Les usagers qui ont emprunté la brettelle reliant le Monument de la tour de l’Afrique à Kalaban, ont dû remarquer en amont du cimetière de Niamakoro Zirabakoro un périmètre sécurisé au beau milieu de la route, provoquant à l’endroit indiqué une déviation forcée de quelque mettre sur la voie inverse. A l’intérieur dudit périmètre, deux véhicules de pompiers et une ambulance de la Protection civile encerclaient un container et quelques fûts.
Sur place, plein s’affairaient des porteurs d’uniformes sanglés dans leur accoutrement bizarre, parvenant difficilement à contenir une foule de badauds attirés par l’étrange spectacle.
Ce manège s’est déroulé pendant tout le week-end semble-t-il.
Renseignement pris, c’est effectivement dans la nuit du vendredi aux environs de 21 heures qu’un container bourré de produits toxiques est tombé sur la voie publique, à proximité d’une station d’essence, d’un camion remorque. Immatriculé M1236 MD, ce véhicule appartenant semble-t-il à la société Somafrec venait du Sénégal et était en route pour la mine d’or de Morila.
Selon les bribes d’informations difficilement arrachées à notre interlocuteur, un expatrié travaillant sur ladite mine, le produit toxique en question est un liquide acide dénommé eau oxygénée utilisée dans la production de l’or. Il proviendrait d’Espagne et est livré au port de Dakar. Selon la police, c’est un liquide dangereux et éminemment inflammable. Il peut prendre feu au contact de la chaleur et de l’herbe sèche.
‘’Donc à n’importe quel moment, ce qui explique la présence de la protection civile. Il est escorté depuis le port par les soins de la protection civile et de la douane jusqu’à la mine.
Toujours à en croire nos interlocuteurs, si le produit est très dangereux au toucher, c’est qu’il est tout aussi imprudent d’en respirer le gaz. Or, le container qui est tombé du camion dans la nuit du samedi contenait une trentaine de fûts de 200 litres de cette eau oxygénée, dont 5 ont été endommagés.
Pour le moment, on ne connaît les raisons qui ont provoqué l’accident. Mais, apparemment, le mauvais état de la route et du camion semble en être la cause.
Djibril Sacko Stagiaire
Eau oxygénée ou Cyanure ?
Avons-nous réellement conscience de la nature et de la gravité du danger auquel Bamako a échappé le week- end dernier ? Et, si c’était du cyanure, c’est-à-dire ce poison réputé extrêmement dangereux pour l’homme, les plantes et la nature ?
On comprend dès lors le branle-bas de combat provoqué par l’annonce de la nouvelle. Une alerte à la bombe n’aurait pas suscité autant d’émois et de paniques dans le monde des miniers. Ce qui est loin de nous rassurer en dépit du fait qu’il y a eu -heureusement- plus de peur que de mal, c’est qu’il nous est revenu de constater que nos agents de la protection civile n’ont aucune compétence pour escorter et évacuer ce genre de produits. Raison pour laquelle le cyanure importé par les sociétés minières travaillant au Mali est suivi depuis le port de Dakar jusque dans les zones minières par des pompiers sénégalais.
Faut-il espérer que le danger auquel notre capitale a été exposée le week-end dernier aura servi de leçon à nos autorités ?
A H. Maïga
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