée avec deux sacs plastiques ". Les limiers du 14è ont certainement hâte de connaître la vérité par rapport à tout ça.
C’est à partir du téléphone de la victime qu’ils ont pu retracer le film des communications. Les perquisitions qui vont suivre seront toutes aussi implacables pour "l’épouse assassin". Elles aboutirent à la découverte des indices voire de preuves, notamment un matelas tacheté de sang, des objets contondants comme le pilon et la machette avec lesquels elle assomma son mari avant de le battre jusqu’à ce que mort s’en suive. La reconstitution de la scène du crime permit de comprendre comment elle traîna ensuite le cadavre encore chaud de son époux dans les toilettes intérieures avant de nettoyer toutes traces de sang dans la maison.
L’amant " indigne " entre en scène
"Je me suis débarrassé de lui une fois pour toutes. Il va falloir que tu m’aides à dissimuler le corps" demanda Maïmouna à Roger son amant. Un bien cruel dilemme cornélien pour celui-ci qui refusa pourtant de transporter le corps de la victime dans sa voiture, mais suggéra néanmoins à son amante de faire recours à un taxi. Comme vous l’imaginez sûrement, dans l’ordre normal des choses, son premier réflexe devrait être d’alerter immédiatement la police. N’eût été sans doute l’amour passionnel qu’il vouait à cette dame.
Pire encore, c’est encore de lui que serait venue l’idée d’enfouir le corps dans des sacs de riz pour le déposer à l’Aci 2000 près de la place Can. " Maïmouna qui a suivi presque à la lettre les conseils de son bien -aimé Roger fait également appel à un tailleur ambulant pour coudre ensemble deux sacs de riz vides. Une fois le corps enfui entre des morceaux de tissus et des vieux habits, la tueuse a chargé un jeune garçon de 14 ans de lui chercher un taxi. Aidé de la femme, le taximan chargea le colis sans se douter du contenu. Arrivé à destination, il débarqua Djiba et son bagage sous l’œil de l’amant qui les suivait à distance " écrit notre confrère de l’Essor suite à une enquête dense et minutieuse.
L’œil de Caen
C’est après s’être débarrassé de l’encombrant colis que Maïmouna va enfin réaliser qu’elle venait de commettre l’irréparable. Prise d’un chagrin et d’un remords tout aussi mortels, elle ne parvenait pas à quitter le corps de son mari. Elle tournera ainsi en rond pendant au moins deux heures jusqu’à ce que son amant la convainc de rentrer à la maison de l’horreur. Le pauvre Roger est un Ivoirien qui représente une société à Bamako. Il est semble-t-il marié et père de quatre enfants. Il a été mis sous mandat de dépôt en même temps que son amante Maïmouna, qui en plus de " l’ami " Roger forniquait avec un autre malandrin. Vous avez compris : un vulgaire voleur de femme.
Bacary Camara
Encore une découverte de corps sans vie :
La jeune dame de Sébéninkoro
Vendredi dernier, 15 octobre 2010, dans l’après- midi, la dépouille d’une jeune dame a été découverte non loin de la résidence de l’ancien Premier ministre, Ibrahim Boubacar Kéïta. La victime ne présentait pas de trace d’agression sur son corps à en croire des témoins. Selon les informations obtenues auprès du commissariat du 9ème arrondissement, la victime serait une prostituée. Pour le commissaire Traoré, chef VP, les enquêtes sont en cours. Les conclusions du médecin légiste vont être déterminantes dans l’orientation de l’enquête. Pour le moment, il serait très tôt de dire que la jeune dame a été victime d’un assassinat.
On raconte qu’elle avait été aperçue en compagnie d’un homme, ”un client” sans d’autre précision. Affaire à suivre.