Daoudabougou : Une dispute dans un « grin » se termine par un assassinat

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    La nature humaine ne finira jamais d’intriguer l’être humain lui-même. Quand on voit la réaction de certains d’entre nous face aux choses de la vie. Voyez comment un homme a décidé de tuer un autre pour des raisons que d’autres qualifieraient de futiles.

    District de Bamako, commune V, Daoudabougou, non loin de l’Olympe  Hôtel. En ces temps de chaleur intense, tout le monde tente de se rafraichir du mieux qu’il le peut. Il est un peu plus de 20 heures ce 17 avril. Soudain, le cri déchirant d’un homme se fait entendre par-dessus tous les autres bruits. Les riverains accourent pour en savoir plus. Ils trouvent un homme étendu par terre, luttant pour sa vie. De son corps, coule du sang en abondance. Sans plus attendre, la Protection civile est appelée afin de l’aider dans son combat. Mais à leur arrivée, les sapeurs-pompiers trouvent un corps sans vie. Comme le veut la procédure, ils contactent le Commissariat de police du 4e arrondissement qui a compétence sur la zone. Les éléments du Commissaire principal Idrissa Sangaré ouvrent immédiatement une enquête afin d’élucider les circonstances de cette mort brutale.

    Elle révèle, dès son début, que la victime est un tailleur  prénommé Moussa et qu’il aurait été poignardé par un inconnu alors qu’il causait tranquillement avec sa compagne devant la cour. Poursuivant les investigations, les policiers vont avoir une piste qu’ils décident d’explorer. La famille du défunt informe les enquêteurs de ce que Moussa aurait eu une altercation avec un certain Issa dans l’après-midi, alors qu’ils prenaient du thé dans leur grin. Ce que confirmeront les autres témoins. Les deux individus, Moussa et Issa, s’étaient d’abord querellés verbalement sur le fait que chacun trouvait qu’il devait boire avant l’autre lorsqu’on commença à servir le thé. La parole donnant naissance à sa mère, comme le dit l’adage africain, ils finissent par en venir aux mains. Moussa, qui, selon les témoins, était un karatéka, pris le dessus sur Issa. Il lui causa une blessure en lui ouvrant l’arcade sourcilière. Ce qui provoqua une forte hémorragie. Les autres étant intervenus, on intima à Moussa de présenter ses excuses à Issa qu’il venait de blesser physiquement et psychologiquement. Ce que Moussa accepte sans difficulté et va même payer 1000 francs pour qu’on achète du thé afin de manifester son regret face à l’acte qui s’est produit. Le thé de la réconciliation a été consommé par tous. La chose semblait donc comprise car le sourire et les blagues habituelles sont revenus. A la fin de la partie de thé, tout le monde rentre chez lui. Ce que personne n’avait compris à ce moment, c’est que la blessure psychologique d’Issa était plus profonde qu’il ne laissait paraître. Et ce n’étaient ni des paroles de pardon ni du thé qui pouvaient en venir à bout. Il en fallait plus. Bien plus.

    Après 20 heures donc, Moussa et sa compagne sont assis devant la cour en train de profiter de la fraîcheur qu’apporte l’air. Sortant de la pénombre, Issa, son adversaire de l’après-midi, se présente devant lui. Sans crier gare ou attirer la suspicion de Moussa, Issa qui avait perdu le combat aux mains nues un peu plus tôt, sort un couteau qu’il plante dans l’abdomen du tailleur. Celui-ci pousse un cri qui attire l’attention des gens alors qu’il tente de se dégager. Malheureusement pour lui, Issa lui assène un deuxième coup de couteau au niveau du cœur. Il luttera en vain pour sauver sa vie.

    Suivant cette piste, les limiers du 4e arrondissement de police se rendent au domicile où s’est refugié le suspect afin de confirmer ou infirmer cette version. Dés qu’ils mettent les bottes dans la cour où s’est réfugié le suspect, les agents le trouvent tranquillement assis. Sans laisser le temps aux éléments du commissaire Sangaré de lui adresser la parole, Issa les accueille avec «Vous êtes venus me  chercher ? ». Puis il se livre sans montrer aucune résistance. Comme s’il les avait attendus depuis trop longtemps et qu’ils venaient de le libérer d’une souffrance. Déféré devant les tribunaux, il a été mis sous mandat de dépôt.

    Abdoulaye KONATE

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