En cette période de chaleur intense, les gens sont tendus et par conséquent, les nerfs craquent vite. C’est ce qui est arrivé à un père de famille à Daoudabougou en Commune V du district de Bamako, qui, sous le poids de la colère, a ouvert le feu sur sa fille de 16 ans qui lui a désobéit. C’était dans la journée du 22 mai dernier. Blessée, la victime a été évacuée au centre de santé de référence de la Commune V pendant que le fusilleur se trouvait entre les mains de la police du 4e arrondissement pour les besoins de l’enquête.
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La scène s’est passée dans la famille Coulibaly sise à Daoudabougou près du marigot qui traverse le quartier. Ici, vivent le quinquagénaire Bakary Coulibaly, thérapeute de son état et ses deux épouses avec leurs onze enfants. Dans cette famille, apparemment, tout le monde est soumis à l’autorité du chef. La discipline et le respect de la disposition de la loi de la communauté sont de rigueur. Au-delà du règlement intérieur régissant la famille, « Coulibalikè » montre de quel bois il se chauffe. Dans la journée du 22 mai dernier, c’est la demoiselle OC, 16 ans, qui a commis l’erreur de défier cet ordre établi dans sa famille paternelle.
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Ce jour, dans l’après-midi, la petite fille s’était confortablement assise dans une chaise dans la cour familiale pendant que ses sœurs aînées lavaient les habits sales. Bakary Coulibaly, son père lui fait des reproches et lui intime l’ordre de se lever pour donner un coup de main à ses sœurs. La petite OC fait la sourde oreille, comme pour dire à son père : « le chien aboie la caravane passe. » Le quinquagénaire frappé par un handicap physique dû à une tension artérielle, croit rêver. Qu’est-ce qui arrive à sa fille ?
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Pourquoi lui désobéit-elle ? La colère s’empare aussitôt du vieux Bakary Coulibaly. Il se saisit de sa béquille qui lui sert de troisième jambe, pour infliger une correction exemplaire à l’irrespectueuse. Contre toute attente, celle-ci s’est emparée à son tour d’une planchette que les femmes utilisent pour laver les habits, pour contrer le bâton de son père. Le vieux Coulibaly se fait malheureusement blesser au bras droit.
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L’homme devient rouge de colère, car dans la société malienne, on assimile le geste de OC à la médisance, certaines langues diront tout simplement qu’elle a porté la main sur son père. Furieux, le quinquagénaire s’engouffre dans sa chambre et y ressort avec un pistolet de fabrication artisanale bien chargé. OC tente de prendre la poudre d’escampette. Bakary Coulibaly appuie sur la gâchette et tire sur la fuyarde.
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Des plombs l’atteignent dans son dos. Se croyant déjà morte, OC se jette par terre en lançant des cris stridents. Le calme qui régnait chez les Coulibaly se dissipa et céda place à un concert de cris alertant tout le voisinage. Comme à l’appel du tabalé, les curieux prennent d’assaut les lieux. La blessée est évacuée d’urgence au centre de santé de référence de la Commune V tandis que son père se met à la disposition de la police du 4e arrondissement, alertée pour la circonstance.
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Vu la nature criminelle de l’affaire, le commissaire divisionnaire de police Moumini Séry, chargé dudit commissariat, affecte l’affaire à l’officier de police judiciaire, l’inspecteur de classe exceptionnelle de police Mamadou Lamine Coumaré pour y faire toute la lumière. A son interrogatoire, Bakary Coulibaly n’est pas allé par mille chemins. Il a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Il fait revivre tout le film devant le policier sans oublier le moindre détail.
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Quant à la victime dont la vie n’est plus en danger, elle a abondé dans le même sens que son fusilleur. Elle a écarté toute poursuite judiciaire contre son père malgré la gravité des faits. Madame le procureur de la République près le tribunal de la Commune V a donné une suite favorable à sa requête en libérant son père de tous ses mouvements. Bakary Coulibaly a repris son fauteuil patriarcal dans sa famille où tout le monde est redevenu droit comme une aiguille.
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Peu avant cet événement, la maison de la dame Dialimousso a été visitée par Satan à Saorané dans la commune rurale de Sidibéla, cercle de Bafoulafé. Selon notre correspondant local, la dame Dialimoussou a attenté à sa vie suite aux incessantes bagarres qui éclatent entre deux de ses enfants, les demoiselles Kourou et Awa. Dans la journée du 21 mai dernier, Kourou et Awa sont encore revenues à la charge. L’une d’entre elles comme piquée par une mouche, s’est emparée d’un pilon pour tenter d’achever sa sœur ennemie.
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Le pire a pu être évité grâce à l’intervention prompte et énergique des voisins. Leur mère, Dialimousso, ne pouvant plus supporter le comportement de ses enfants s’est aussitôt portée candidate au suicide. Fort heureusement, le dieu de la mort était absent ce jour à Saorané. Dialimousso a été empêchée de mettre à exécution son projet. Comme quoi nombreux sont des parents qui meurent pour leurs enfants. Les temps ont vraiment changé !
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O. BOUARE
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KABAKO du 22 juin 2007
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