Les membres du Syndicat National des Chauffeurs et Conducteurs Routiers du Mali(SYNACOR) sont désormais inconsolables. Cela, à l’issue de la mission de recensement des chauffeurs, apprentis et convoyeurs maliens détenus dans les prisons sénégalaises :Thiès, Kaolack, Tambacounda et Dakar. Une mission effectuée du08 au 17 juillet 2011 et qui a permis aux routiers maliens de découvrir quarante sept(47) de leurs confrères croupirent dans des conditions difficiles entre les murs des geôles sénégalais. Du coup, les routiers maliens par une lettre adressée au MET projettent un arrêt de travail à partir du 22 Août prochain…
Dans notre parution du 20 juin dernier, sous le titre « axe routier Bko-Dakar-29 chauffeurs maliens écroués dont 1mort… » nous annoncions que les routiers maliens sont désormais sur leur pied de guerre.
Eh bien, quelques semaines seulement après, le constat est des plus alarmants.
En effet, à l’issue d’une mission conjointe avec une délégation du Ministère de l’Equipement et des Transports, du Ministère de la Sécurité Intérieur et de la Protection Civile, conduite par le Chef du Bureau Contrôle et Sécurité des EMASE (Entrepôts Maliens au Sénégal), les responsables du Synacor ( syndicat des chauffeurs et conducteurs routiers du Mali) estiment que « trop c’est trop » et ne veulent plus cautionner le laxisme de nos autorités vis-à-vis de leurs homologues du pays de la Téranga.
A en croire Daouda Samaké, SG du Synacor, cette mission est la suite logique des pourparlers engagés entre eux et les responsables du MET dans le cadre du report de leur mot d’ordre de grève du 26 au 28 mai 2011. Un mot d’ordre relatif à la libération sans condition de leurs camarades (29 en ce moment) détenus dans les prisons sénégalaises, arrêtés tous , pour trafic international de stupéfiants. Selon toujours M.Samaké, ce motif n’est qu’un faux alibi de la part des douaniers sénégalais pour incriminer les nôtres. « Nous sommes depuis plus de trente ans sur les autres axes, Abidjan, Lomé, Cotonou, jamais un conducteur malien n’a été traité de la sorte et accusé d’un tel chef ».
Des conditions d’incarcération qui laisse à désirer !
Grâce à cette mission de 10 jours il a été rendu possible aux syndicalistes routiers de se mettre au parfum des conditions de détention de leurs camarades ainsi que de leur nombre exact. Car, auparavant ils n’étaient informés que des seuls cas des prisons de Dakar et de Tambacounda. Pour cela, la mission a expressément commis le cabinet d’avocat de Maître Bassirou N’Gom pour procéder au recensement des chauffeurs, apprentis et convoyeurs maliens emprisonnés sur le territoire sénégalais.
Le résultat de cette démarche légale a étonné plus d’un. En premier lieu, l’ambassadeur du Mali au Sénégal, Mme Bah Awa Kéita, qui a affirmé que l’ambassade n’était aucunement au courant qu’’un tel nombre de chauffeurs maliens étaient détenus au Sénégal, encore moins des cas de décès survenus, notamment celui de Mamadou Coulibaly (un chauffeur décédé en prison).
En effet, le recensement effectué par l’avocat Me Bassirou N’Gom fait ressortir la situation suivante concernant les chauffeurs et conducteurs routiers maliens détenus au Sénégal : Thiès(2), Kaolack (16), Tambacounda (21) et Dakar (8). Soit au total 47 chauffeurs maliens détenus (voir liste en bas).
« Depuis notre retour de cette mission, malgré que le rapport a été communiqué à qui de droit, nos autorités peinent à entreprendre des démarches auprès des sénégalais » affirme Daouda Samaké de SYNACOR, avant de signaler que nonobstant qu’il est fait mention dans ledit rapport des conditions lamentables de vie de nombreux chauffeurs au niveau de ces prisons sénégalaises.
Inviter les chargeurs maliens à zapper le port de Dakar !
Notre interlocuteur ajoute que dans cette histoire, les routiers sont victimes expiatoires d’une situation dont ils ne prennent pas part ni en amont ni en aval. Selon lui, la plupart de ces cas d’arrestation et saisies de drogues sont montés de toute pièce par les douaniers sénégalais et leurs complices. Que généralement les propriétaires des colis saisis disparaissent entre le véhicule et le poste de contrôle, au nez et à la barbe des gabelous sénégalais.
C’est pourquoi après avoir pris certaines décisions au retour de leur mission de Dakar, notamment la fouille systématique des bagages avant les départs et le chargement des camions en présence du chauffeur et de son apprenti, les syndicalistes ont entamé des pourparlers avec le conseil malien des chargeurs pour l’abandon du port de Dakar au profit de ceux d’autres pays voisins qui n’ont jamais pris de telles mesures arbitraires à l’encontre des routiers Maliens.
Auparavant, le SYNACOR par une lettre adressée (copie ci-dessous) au Ministre de l’Equipement et des Transports projette un arrêt de travail à compter du 22 Août 2011.
Affaire à suivre
Moustapha Diawara