Crimes rituels : Chasse au sang et aux organes humains

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    A quelques quatre mois des élections présidentielles au Mali, les enlèvements suivis de disparitions d’enfants deviennent de plus en plus fréquents dans le district de Bamako et environs. Certains ravisseurs arrêtés par la police, se cachent derrière la pédophilie pour flouer leurs poursuivants. Or, en réalité, derrière leur acte, on sent le sang.

    Il n’y a aucun doute. La boucherie se prépare activement à Bamako et environs. Depuis un certain temps, des féticheurs et des marabouts s’y invitent pour le compte des personnalités politiques et administratives. Comme ce fut toujours le cas à la veille des élections dans notre pays, ou lorsque le Gouvernement est menacé de remaniement. Nom de Dieu. Faites un tour le long du fleuve d’Est en Ouest, ou à une heure tardive dans certaines parties du district de Bamako, vous risquerez d’être engloutis dans les miasmes morbides qu’offrent ces sacrificateurs d’un autre monde à la nature. Ces zones, dit-on, sont le domaine interdit aux policiers ou gendarmes qui n’hésitent pas à décrocher à un stade prometteur de leur enquête quand ils découvrent le diable. L’un des cas les plus suspects est celui de ce jeune homme, répondant au nom de Boubacar Sidibé, natif du Wassoulou, sans domicile fixe, se disant marabout.

    Dieu sauve sa victime

    C’était dans la journée du samedi 9 décembre dernier. Boubacar Sidibé avait quitté l’étage de « Djinè » sur la route de Koulikoro où il partage les locaux avec des féticheurs, des marabouts et autres catégories d’individus pour aller à la chasse d’enfant. A la Zone Industrielle en Commune II du district de Bamako, il accroche une fillette de 5ans environ en provenance de la famille d’une de ses camarades du quartier. Boubacar réussit à entraîner en pleine journée la petite fille de la Zone Industrielle jusque sur un îlot dans le fleuve Niger vers Moussablentou non loin de Sotuba. Fort heureusement, Dieu était là pour la protéger. Son ravisseur est mis hors d’état de nuire par des individus au bord du fleuve. Pour toutes fins utiles, ceux-ci saisissent le commissariat de police du 3e arrondissement. Le Contrôleur général de police Moussa Sissoko, chargé dudit commissariat, donne mission à sa brigade de recherche, pilotée par l’Epervier du Mandé, l’inspecteur principal de police Papa Mambi de sévir. C’est ainsi que celui-ci et ses hommes parachutent sur les lieux pour cueillir le suspect.

    Sacrificateur ou pédophile ?

    Le suspect est-il un sacrificateur, un trafiquant d’enfants ou un pédophile tout simplement ? L’Epervier du Mandé et ses cobras tentent de creuser pour savoir les motivations réelles de Boubacar Sidibé, un abonné de la maison centrale d’arrêt de Bamako, mis en liberté provisoire pour des raisons dont l’intime conviction du magistrat en charge de son dossier est la seule à connaître. Car, selon l’Epervier du Mandé et ses hommes, les lieux où le suspect a été appréhendé avec sa proie, sont le domaine où de nombreuses grandes personnalités se baignent dans du sang ou dans des décoctions préparées par leurs faiseurs de bonheur. Ils procèdent à l’interrogatoire de Boubacar Sidibé qui, après plusieurs tentatives de se disculper, finit par lâcher le morceau.

    Selon lui, il voulait abuser sexuellement de la pauvre fillette au bord du fleuve où l’affluence est quasiment absente. Malgré cette confession, les policiers poussent leur enquête au cours de laquelle le délinquant a dénoncé un vieux féticheur, âgé de plus de 70 ans, domicilié à Banconi en Commune I. Il travaillerait pour le compte de ce dernier en enlevant des enfants qu’ils entraînent au bord du fleuve dans un endroit très discret où ils les tuent avant de cueillir le sang ou des organes humains pour les besoins des travaux occultes. Toute activité cessante, les enquêteurs foncent au domicile du vieil homme et mettent le grappin sur lui pour les besoins de l’enquête. Conduit à la police, le vieil homme se dit surpris par les déclarations de Boubacar Sidibé. D’après lui, il réside à Bamako depuis bien avant les indépendances.

    En plus de son métier de charretier, il faisait le féticheur. Ils sont peu nombreux, les responsables des différents régimes qui n’ont pas loué ses services. Mais, jamais, il n’a eu recours au sang ou à un organe humain pour travailler à qui que ce soit. Il explique que Boubacar Sidibé est l’enfant de son ami d’enfance. Vu son comportement peu honorable, son père l’a répudié. C’est pour cette raison qu’il l’a fait venir chez lui. Mais, ici, il s’adonnait à des attouchements sexuels sur des filles mineures. A cause des mises en garde qu’il lui faisait, il abandonne la famille. Il ne l’a plus revu jusque dans après-midi du 9 décembre 2006 date à laquelle il a été arrêté par la police, conclut le vieil homme. Interrogé à nouveau, Boubacar s’agrippe à la piste de la pédophilie en jurant qu’il avait menti sur son patron de féticheur. Les policiers, après clôture de son dossier, le mettent à la disposition du procureur de la République près le tribunal de la Commune II pour toutes fins utiles.

     

    Un enfant enlevé peu avant à N’Golonina

    Peu avant l’arrestation de Boubacar Sidibé, le même commissariat de police du 3e arrondissement avait mis la main sur un homme suspecté d’enlèvement d’une fillette de 3 ans environ  à N’Golonina. Le jeune homme répondant au nom de Morikè Soumaoro transportait la petite fille sur un vélo quand il a été accroché par la clameur publique lorsqu’il se dirigeait vers le fleuve Niger. Des gens de bonne volonté informent d’urgence le commissariat de police du 3e arrondissement pour venir l’extirper des griffes de la foule parmi laquelle certains avaient commencé à le rouer de coups de bâton.

    La police le trouve fort heureusement vivant, les deux pieds ligotés comme un fauve. Il est mis à la disposition de l’inspecteur divisionnaire de police Seydou Traoré dit « Golden », chef de la section de police judiciaire. Celui-ci ouvre une enquête au cours de laquelle il s’est avéré que Morikè Sioumaoro est un malade mental ayant plusieurs fois séjourné au cabanon de l’hôpital du Point G. Ses parents apportent une pile de documents pour confirmer sa maladie à l’enquêteur. Sous les ordres de son chef hiérarchique, il remet le jeune homme à ses parents avec la ferme consigne de bien veiller sur lui. Si la victime de Morikè a été retrouvée saine et sauve, le garçon d’un certain Zoumana Diarra du village de Wadougou–Sikoro dans la préfecture de Kati, sera découvert mort dans le puits d’un verger hors du village.

    Selon des renseignements que nous avons appris dans des milieux très respectueux et respectés à Kati, l’enfant répondant au nom de Arouna Diarra, âgé de 4 ans, a disparu de la maison sans que personne ne sache comment. Plus d’un mois durant, la famille Diarra était à la recherche de leur progéniture. Mais au début du mois de décembre, son corps est découvert dans un puits au milieu herbes touffues. Curieusement, il n’était pas entré dans une décomposition avancée comme on pouvait le penser. Ce qui prouve que l’enfant a été kidnappé, séquestré avant de le tuer pour des raisons qu’on ne connaît pas avant de balancer le reste de son corps au fond d’un puits peu fréquenté. Les mêmes informations indiquent que le corps du pauvre n’a pas été repêché du puits. Ceci aurait servi de tombe pour lui. La gendarmerie de Kati informée du drame, n’aurait pas non plus effectué le déplacement pour constater les faits pour savoir s’il s’agit d’un crime rituel.

    L’on sait que le cas du petit Souleymane Camara tué sur un îlot sur le fleuve Niger, hante toujours les esprits à Niaréla et au commissariat de police du 3e arrondissement chargé de l’enquête. Il est placé malheureusement dans le registre des affaires non élucidées.

    O. BOUARE

     

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